Baby blues en expatriation : comment s'en sortir ?

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Écrit par Helena Delbecq le 01 novembre, 2024
Le Baby blues affecterait 50 à 80 % des femmes selon les données de l'Assurance Maladie. Anxiété, tristesse, irritabilité : bien que cette période d'instabilité émotionnelle soit normale après un accouchement, elle peut être vécue avec plus d'intensité quand la jeune maman en expatriation est loin de ses réseaux de soutien familiers. La bonne nouvelle est que de nombreux pays offrent des solutions pour les soins postnataux, certains même spécifiquement destinés aux expatriés.

Les mères expatriées ressentent-elles le baby blues plus intensément ?

Oui, titre le Global Times, relatant notamment l'expérience de Miller, une jeune maman britannique de 31 ans basée à Pékin. Elle souffre de sentiments constants de frustration et de tristesse depuis qu'elle a donné naissance, dans la capitale chinoise, à un petit garçon.

Il s'agit dans son cas d'une dépression post-partum (DPP), le baby blues en étant une version plus allégée. Ce dernier disparaît en général dans les quelques semaines après l'accouchement alors que les cas de DPP peuvent s'échelonner sur plusieurs mois et être d'une plus grande intensité.

L'expatriation implique en soi des changements importants : l'adaptation à une nouvelle culture, l'apprentissage d'une langue différente et l'établissement d'un nouveau réseau social. Tout ceci peut facilement amplifier les sentiments d'isolement et de stress pendant la période post-partum.

Être loin de ses proches prive également les nouveaux parents du soutien émotionnel et pratique sur lequel ils auraient pu compter dans leur pays d'origine. Miller l'exprime en ces termes : « Pékin a sept heures d'avance sur Londres. Quand j'étais réveillée, ma famille dormait et au moment où ils sont réveillés, je suis trop épuisée et somnolente pour échanger avec eux… »

Pour ajouter à la difficulté : les recommandations et normes culturelles autour de la parentalité et de la maternité varient beaucoup d'un pays à l'autre. On vous incite, par exemple, fortement à allaiter alors que ce n'était pas votre souhait à l'origine. Vous pensiez reprendre le travail juste après le congé légal ? Vous découvrirez peut-être dans certains pays, comme en Allemagne, que ce n'est pas la mentalité et qu'une mère qui souhaite reprendre trop tôt peut souffrir du regard désapprobateur des autres. Autant de différences qui peuvent amplifier l'intensité d'un baby blues.

Soutien en ligne pour les expatriées qui souffrent du baby blues

Postpartum Support International (PSI) a été fondé en 1987, en Californie. L'objectif de l'organisation est de sensibiliser le public et les professionnels aux changements émotionnels que vivent les femmes pendant le post-partum et de proposer une aide très concrète. « Vous n'êtes pas seule et vous n'êtes pas responsable. De l'aide est disponible. Vous irez mieux », tel est le slogan de l'organisation que vous pouvez joindre sur sa « Helpline », en anglais ou en espagnol et cela n'est pas réservé aux seules personnes résidant aux États-Unis. Une application est également disponible : vous y trouverez des informations, des conseils et une aide personnalisée.

Vous trouverez le même type de soutien en Australie avec Parentline. L'aide s'étend d'ailleurs au-delà de la période postnatale. Vous pouvez joindre un conseiller pour partager vos problèmes ou inquiétudes, depuis la grossesse jusqu'à l'adolescence de votre enfant, en passant par les problématiques de gestion de front de la vie familiale et professionnelle. Le service est disponible en plusieurs langues, ce qui le rend accessible à la population expatriée. Autre point fort de ce site : il est possible par son intermédiaire de joindre une communauté d'autres parents partageant les mêmes problématiques que vous.

Vous tomberez encore sur bien d'autres initiatives en fonction des pays, initiatives mises en place par les gouvernements, des organisations locales ou des communautés de parents, telles que ACCESS aux Pays-Bas qui aborde le champ de la santé à côté des autres problématiques de l'expatriation.

Soutien à domicile pour les femmes confrontées au baby blues

Toujours aux Pays-Bas mais aussi en Belgique, les nouvelles mères ont droit à un service de soins postnataux : le « Kraamzorg ». Un professionnel se rend quotidiennement au domicile de la nouvelle mère jusqu'à huit à dix jours après la naissance du bébé, l'aidant à prendre soin de son nourrisson et à favoriser son rétablissement. Ce service peut être une bouée de sauvetage pour les jeunes parents, car il apporte un soutien pratique et émotionnel pendant ces premiers jours critiques, réduisant ainsi les sentiments de solitude et de stress. Pour les expatriées, des services internationaux de Kraamzorg sont aussi à disposition.

Le système de santé allemand propose également une aide concrète après la naissance. Une « Hebamme » (sage-femme) se rend chez vous après la naissance, fournissant un soutien pour l'allaitement, les soins aux nourrissons et le bien-être émotionnel de la mère. Ces services sont couverts par l'assurance maladie (conditions exactes en fonction de votre assurance). Dans les grandes villes, vous trouverez assez facilement des sages-femmes parlant anglais si vous ne maîtrisez pas l'allemand.

Les autres ressources à considérer pour les mères souffrant du baby-blues

Les systèmes de santé varient d'un pays à l'autre, vous n'aurez pas forcément une aide professionnelle à domicile avec qui partager vos difficultés liées au baby blues.

Ne négligez pas les groupes de parents locaux ou expatriés. Socialiser avec d'autres mères qui comprennent les défis de la maternité (à l'étranger) peut aider à atténuer le sentiment d'isolement et influer sur le baby-blues. Il existe d'ailleurs, selon les destinations, des activités entre jeunes mamans (ou pères) et nouveaux-nés. Il s'agit souvent d'initiatives de la ville ou d'associations. Promenades, gymnastique postnatale, pique-niques : des activités variées sont organisées régulièrement dans certaines villes.

En Allemagne, les Eltern-Kind-Zentrum (centres parents-enfants) proposent justement des ateliers, des conseils et des rencontres spécialement destinés aux nouveaux parents. Pour les expatriés, ces centres peuvent être un excellent endroit pour se connecter avec d'autres parents, partager des expériences et accéder à des ressources en matière de santé mentale.

Le décalage horaire ne facilite pas toujours les échanges mais essayez de rester en contact avec votre famille et vos proches. Des appels vidéo réguliers peuvent apporter un soutien émotionnel indispensable. Envisagez éventuellement la venue d'un parent à vos côtés pour cette période délicate.

Pratiquez l'auto-soin : il est facile d'oublier ses propres besoins lorsque l'on s'occupe d'un nouveau-né. Assurez-vous de vous reposer suffisamment, d'avoir une alimentation équilibrée et de consacrer du temps à des activités qui peuvent atténuer le sentiment de dépression.

Le massage postnatal est une pratique qui a certaines vertus pour le corps et pour le moral. Il peut être réalisé par un professionnel (sage femme) ou dans un institut. Il est également possible d'apprendre à réaliser soi-même les bons gestes du massage que vous pourrez dès lors pratiquer avec plus de fréquence.

Pensez également à d'autres activités telles que le yoga postnatal, notamment pour les douleurs lombaires et le plancher pelvien. La méditation est peut-être aussi une solution pour tenter d'équilibrer ses humeurs et trouver une forme d'apaisement au cours de cette période.

A propos de Helena Delbecq

Titulaire de l’Education nationale et d’un Master II en Politiques linguistiques, j’ai eu l’opportunité de vivre au Japon et en Chine et suis actuellement basée en Allemagne. Mes activités se déclinent autour de la rédaction et de l’enseignement.