D'où viens-tu, Sabine, et que fais-tu actuellement ?
Je suis une jeune trentenaire, sans enfant, originaire de la région Parisienne. J'ai un doctorat en Biologie Moléculaire. Avant de quitter la France, je travaillais en tant que Post-Doc dans un laboratoire du CNRS. Depuis que je suis en Australie, j'alterne entre petits boulots et périodes d'inactivité à la maison. Ce n'est pas simple pour moi de trouver un vrai travail. Cela est dû au fait que nous nous sommes expatriés en couple et que le boulot de ma moitié : Mathieu, ingénieur en génie civil, nous amène à déménager souvent.
Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier en Australie ?
Nous avons choisi l'Australie pour sa qualité de vie, son soleil et parce que c'est un pays anglophone.
Comment s'est passée ton installation ?
Nous sommes partis avec trois malles et un vélo de France. Nous avons laissé tous nos meubles dans notre appartement et nous le louons en meublé. Nous avons dû tout racheter, ou presque, mais nous n'avons pas fait de folie et avons récupéré des choses par-ci par-là car ici la vie est chère. Comme nous bougeons souvent, nous voulons éviter d'accumuler le plus possible.
Qu'est-ce qui t'a attirée vers Canberra ? Depuis combien de temps t'y es-tu installée ?
Cela fait bientôt trois ans que nous sommes en Australie. Nous n'avons pas choisi Canberra. Nous y sommes venus car Mathieu y a été envoyé pour le travail. Nous y sommes depuis un an et demi et nous aimons vraiment beaucoup la ville. Elle nous correspond parfaitement, tout comme Adélaïde, ville où nous avions passé un an. Ces villes sont à taille humaine et on y trouve tout ce dont on a besoin ! Nous avons passé quelques mois à Sydney et y retournons bientôt. C'est une très jolie ville mais, retrouver les inconvénients de la grande ville, comme à Paris, ne m'enchante pas vraiment, même si nous sommes contents de pouvoir rester en Australie.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française s'expatrie en Australie ?
Nous sommes tous les deux en sponsorship, c'est-à-dire que c'est l'entreprise de Mathieu qui a fait la demande de visa pour nous et qui a réglé les frais. C'est un visa 457 qui dure 4 ans, qui a ses avantages puisqu'il est gratuit pour nous et ses inconvénients, puisque Mathieu ne peut pas changer d'entreprise, nous n'avons pas le droit à Medicare (la Sécu australienne) et devons donc souscrire une assurance privée très chère. De plus, si Mathieu perd son travail, nous perdons aussi le visa.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Non. Nous avons été accompagnés à chaque étape par une entreprise spécialisée engagée par la société. Même si nous avons du fournir beaucoup de papiers, car nous sommes pacsés mais pas mariés, c'est une grande chance car c'est beaucoup plus compliqué pour ceux qui ne sont pas sponsorisés, surtout s'ils ont plus de 30 ans.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Oui et non. Comme dans toutes les expatriations, c'est l'éloignement qui est difficile à gérer. Pour le reste, l'Australie nous offre tout ce que nous en attendions et il n'y a pas vraiment de barrière de la langue car même si mon anglais est loin d'être parfait, je suis toujours arrivée à me faire comprendre.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée à Canberra ?
Les montagnes et le froid. Canberra est juste à côté de la chaine des Alpes australiennes. On les voit au loin à l'horizon. C'est joli, mais en contrepartie, il y fait froid, très froid l'hiver (pour les standards australiens). En juillet/août, les températures sont négatives dans la nuit. Il peut même neiger aux alentours et les maisons sont très mal isolées. Moi qui croyais que l'Australie était le continent le plus chaud du monde, je dois avouer que j'ai été un peu déçue, mais pas très longtemps puisque nous avons retrouvé les joies du ski à Canberra !
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?
Cela a été un peu difficile car nous ne le savions pas, mais pour s'assurer d'avoir l'appartement, il n'est pas rare que les locataires fassent une offre supérieure au loyer demandé par le propriétaire. La ville grandit assez vite mais le marché locatif à Canberra reste assez tendu car il n'y a pas assez de logements.
Que penses-tu du mode de vie des Australiens ?
Les Australiens sont, je trouve, assez simples, heureux, beaucoup plus optimistes que les Français et faciles d'accès au premier abord. Même s'il est plus difficile de nouer des relations à long-terme. Il faut dire aussi que le fait que nous bougions souvent ne nous aide pas, mais c'est un sentiment partagé, je pense, par d'autres expatriés.
Est-il difficile pour un expatrié d'être embauché à Canberra ? Quelles sont les particularités du marché de l'emploi ?
Cela dépend des domaines, mais généralement, oui c'est assez compliqué à Canberra car c'est la capitale administrative et beaucoup d'emplois sont accessibles uniquement aux Australiens. Pas facile, donc, de trouver un bon job, même s'il n'est pas très difficile de trouver du travail si l'on n'est pas regardant sur ce que l'on fait.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
Les Australiens sont écolos...
A quoi ressemble ton quotidien à Canberra ?
J'ai démissionné de mon ancien travail il y a peu car nous déménageons bientôt à Sydney. En ce moment, j'ai donc la chance de pouvoir profiter de la ville, de ses nombreux musées gratuits et des visites guidées gratuites effectuées par des volontaires. Je m'occupe aussi de mon blog de voyage : « Aventures d'ici et d'ailleurs ». Sinon, ce qui est génial à Canberra c'est que personne n'est loin de son travail. Je mettais 7 minutes, Mathieu en met 10. Quand il m'appelle pour me dire « je rentre », il ouvre la porte une fraction de seconde après ! Ça c'est génial ! C'est pareil quand nous allons chez des amis et nous savons que cela ne sera plus la même histoire à Sydney.
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?
Mathieu travaille 6 jours sur 7, mais dès que nous avons un moment de libre nous visitons la ville, les environs ou partons faire du camping sur la côte. Nous sommes aussi inscrits dans un club de tennis. En règle générale, l'Australie est tournée vers le sport et l'outdoor. Par exemple, il est aussi cher de faire du golf que d'aller au cinéma.
Qu'est-ce qui te plait le plus à Canberra ?
Le fait que la vie soit simple et que la nature ne soit jamais loin. Il y a des kangourous jusqu'en centre-ville ici ! La vie, aussi, que l'on a recréée ici. Nous avons rencontré beaucoup de Français car j'ai travaillé à l'Ambassade et à l'Alliance Française, mais il va bientôt falloir tout recommencer, encore.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?
Nos familles, nos amis et les longs déjeuners du dimanche après-midi où nous refaisons le monde. C'est très franchouillard !
Tes spécialités culinaires locales préférées ?
Il n'y a pas trop de spécialité ici, mais tout le monde a un BBQ. Un jour, un Australien m'a dit dans un camping alors qu'il préparait des œufs et du bacon pour le petit déjeuner : « Tu vois, ça c'est ma cuisine, pas besoin de plus. » Ça résume bien l'esprit et la cuisine australienne je trouve.
Un évènement particulier que tu as vécu en Australie et que tu voudrais partager ?
Un jour, je me suis faite attaquer dans ma rue par une magpie. C'est un oiseau de la taille d'un gros corbeau qui, au printemps, devient très territorial et attaque les gens. C'est la troisième fois que cela m'arrive ! Ça peut prêter à rire mais ça peut être assez dangereux et ça fait surtout très très peur ! Voilà, c'est ça l'Australie, non seulement les araignées, les serpents sont venimeux, mais les oiseaux aussi en veulent à votre vie.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Canberra ?
L'Australie est un pays cher et Canberra l'est presque autant que Sydney sur certaines choses. Les loyers, les soins, l'alcool, par exemple, sont très chers mais globalement, on vit tout de même mieux qu'en France. C'est surtout parce que nous sommes en bonne santé. Parce qu'ici, tout se paye. L'hôpital est très cher, les médicaments, besoin d'une ambulance : c'est votre porte-monnaie qui va avoir mal !
Qu'est-ce qui t'as motivé à écrire ton blog "Aventures d'ici et d'ailleurs" ? En quoi cela t'aide-t-il ?
Si j'ai commencé à écrire un blog, c'était tout d'abord pour partager mes aventures avec mes proches. C'était en 2009, alors que je m'envolais pour quatre mois de volontariat au Pérou à la fin de mes études. Depuis peu, le blog a changé. Il n'est plus privé, mais il me sert toujours essentiellement de carnet de voyage et parfois de carnet d'humeur.
Cela m'apporte beaucoup de tenir ce « journal de bord ». Déjà, cela m'occupe, beaucoup plus qu'on ne pourrait l'imaginer ! Entre les textes, les photos, la retouche et les films... j'y passe des heures ! Et puis, c'est un projet à moi, qui me tient à cœur et qui participe à mon équilibre. Le blog me permet toujours d'avoir un lien avec ma famille et mes amis, même s'il n'est pas aussi privilégié maintenant que le blog est public. Mais d'un autre côté, cela me permet de faire de jolies rencontres et d'échanger autour de thèmes que j'affectionne tout particulièrement : le voyage et l'envie d'ailleurs.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Australie ?
Si vous avez envie que l'occasion se présente, que vous aimez la nature et vivre simplement : foncez ! C'est un pays pour vous. Je dirais aussi aux gens qui voudraient venir en WHV (Working Holiday Visa) de faire attention. Le rêve peu vite devenir un cauchemar s'ils viennent sans y être préparés, sans argent et surtout sans parler anglais. Pour ouvrir un compte en banque, payer ses impôts, lire les contrats, trouver du travail, il faut savoir parler un minimum anglais, au moins pour être autonome.
Tes projets d'avenir ?
Retrouver un travail, surtout qu'à Sydney, financièrement, nous aurons besoin que je travaille. Rester en Australie et devenir Australiens, rentrer ou repartir ailleurs, là est la question... Lorsque l'on sort de sa zone de confort, on sait ce que l'on perd, jamais ce que l'on gagne. Nous nous laissons encore quelques mois pour prendre cette grande décision qui va impacter toute notre vie future.