Passée l'excitation d'avoir reçu une offre d'emploi à l'étranger, une question se pose : comment vous intégrer rapidement au sein de votre nouvelle équipe ? Un tel déménagement est sans conteste synonyme d'enthousiasme et de fierté, mais aussi d'interrogations et d'efforts, surtout dans un environnement culturel et professionnel peut-être très différent de celui que vous connaissez. Au-delà des compétences professionnelles, vous allez devoir faire preuve d'adaptabilité et de résilience. Alors, n'hésitez surtout pas à demander le soutien de votre employeur.
Cernez les enjeux
Nombreux sont les professionnels expatriés qui se sentent un peu, voire très perdus, en rejoignant leur nouvel emploi dans un nouveau pays. Un phénomène compréhensible, car un si grand changement nécessite bien entendu une prise en main de l'environnement culturel et de modes de communication différents. Cette adaptation peut parfois s'avérer complexe, quel que soit leur niveau d'expérience.
Une communication professionnelle différente
On n'interagit pas de la même manière en Chine qu'en France et cela s'applique à tous les pays. En Occident, par exemple, les salariés communiquent entre eux de manière informelle et directe. Un style que l'on ne peut pas imposer dans une culture qui valorise la formalité et accorde une grande importance à la hiérarchie.
Katerina a quitté l'Allemagne pour travailler en tant qu'ingénieure logiciel dans une start-up technologique au Japon. Elle raconte : « J'étais vraiment heureuse à l'idée de travailler au Japon et je pensais m'être suffisamment bien renseignée pour l'explorer. Malgré tout, j'avais sous-estimé le fossé culturel avec l'Allemagne. Au Japon, les réunions sont très formelles, ce qui m'a obligée à m'adapter à un style de communication plus élaboré. Alors qu'en Allemagne, nous allons droit au but, au Japon, les réunions sont plus longues et empreintes de cérémonial. En toute franchise, au début, j'avais l'impression que c'était une perte de temps. Aujourd'hui, je réalise que j'ai pu paraître un peu brusque à certains collègues en les incitant à être plus directs. »
L'équilibre vie privée et vie professionnelle
La question de l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée peut également surprendre les salariés expatriés. En effet, chaque pays a ses propres codes et lois concernant les heures de travail, la communication professionnelle en dehors des heures de travail, le temps passé en famille et les vacances.
Carlos a quitté l'Espagne pour travailler comme chef de projet aux États-Unis. En arrivant, il n'a pas tardé à constater une différence indiscutable dans la gestion de l'équilibre entre le travail et la vie personnelle. « En Espagne, nous prenons souvent de longues pauses déjeuner et, la plupart du temps, je rentrais chez moi à 18 h. Aux États-Unis, le rythme est beaucoup plus effréné et la journée de travail plus longue. On s'attend à ce que je réponde à des e-mails après les heures de travail et que je réponde à des appels professionnels même tard dans la nuit ».
L'isolement social
« Tout nouveau, tout beau », comme le dit si bien une expression populaire. Pourtant, soyons réalistes : il n'est pas facile d'établir des relations avec de nouveaux collègues. La situation se complique davantage lorsqu'on vient de s'installer dans un pays étranger. Cela implique de jongler avec diverses normes sociales, de s'adapter à l'humour local, de découvrir les loisirs les plus pratiqués et de s'habituer à des styles de communication qu'on ne connaît pas forcément. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : selon une étude récente de Gallup, un employé sur cinq se sent seul au travail.
Paula a quitté le Brésil lorsque son employeur, un détaillant de mode, a ouvert une nouvelle succursale en Suède. « Au Brésil, nous avons tendance à être très bruyants et chaleureux, même au travail. Nous parlons de la vie des autres, nous allons boire un verre après le travail. En Suède, je trouve que les relations sociales sont plus structurées et que les gens accordent plus d'importance à leur temps personnel. Au début, je me suis vraiment sentie isolée parce que je ne savais pas trop comment aborder mes collègues sans passer pour un pot de colle ».
Des façons différentes de travailler
Chaque entreprise a ses propres méthodes, c'est une évidence. Mais comment s'approprier les nouveaux processus et outils de travail lorsque l'on décide de travailler à l'étranger ? De nombreux salariés expatriés doivent analyser et assimiler des approches qui leur sont totalement inconnues en matière de gestion de projet, d'opérations quotidiennes et même d'utilisation d'outils bureautiques.
Linda a déménagé à Shenzhen, en Chine, pour faire un stage dans le domaine du marketing. Elle ne s'attendait pas à ce que son nouvel environnement soit aussi « supervisé ». « Tous les matins, je devais pointer avant 8 h 15 et quitter mon poste après 18 h 00. Il y avait des caméras dans la salle où je travaillais et je n'avais pas le droit d'apporter de clé USB. Le bureau de mon supérieur direct se trouvait juste derrière moi, ce qui lui permettait de surveiller mes activités à tout moment. De plus, nous devions installer un logiciel qui bloquait l'accès à certains sites Web, comme les réseaux sociaux. Je ne pense pas m'être vraiment adapté à cette situation. Mais, lorsque j'ai postulé à mon prochain emploi, j'ai posé des questions précises sur les politiques de surveillance. »
Comment s'adapter rapidement à son nouvel environnement en tant qu'expatrié ?
Le premier pas consiste à accepter l'idée qu'il faut du temps pour s'adapter à un nouvel environnement professionnel. Inutile de vouloir accélérer les choses au risque d'obtenir le résultat inverse. Laissez-vous le temps de vous approprier votre nouvel environnement.
Dans la mesure du possible, n'hésitez pas à vous rapprocher des autres expatriés de l'entreprise. Sans doute ont-ils connu eux-mêmes les difficultés que vous risquez de rencontrer. Ce qui leur permettra de vous donner des conseils concrets sur la manière de les surmonter.
Si vous hésitez à demander directement des conseils, prêtez attention à ce qui se passe autour de vous. Vous pourrez ainsi étudier le comportement de vos collègues, comprendre à quelle heure ils quittent le bureau, observer leurs interactions entre eux. Vous obtiendrez ainsi un aperçu sans filtre de la manière dont les choses se déroulent. N'hésitez pas à imiter ces interactions jusqu'à ce que vous soyez pleinement intégré dans la culture locale et que vous compreniez ses spécificités en matière de communication.
N'ayez pas peur de demander de l'aide. Contactez vos collègues et les RH si vous avez des questions, des inquiétudes concernant votre nouvel emploi ou votre intégration au-delà du travail. Ce qui nous amène au point suivant.
Comment les employeurs peuvent-ils aider les expatriés à s'adapter ?
Si les expatriés doivent faire leur part d'efforts pour s'adapter à leur nouvel environnement, les employeurs doivent également s'impliquer.
Les sessions de formation culturelle portant, par exemple, sur les coutumes locales, les normes sociales, l'étiquette et les habitudes sur le lieu de travail, peuvent s'avérer d'une grande aide pour éclairer les nouveaux employés et leur permettre de comprendre leur nouvel environnement. Pour des sessions plus efficaces, les employeurs peuvent combiner la théorie et la pratique en organisant des ateliers interactifs dans le cadre d'une « semaine de sensibilisation culturelle ».
Ils peuvent également mettre sur pied une formation sur mesure pour aider les expatriés travaillant dans des secteurs spécifiques. Il peut s'agir, par exemple, de modules centrés sur les différences régionales et les pratiques propres à chaque domaine. Ainsi, la formation sera moins « abstraite » et directement applicable à des situations professionnelles concrètes.
D'une culture à l'autre, les attentes professionnelles ne sont pas les mêmes. C'est pourquoi des sessions d'orientation sur la hiérarchie, la prise de décision et les styles de communication peuvent s'avérer particulièrement utiles. Les employeurs peuvent concevoir des ateliers afin de familiariser les nouveaux expatriés avec leur culture professionnelle. Ces formations peuvent aborder des thèmes tels que la ponctualité, la structure des réunions, la communication professionnelle et toutes les questions que les nouveaux employés pourraient se poser.
L'installation à l'étranger nécessite de nombreux ajustements, et pas seulement sur le lieu de travail. En dehors, les expatriés doivent aussi s'adapter aux systèmes bancaires, de santé ou encore fiscaux, pour ne citer que ces aspects. C'est ainsi que les plans d'intégration personnalisés peuvent se transformer en atout, cela en se concentrant sur les difficultés propres à chaque salarié expatrié.
Les employés des services RH peuvent, par exemple, guider les nouveaux salariés venant de l'étranger dans les démarches pour ouvrir un compte bancaire local et dans la manière dont ils peuvent gérer leurs finances dans leur nouveau pays d'accueil. Ils peuvent également les aider à comprendre les subtilités du système de santé et d'assurance. Ces expatriés peuvent également avoir besoin de conseils et d'assistance pour trouver un logement approprié et comprendre les contrats de location. Les RH ou les collègues référents peuvent jouer un rôle clé dans l'intégration sociale des expatriés, en les aidant à rejoindre des clubs ou à trouver des groupes partageant les mêmes centres d'intérêt, etc.
Un système de parrainage peut également aider les expatriés à s'orienter dans de nouveaux paysages culturels et professionnels. C'est aussi une façon plus ludique et moins formelle d'aider les nouveaux employés à s'adapter. Ce système consiste à associer le nouvel employé à un collègue local qui lui apportera son soutien au travail et en dehors, pendant qu'il explore son nouvel environnement.
Le mentorat est une méthode efficace pour réduire l'isolement des nouveaux expatriés. Un employé expérimenté, souvent un superviseur, peut être désigné pour conseiller un nouvel arrivant et l'aider à s'épanouir professionnellement. Cette approche est particulièrement utile pour les expatriés, car elle permet aux entreprises d'aider les employés étrangers à mieux comprendre les spécificités de leur secteur dans leur nouvel environnement professionnel.
Tout cela pour dire que l'intégration et l'engagement des expatriés dans leur nouveau lieu de travail reposent sur un équilibre entre les efforts individuels et le soutien de l'entreprise. Les expatriés doivent s'accorder le temps nécessaire pour s'adapter et garder l'esprit ouvert quant aux nouvelles pratiques professionnelles qu'ils vont découvrir. De leur côté, les employeurs doivent prendre en compte la complexité de cette transition et offrir un accompagnement adapté, tant sur le plan professionnel que personnel.