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Avez-vous besoin d'un passeport influent pour vous expatrier en 2025 ?

passeport americain
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Écrit parAmeerah Arjaneele 17 Janvier 2025

Le classement 2025 du Henley Passport Index vient de tomber, et une fois encore, le passeport singapourien s'impose comme le plus puissant au monde, suivi de près par celui du Japon. En revanche, les passeports américain et britannique ont perdu un peu de leur prestige, tandis que ceux des pays en proie à des conflits, comme l'Afghanistan, restent les moins avantageux. Mais au fond, en 2025, à quel point est-il intéressant de détenir un passeport fort pour voyager sans entraves ou s'installer à l'étranger ?

Le Henley Passport Index 2025

Le Henley Passport Index, un classement annuel établi par Henley & Partners, cabinet britannique spécialisé dans la migration d'investissement, évalue la puissance des passeports en fonction du nombre de pays accessibles sans visa. Ce classement est bien plus qu'une simple liste : il révèle la stabilité économique et politique d'un pays, ainsi que la qualité de ses relations avec le reste du monde. Pour les expatriés, un passeport fort constitue un avantage indiscutable. Il offre la liberté de voyager sans se heurter aux tracas des demandes de visa, sans dépenser des fortunes en frais administratifs et sans craindre les regards suspicieux aux frontières. Une véritable bouffée d'air dans un monde où la mobilité peut paradoxalement être synonyme de barrières.

Le top 10 des passeports les plus puissants selon Henley Passport Index 2025 :

  1. Singapour – Accès sans visa à 195 destinations ;
  2. Japon – 193 destinations ;
  3. France, Allemagne, Italie, Espagne, Finlande et Corée du Sud – 192 destinations ;
  4. Autriche, Danemark, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Suède et Norvège – 191 destinations ;
  5. Belgique, Nouvelle-Zélande, Portugal, Suisse et Royaume-Uni – 190 destinations ;
  6. Grèce et Australie – 189 destinations ;
  7. Canada, Pologne et Malte – 188 destinations ;
  8. Hongrie et République tchèque – 187 destinations ;
  9. Estonie et États-Unis – 186 destinations ;
  10. Lituanie, Lettonie, Slovénie et Émirats arabes unis – 185 destinations.

Avec leur passeport en poche, les Singapouriens peuvent s'envoler vers presque n'importe quel coin du globe à la dernière minute, sans se préoccuper du visa. Même pour les quelques destinations qui en exigent un, comme la Russie, l'Inde ou le Cameroun, les e-visas leur évitent les longues attentes aux ambassades. Une simplicité qui fait rêver. Pourtant, l'Algérie résiste à cette tendance : elle impose un visa à presque toutes les nationalités, y compris aux détenteurs des passeports singapourien et japonais.

Quant aux pays à revenu intermédiaire d'Asie, d'Amérique latine et d'Europe de l'Est, la plupart se situent dans la moitié du classement du Henley Passport Index. Prenons le Brésil, par exemple, qui occupe la 18e place avec un passeport permettant d'entrer sans visa dans 171 pays. Le Costa Rica et l'île Maurice se partagent la 29e position (151 destinations), tandis que le Pérou, la Serbie, Taïwan et le Salvador se classent entre la 32e et la 35e place, offrant un accès sans visa à 136-143 pays.

Malgré leur statut de leaders en matière d'envoi de touristes, d'étudiants internationaux et d'expatriés, les passeports chinois et indiens peinent à briller, se classant respectivement 60e et 85e. Les citoyens de ces deux géants asiatiques doivent encore obtenir un visa pour se rendre en Amérique du Nord et dans une grande partie de l'Europe, une situation en partie liée aux tensions géopolitiques, comme la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Pourtant, dans un contraste frappant, le passeport ukrainien, malgré la guerre, conserve une position solide, se hissant à la 30e place cette année avec un accès sans visa à 148 pays.

Les bons élèves et les mauvais du Henley Passport Index 2025

Même s'ils figurent encore dans le top 10, les passeports américain et britannique ont perdu de leur superbe au fil des années. En 2014, ils régnaient en maîtres, occupant les deux premières places du classement. Aujourd'hui, le passeport américain, qui se classait 8e l'an dernier, a encore glissé d'une place cette année.

Le passeport britannique suit la même trajectoire déclinante, perdant lui aussi une place dans le classement. Le Brexit est pointé du doigt comme le principal responsable de cette érosion, tandis que pour les États-Unis, un mélange de tensions géopolitiques et d'accords de réciprocité en baisse explique ce recul. Par exemple, les restrictions de voyage vers Cuba, mises en place sous le premier mandat de Trump, ont compliqué la vie des Américains souhaitant s'y rendre, du moins avec leur passeport américain, à moins d'en posséder un second. Dès l'année prochaine, les voyageurs américains devront également obtenir un visa et prouver leurs ressources financières pour entrer au Brésil. Reste à voir comment un éventuel second mandat de Trump influencera la puissance du passeport américain.

En contraste frappant, le passeport des Émirats arabes unis a connu une montée en puissance remarquable depuis 2014. Celui qui se classait au 55e rang à l'époque a grimpé jusqu'à la 9e et 10e place en 2024 et 2025. Sa légère baisse cette année s'explique davantage par le renforcement d'autres passeports que par un affaiblissement de sa propre valeur. Comme le résume The Gulf Times, cette ascension est le fruit de relations diplomatiques stables, d'une influence économique croissante, d'une fiscalité attractive et d'une excellente connectivité aérienne. Néanmoins, pour les expatriés installés aux EAU, l'obtention de la nationalité locale reste un défi de taille, tant les conditions de naturalisation sont strictes.

Obtenir un passeport puissant : mission impossible ?

De nombreux expatriés rêvent de détenir un second passeport pour avoir la liberté de voyager sans limites. Mais est-ce vraiment facile d'obtenir un passeport provenant des pays du top 10 du Henley Index, si l'on est expatrié dans l'un de ces pays ?

L'obtention de la nationalité émiratie et du passeport si convoité n'a rien d'une promenade de santé. Les expatriés doivent soit avoir passé 30 ans sur le sol émirati, soit appartenir à une catégorie très exclusive : investisseurs prêts à engager plus d'un demi-million de dollars, inventeurs brevetés, scientifiques de renom, médecins, universitaires ou artistes d'exception.

À Singapour, le chemin vers la naturalisation est plus direct, mais pas sans conditions. Les expatriés doivent être résidents permanents depuis au moins 2 ans ou être mariés à un citoyen singapourien depuis la même durée. Cependant, obtenir ce statut de résident par le biais d'un emploi traditionnel peut s'avérer compliqué, tant le marché du travail local est compétitif. Pour ceux qui en ont les moyens, une autre porte s'ouvre : l'investissement à Singapour. Cela peut être l'investissement dans une entreprise locale, la création de sa propre société ou la contribution à un fonds approuvé par le Singapore Economic Development Board.

L'obtention du précieux passeport japonais n'est pas une décision à prendre à la légère. Le Japon ne reconnaît pas la double nationalité aussi, les expatriés doivent renoncer à leur nationalité d'origine pour devenir citoyens nippons. Sinon, ils doivent avoir vécu au Japon pendant au moins 5 ans, maîtriser la langue à un niveau intermédiaire et prouver leur stabilité financière, des conditions somme toute atteignables, mais exigeantes. Toutefois, la renonciation à son premier passeport reste un choix lourd de conséquences, souvent irréversible et parfois coûteux. Pour les Américains, par exemple, cela implique de débourser près de 2 500 USD auprès du gouvernement américain.

Contrairement à d'autres pays, plusieurs nations européennes du top 10 du Henley Index ont mis en place des processus de naturalisation plus accessibles. L'Allemagne, la France et la Finlande, par exemple, acceptent la double nationalité et proposent des parcours clairs. Pour devenir citoyen, il suffit généralement d'avoir vécu et travaillé dans le pays pendant 5 ans, prouver sa stabilité financière et maîtriser la langue locale à un niveau intermédiaire (B1-B2). En Finlande, la connaissance du suédois est également valable. Et pour ceux qui cherchent une voie encore plus rapide, servir dans la Légion étrangère française permet de postuler à la citoyenneté après seulement 3 ans.

Des délais de visa interminables et des taux de rejet élevés : la réalité des expatriés d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie

Pour les expatriés ou futurs expatriés détenteurs de passeports peu influents, la mobilité internationale n'est pas impossible, mais elle relève souvent du parcours du combattant. Les inégalités économiques et politiques structurelles de notre monde globalisé se reflètent dans les délais d'attente interminables et les frais de visa exorbitants imposés aux ressortissants du Sud. Pour beaucoup, obtenir un second passeport grâce à la naturalisation peut changer la donne, soulageant un poids énorme, surtout lorsqu'il s'agit de voyager pour affaires ou de se rendre à une conférence à la dernière minute.

Seuls trois passeports africains permettent de voyager sans visa dans plus de 100 destinations : ceux des Seychelles, de l'île Maurice et de l'Afrique du Sud. Le Botswana et la Namibie suivent de près avec des passeports relativement solides, mais pour le reste du continent, les démarches de visa sont souvent incontournables. Cette réalité s'étend également à de nombreux pays du Moyen-Orient et d'Asie du Sud, comme l'Irak ou le Pakistan.

Même après avoir déboursé des centaines de dollars en frais de dossier, les expatriés de ces pays font souvent face à des refus. Selon University World News, jusqu'à 57 % des demandes de visa étudiant F-1 déposées par des ressortissants africains sont rejetées par le Département d'État américain. Les candidats doivent fournir une documentation complexe et le moindre document manquant ou une réponse maladroite lors de l'entretien peut suffire à faire échouer leur demande.

Le Henley & Partners' Global Mobility Report 2025 révèle que la moitié des demandes de visa Schengen déposées par des ressortissants africains sont rejetées. Les taux de refus sont particulièrement élevés pour les détenteurs de passeports des Comores, de la Guinée-Bissau, du Ghana, du Mali, du Soudan et du Sénégal. Pour faciliter la mobilité intra-africaine, des pays comme le Rwanda, les Seychelles, la Gambie, le Bénin et le Ghana ont ouvert leurs portes sans visa à tous les passeports africains. Une initiative louable, mais qui ne change malheureusement pas la donne pour les voyages hors du continent, où les obstacles restent nombreux.

Formalités
A propos de

Ameerah est chargée de cours et tutrice privée enseignant l'espagnol et le mandarin à l'île Maurice. Elle a aussi été traductrice indépendante, éditrice et rédactrice de contenu pendant une décennie. Elle a vécu à Madrid et à Pékin.

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