Si la Polynésie française compte 60 cas confirmés de COVID-19 à ce jour, aucun décès n'y a été enregistré. Une situation dont se réjouit Luciana, une expatriée italienne vivant à Huahine. Elle nous parle de son expérience de la pandémie de coronavirus durant les derniers mois dans son pays de coeur.
Quelle a été votre réaction en apprenant la nouvelle au sujet de la crise sanitaire mondiale ?
Le 10 mars, les informations locales faisaient état du premier cas d'infection liée à la COVID-19. Il s'agissait d'une personne qui venait d'arriver de France par avion. Ce qui nous a le plus surpris, c'est le fait qu'il s'agissait d'une députée française de retour d'un congrès parlementaire qui avait eu lieu en France. Elle a d'ailleurs déclaré qu'elle avait été soumis au test de dépistage de coronavirus 72 heures avant son départ : le résultat s'était avéré négatif.
Il semble qu'elle ait contracté la COVID-19 durant les 72 heures précédant son retour en Polynésie française à travers une rencontre avec une personne infectée. A mon avis, se soumettre au test de dépistage ne suffit pas. Être placé en quarantaine avant le départ est tout aussi important pour éviter les risques de contagion.
Par quels moyens les autorités locales ont-elles informé les citoyens de la Polynésie française sur l'évolution de la situation ?
Le site officiel de la Polynésie française, ainsi que celui du Haut Commissariat de la Polynésie française, sont mis à jour régulièrement. Il est donc possible d'y suivre les dernières nouvelles. D'ailleurs, les médias locaux se fient aux dernières mises à jour de ces deux sites web avant de lancer leurs publications.
Quelles ont été les mesures imposées par le gouvernement pour empêcher la propagation du coronavirus en Polynésie française ?
Dès l'annonce du premier cas, les autorités locales ont immédiatement mis en place des mesures restrictives. Les frontières ont été fermées progressivement, ainsi que les ouvertures interinsulaires. Seuls le transport des denrées essentielles et les vols d'urgence sanitaire étaient autorisés.
On a également mis en place un couvre-feu sanitaire, d'abord de 20h à 5h puis de 21h à 17h jusqu'à la fin de la période de confinement. Il y avait également des restrictions sur la vente sur des boissons alcoolisées. Toutes ces mesures avaient pour objectif d'éviter les rassemblements nocturnes et les fêtes qui pourraient dégénérer : une situation qui aurait pu augmenter le risque de contagion locale. L'accès à certains endroits, y compris des lieux publics, était restreint. De plus, le port du masque et de gants était recommandé.
Les lieux de culte sont restés fermés pendant un certain temps. Par la suite, des restrictions ont été imposées sur le nombre de personnes autorisées à s'y rendre. En ce qui concerne les funérailles, seuls les membres de la famille et un petit nombre de personnes pouvaient être présents. En revanche, aucune des familles endeuillées n'a eu recours à la crémation car aucun des décès enregistrés dans le pays durant cette période n'était lié à la COVID-19.
En ce qui concerne les voyages, ils n'étaient autorisés que pour des raisons urgentes et étaient limités à une personne à la fois par famille. Certaines activités jugées non essentielles ont été contraintes à fermer leurs portes tandis que les banques fournissaient une aide financière sous forme de prêts garantis par l'État.
Grâce à toutes ces mesures, le nombre de cas confirmés de COVID-19 en Polynésie française n'a pas franchi la barre des 60. Dès que tous les patients étaient guéris, le gouvernement a aussitôt ordonné le déconfinement. Parmi les cas enregistrés, il y avait une trentaine de membres de l'équipage d'un navire de pêche péruvien qui traversait les eaux polynésiennes. Ces derniers ont été renvoyés dans leur pays après avoir reçu des soins.
Quel a été l'impact de la crise sanitaire sur votre entreprise ?
Comme je suis propriétaire d'une camionnette à pizzas, je possède une autorisation de vente d'aliments prêts à emporter. La seule limitation était donc le couvre-feu sanitaire. Nous avons ainsi été contraints à réduire nos heures de travail. Il n'empêche que nous avons reçu énormément de commandes durant cette période.
La Polynésie française a-t-elle rouvert ses frontières ?
La réouverture des frontières polynésiennes se fera de manière progressive. Il faut reconnaître que le ralentissement de l'industrie du tourisme a eu un impact considérable sur l'économie locale. A l'arrivée, tous les voyageurs sont soumis à un test de dépistage de COVID-19 et à une quatorzaine. Une fois que la situation sera rétablie, toutes ces mesures seront supprimées de manière progressive.
Quelles mesures de précaution avez-vous prises ?
Pour notre part, nous avons fait preuve d'une grand prudence lors de nos sorties en public. En revanche, nous n'avons jamais utilisé de gants ou de masques car il n'y avait pas d'infection locale sur île. Nous nous sommes résolus à ne pas faire la bise ou serrer la mains aux personnes que nous avons rencontrées. Nous avons aussi fait de notre mieux pour respecter la règle de distanciation sociale, ce qui signifie aussi que nous nous sommes énormément privés de sorties durant le confinement.
Quelle est la situation actuelle en Polynésie française ?
Les Polynésiennes sont généralement des personnes tranquilles dans leur vie quotidienne. Aujourd'hui, avec un déconfinement presque total, la vie est pratiquement retournée à la normale, sauf pour les employés du secteur du tourisme international qui attendent la réouverture totale des frontières. Il faudra, cependant, attendre quelques mois encore, dépendant de la situation globale.