Pourquoi es-tu partie vivre à Cologne ?
J'ai déménagé à Cologne car j'avais rencontré une personne qui y travaillait. Professionnellement, la ville m'attirait dans la mesure où je collabore depuis longtemps avec Kompakt. Cela étant dit, j'avais besoin de partir. Cela faisait des années que j'avais envie de monter un label ou de faire plus de musique, mais il fallait d'abord changer mon style de vie. J'ai maintenant une vie saine et je crois que c'est ce que je suis venue chercher ici. Les seuls vices qui me restent sont la cigarette et le café. (rires)
Dans quelle partie de la ville habites-tu ?
Je vis dans un quartier plutôt familial qui s'appelle Nippes, à cinq minutes du centre en vélo. J'habite dans une ancienne fabrique de Schnaps.
As-tu perdu des disques au cours de ton déménagement ?
À première vue, non. Toutefois, je dois reconnaître que j'en ai volontairement égarés. J'ai gardé mes classiques, les UR, Basic Channel et autres ; en revanche, je me suis débarrassé des vinyles « promo » et de ceux que je ne voulais pas réécouter lorsque je les voyais dans ma discothèque.
Y a-t-il des artistes de la ville qui t'ont aidée quand tu as emménagé ?
Oui, j'ai renforcé les liens que j'avais avec Kompakt. Globalement, les Colonais sont des personnes très disponibles. Lorsque je remixais Chloé, j'ai eu besoin d'un bassiste ; quinze minutes plus tard, un musicien était dans mon studio. Tout le monde est plus ou moins musicien ici. En plus, les habitants de cette ville ont une vraie culture du vinyle. Beaucoup ont des platines, achètent des disques, collectionnent?
Il y a quelques années, tu mixais avec un laptop. Est-ce toujours le cas ?
Non, je suis revenue au vinyle. Ici, c'est fantastique : tu as une dizaine de disquaires. Il y a Groove Attack, Parallel, le magasin de Kompakt bien sûr. Là, je viens d'acheter des trucs de disco assez déments. Je retrouve quelque chose qui me plaisait quand j'ai commencé : aller dans un shop, prendre un café, discuter.
Quand tu joues en France, est-ce que les gens trouvent que ton son a changé ?
Non, par contre, j'aimerais bien qu'on arrête de me parler en anglais au Rex. Les mecs, je suis française et Correspondant est un label français. N'ayez pas peur !
Accueilles-tu des artistes de ton label chez toi ?
Bien sûr. Pour la soirée de lancement de la compile à Cologne, je vais accueillir Philipp Gorbachev, Clément Meyer et Tomas More. Je fais un peu Relais & Châteaux. (rires)
Quels sont alors les endroits de la ville que tu aimes leur montrer ?
Le Dom, une cathédrale splendide. Dommage qu'ils aient construit la gare à côté. Le musée Ludwig est également très joli, il y a une collection permanente et de belles expos. Ce qui est sympa l'été, ce sont les parcs. Tu peux y faire un barbecue, être en maillot de bain sans que l'on te prenne la tête.
Apprends-tu l'allemand ?
Je prends des cours. J'arrive à me faire comprendre, ce qui ne m'a pas empêché d'acheter de la colle à dentier et de me brosser les dents avec. C'était terrible, la brosse à dents est restée collée sur mes dents alors que je devais mixer juste après.
Sincèrement, l'Allemagne, c'est vraiment le pays de la techno ?
C'est le pays de la techno et c'est aussi le pays de la liberté. J'ai l'impression qu'ils laissent davantage leur jeunesse s'amuser. En France, on ne pourrait pas avoir le Berghain ouvert pendant trois jours, ou une boîte au dernier étage d'un immeuble comme le Weekend Club. J'ai mixé pour Carnaval dans le parc à Cologne : ils avaient simplement posé un sound system et on a fait une soirée. J'ai l'impression que c'est moins compliqué ici.
Que regrettes-tu de Paris ?
Mes amis, ne pas être là pour les anniversaires, être moins dans leurs vies.
Various Artists, Correspondant Compilation 01 (Correspondant).
Sortie le 18 mars.
Date : Jennifer Cardini sera à l'I.Boat (Bordeaux) le 1er mars.
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