D'où viens-tu, Virginie, et que fais-tu actuellement ?
Je suis française et après l'obtention de mon master I en droit des affaires à Aix-en-Provence, j'ai effectué un séjour de 10 mois à Fukuoka en tant qu'étudiante afin d'apprendre le japonais. J'ai par la suite fait un stage en entreprise et à la fin de ce stage, on m'a proposé un poste dans la branche éducative d'un prestigieux groupe en tant que responsable Marketing et coordinatrice de la globalisation du groupe.
Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier au Japon ?
J'ai rencontré des étudiants japonais en échange en France et petit à petit la culture japonaise m'a attirée et intriguée. Après avoir vécu au Japon en tant qu'étudiante et stagiaire, je voulais tenter l'aventure en tant qu'employée et découvrir par moi même l'univers du travail japonais.
Comment s'est passée ton installation ?
Mon installation s'est très bien passée. J'ai de la chance d'avoir de nombreux amis sur place, étrangers ou japonais qui m'ont beaucoup aidée dans diverses démarches administratives lorsque je ne parlais pas encore le japonais. Le plus difficile a été de trouver des médecins compétents et un garant pour mon appartement. Mais maintenant, tout va bien !
Qu'est-ce qui t'a attirée vers Fukuoka ?
J'ai passé une grande partie de mon adolescence dans le sud de la France (Nimes et Marseille principalement) et en faisant des recherches sur internet, j'ai trouvé que Fukuoka ressemblait beaucoup au sud de la France et l'atmosphère qui s'y dégage m'a plu instantanément.
Depuis combien de temps t'y es-tu installée ?
Je suis arrivée à Fukuoka au mois d'août 2011. Entre 2011 et 2013, je suis rentrée plusieurs fois en France pour terminer mon master II en Management international et passer ma soutenance de stage. Fin 2013, j'ai obtenu mon visa de travail et me suis définitivement installée à Fukuoka.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française s'expatrie au Japon ?
Principalement, l'obtention d'un visa. Pour rester au Japon plus de trois mois, il faut obligatoirement un visa. Il peut s'agir d'un visa étudiant, d'un Working Holiday Visa, ou d'un visa de travail... Dans le cadre d'un travail, l'entreprise souhaitant vous employer vous demandera un certain nombre de documents avec des traductions en japonais afin d'obtenir un « certificate of eligibilty ». Il m'a fallu trois mois depuis la France pour obtenir mon premier visa de travail.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Ce n'est pas difficile, mais il faut prendre son mal en patience et faire étape par étape comme votre entreprise vous le demande. L'immigration est parfois pointilleuse, mais si on fait ce qu'on nous demande, ça se passe très bien.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Pas particulièrement. J'ai surtout dû m'adapter dans le cadre de mon travail et y comprendre les us et coutumes japonaises tout en gardant ma propre identité.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à ton arrivée à Fukuoka ?
La première fois que je suis arrivée à Fukuoka, j'ai du prendre le métro à l'aéroport pour arriver à mon dortoir et cela avait pris moins de 10 minutes. J'avais été surprise de cette facilité d'accès.
Quelles sont les particularités du marché de l'emploi japonais ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Je pense que le secteur des TIC marche bien ! Je connais beaucoup d'étrangers à Fukuoka travaillant dans cette branche. Les secteurs Marketing/Management marchent également bien mais sont plus difficile d'accès sans diplômes niveau master et des capacités en langues. Le secteur de l'enseignement est bouché par contre, et donc il ne faut pas espérer devenir professeur de français ou d'anglais (accessible aux « native speakers » le plus souvent). Enfin, le secteur du tourisme est le secteur d'avenir et certaines agences de voyages sont intéressées pour recruter des étrangers (ayant moi-même été approchée par une agence de voyage) parlant deux langues minimum afin de promouvoir Fukuoka et la région du Kyushu. Il y a des possibilités pour les étrangers à Fukuoka, mais il faut venir avec les bons outils pour maximiser ses chances. A ce propos, j'ai écrit un article sur le site https://www.expat.com.
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles ?
J'ai eu du mal à trouver mon premier vrai appartement (autres que dortoirs ou « guest houses ») car l'appartement que je voulais nécessitait un garant. Des appartements sans garant sont également disponibles au Japon. Il y a beaucoup d'agences qui acceptent de prendre en charge les étrangers et qui si, vous n'avez pas de garants, vous orienterons vers d'autres types de logements.
Que penses-tu du mode de vie des Japonnais ?
C'est un rythme de vie très soutenu, principalement dicté par les horaires de travail. Les Japonais donnent généralement priorité à leur travail et peuvent rester jusqu'à 22h ou 23h au bureau, parfois parce qu'il y a réellement des choses à faire, et parfois par coutume et envie de donner une image de bon employé. Ils savent aussi, bien sur, s'amuser et prendre du bon temps pendant leur temps libre et passer du temps en famille principalement le week-end. Mais le mode de vie des Japonais en semaine est infernal de mon point de vue. Pour ma part, j'essaye de trouver un bon équilibre entre travail et vie privée en semaine et je n'hésite pas à partir la première du bureau si j'ai terminé ce que j'avais à faire pour la journée.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
On dit souvent que les Japonais sont petits. Alors oui, effectivement, ils ne sont pas tous grands mais je trouve qu'il y a beaucoup de Japonais et Japonaises grands.
A quoi ressemble ton quotidien à Fukuoka ?
Je travaille du lundi au vendredi et souvent les week-ends. Les horaires sont variables en fonction de la charge de travail. Après le travail, je vais soit me balader et faire des courses, soit rencontrer des amis dans un café et discuter, ou bien je vais à la salle de sport de mon quartier.
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?
Le week-end j'aime assister aux divers événements qu'offre la ville de Fukuoka et partager des moments avec mes amis et mon compagnon, ou bien voyager aux alentours de la région du Kyushu. Je n'ai pas souvent de week-end complet, donc les voyages se font de plus en plus rares. J'aime également prendre des photos et les poster sur mon compte Twitter et Facebook pour partager mon quotidien.
Qu'est-ce qui te plaît le plus à Fukuoka ?
Ce que j'aime le plus à Fukuoka, c'est la facilité d'y vivre et la qualité de vie qu'elle offre à ses habitants. J'ai beaucoup visité le Japon depuis 2011, mais je ne me sens chez moi que lorsque je reviens à Fukuoka. Et puis, il y a tellement de choses à faire et voir dans la région du Kyushu.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine ?
Ma famille bien sur, mais je retourne en France une à deux fois par an pour les revoir. A chaque retour, j'en profite toujours pour faire une cure de fruits et légumes car c'est ce qui me manque le plus au Japon : la diversité et la qualité des fruits et légumes que l'on peut avoir en France et plus particulièrement dans le sud de la France.
Tes spécialités culinaires locales préférées ?
C'est une question un peu difficile car je suis végétarienne et c'est un mode d'alimentation pas très connu au Japon, et surtout ici à Fukuoka. Les spécialités culinaires locales sont généralement à base de viandes ou de poissons comme le Hakata Ramen (pâtes dans un bouillon à base de poisson ou de viande) ou encore le Mentaiko (rogue de colin ou de morue).
Un événement particulier que tu as vécu au Japon et que tu voudrais partager ?
Un événement ? C'est difficile de partager un seul événement alors qu'il se passe tellement de choses. Si je dois vraiment choisir, je dirais alors la rencontre avec mes meilleurs amis et mon compagnon à Fukuoka. C'est grâce à eux que je suis heureuse au Japon.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Fukuoka et au Japon en général ?
La vie à Fukuoka est, de manière générale, moins cher qu'à Tokyo, mais ça dépend du style de vie de chacun honnêtement. Concernant l'alimentation, si on mange de tout, on peut manger à petit prix, mais si on est végétarien comme moi, les fruits et légumes sont assez chers et le budget pour l'alimentation devient assez important. Pour le logement, les prix vont varier selon le quartier où vous vivez, en plein centre-ville ou un peu plus éloigné, et également en fonction de l'ancienneté de l'appartement ou maison. Au final, c'est un peu comme partout. Enfin pour les transports, si on doit prendre souvent le métro, cela revient assez cher. Mais Fukuoka étant une ville « bike friendly » et très facile d'accès, une grande majorité des gens préfèrent se déplacer en vélo ou à pied pour de courtes distances.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier au Japon ?
Il faut bien se préparer et envisager plusieurs options si votre plan initial ne fonctionne pas comme vous l'aviez prévu. Je pense surtout à ceux qui veulent s'installer au Japon et partent dans un premier temps avec un Working Holiday Visa. Un an, ça passe très vite et il faut vraiment réfléchir à l'après WHV.
Tes projets d'avenir ?
Mon travail me convient pour l'instant. D'ici quelques années, mon compagnon et moi allons partir pendant un an à l'étranger, dans un pays anglo-saxon pour revenir ensuite au Japon et probablement monter notre propre entreprise, un projet que je garde secret pour le moment !