Benoit vient du Bordelais. Anciennement chef d'entreprise, chauffeur et ayant servi l'armée, il vit désormais à Belo Horizonte depuis 5 ans avec son épouse et leur famille brésilienne.
D'où viens-tu, Benoit, et que fais-tu actuellement ?
Je viens du Bordelais. Avant de venir au Brésil, je vivais dans une petite ferme perdue au milieu des vignes dans un village composé de 600 habitants. Il s'agit du berceau de ma famille maternelle depuis près de 5 siècles. Je travaillais dans le secteur du transport comme chauffeur de semi-remorque. Avant cela, j'ai vécu 20 ans à Paris où j'ai eu diverses activités, allant de chef d'entreprise dans le spectacle (en association), au transport international (de Laponie au Maroc, à la Grèce et dans l'ensemble de l'Europe). J'ai également été représentant de commerce, poseur d'enseignes lumineuses... J'ai aussi fait quelque temps dans l'armée, ce qui m'a amené à passer plus d'un an en Nouvelle Calédonie, dans le Pacifique.
Comment t'es-tu retrouvé au Brésil ?
J'ai rencontré mon épouse via Internet. J'avais 49 ans à l'époque. Elle vivait au Brésil, mais elle aurait pu vivre en Papouasie Centrale. Comme j'aimais sa compagnie et ce qu'elle était, j'ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure. Le facteur déclencheur de ma venue au Brésil est donc mon épouse. Je crois que c'est le Brésil qui m'a choisi et pas l'inverse.
Comment s'est passée ton installation ?
Mon installation a été plutôt facile puisque je me suis retrouvé au sein d'une structure familiale déjà construite et en place. Je n'ai eu qu'à poser mes valises.
Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?
Cela fait maintenant 5 ans que je suis au Brésil.
Qu'est-ce qui t'as attiré vers Belo Horizonte ?
Rien de particulier. Si mon épouse habitait un autre endroit, je suppose que j'aurais atterri dans un autre endroit.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyen français s'expatrie au Brésil ?
Les procédures ont été très longues. Elles ont duré près d'un an et ont nécessité une somme considérable. Il y avait aussi de nombreux papiers à faire valider dans les cartorios et à faire traduire par des traducteurs certifiés. Un an après mon arrivée, j'ai enfin obtenu ma carte d'étranger résident permanent au Brésil (RNE) et mon sésame pour l'emploi, la cartao de trabalho. Je crois que les procédures ont été simplifiées depuis.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Non. Mon épouse étant très au fait de toutes les démarches administratives au Brésil, elle m'a épaulé.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Lorsque je suis arrivé au Brésil, cela faisait plus de 10 ans que je vivais seul. Mon principal problème a été de m'adapter à une famille de 5 personnes, mon épouse ayant 4 filles. Et puis, je ne parlais pas un mot de portugais et je n'avais aucune disposition pour l'apprendre. Ensuite, bien sûr, j'étais confronté à une culture différente.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée au Brésil ?
La lourdeur du système administratif et bureaucratique.
Quelles sont les particularités du marché de l'emploi ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Avant toute chose, il est indispensable de parler portugais. Très peu de Brésiliens parlent l'anglais ou l'espagnol. Il faut toujours garder à l'esprit qu'un potentiel employeur choisira d'embaucher un Brésilien plutôt qu'un ressortissant étranger, sachant que le Brésil possède les compétences que l'on trouve en Europe.
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ?
Mon épouse étant propriétaire de sa maison, je n'ai jamais eu à rechercher de logement. Pour les personnes qui sont à la recherche d'un logement, la période actuelle est propice. Le marché de l'immobilier brésilien est saturé et les logements ne se louent pas et ne trouvent pas d'acquéreur. Il est donc possible de négocier les loyers.
Que penses-tu du mode de vie des Brésiliens ?
C'est un mode de vie différent du mode vie français, une manière de penser différente... Bref, une culture très différente. La seule solution à notre disposition est de l'accepter et de se fondre dedans en essayant de la comprendre.
A quoi ressemble ton quotidien à Belo Horizonte ?
Je travaille peu. Je suis plus homme au foyer et je gère la maison. Je m'occupe généralement des travaux de maintenance de la maison (réparation du système d'égout, peinture, électricité, plomberie, jardin, etc.). Je fabrique également des meubles et des chaises en fer-forgé, des cadres, des tables de chevet... Je fais aussi la cuisine comme ma femme travaille. Il est plus avantageux pour nous que je ne travaille pas que de prendre un employé de maison et faire appel à une entreprise pour l'entretien de la maison, avec des résultats souvent très aléatoires et hors de prix. Par exemple, une fuite d'eau dans la réserve d'eau m'aurait coûté R$ 580. J'ai effectué les travaux moi-même et cela ne m'a couté que R$ 38,50. Pour la peinture intérieure de la maison et la boiserie extérieure, on m'a remis un devis de R$ 10 000. Là encore, j'ai effectué moi-même les travaux pour moins de R$ 600. Parfois, il m'arrive de travailler à l'extérieur (je possède une micro-entreprise) dans les domaines que j'ai mentionnés ci-dessus, mais aussi dans le domaine de l'informatique.
Qu'est-ce qui te plait le plus au Brésil ?
Le rythme de vie, mon épouse et ma famille.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?
Le calme de ma campagne bordelaise et la nourriture.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Belo Horizonte et au Brésil en général ?
Le coût de la vie a beaucoup augmenté pendant ces cinq dernières années. L'arrivée de la crise l'année dernière n'a rien arrangé. Le Brésil vit avec un taux d'inflation de 10%. Le coût de la vie au Brésil doit être approximativement égal à celui de la France, ce qui n'était pas le cas il y a 5 ans. De ce fait, les Brésiliens sont devenus beaucoup plus regardant sur leurs dépenses et leurs priorités.
Quels conseils donnerais-tu aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier au Brésil ?
Ne pensez pas que vous pouvez débarquer au Brésil comme ça et travailler. Si vous désirez vous y installer, laissez le temps au temps et réfléchissez à votre projet. Gardez toujours à l'esprit que le Brésil est une boite de granit qui renferme la moiteur du coton. Il suffit d'arriver à l'ouvrir pour se prélasser dans le coton. Cela peut être une mission ardue, mais qui en vaut la peine.
Tes projets d'avenir ?
Continuer à vivre tranquillement et profiter de ma vie dans les meilleures conditions possibles. J'aimerai découvrir davantage le Brésil avec mon épouse. Nous devrions pouvoir le faire d'ici quelques années.