![immigrant woman at work](https://www.expat.com/images/upload/6/3/0/6/1638249667-shutterstock-552201991-news_item_slider-t1638249667.jpg)
L'administration américaine a récemment introduit une nouvelle politique destinée aux conjoints d'expatriés titulaires de visa d'immigrant, les autorisant à travailler. Dorénavant, les conjoints d'expatriés titulaires d'un visa H1B, E-visa et L-visa sont éligibles pour jusqu'à 180 jours de prolongation automatique de leur autorisation de travail.
Les conjoints d'expatriés détenteurs du visa L-1 (personne qui occupe un poste de direction ou de direction ou qui détient des connaissances spécialisées) ou de visa L-2 en obtiendront la prolongation sans avoir à faire la demande. Cependant, les conjoints des expatriés titulaires d'un visa H4 devront toujours demander une prolongation après l'expiration de leur permis de travail.
Pendant la pandémie de Covid-19, les États-Unis ont pris énormément de retard en matière de délivrance d'autorisations de travail. Ainsi, les conjoints d'expatriés étaient nombreux à perdre leur emploi et leurs opportunités de travailler dans le pays parce qu'ils n'étaient pas en mesure d'obtenir leur document d'autorisation d'emploi (EAD). Il est intéressant de noter que plus de 90 % des candidats dont l'emploi a été menacé étaient des femmes d'origine indienne. En mars, un groupe d'expatriées et d'avocats principalement indiens a déposé un recours collectif contestant cette politique d'immigration américaine qui empêche les conjoints de titulaires de visas L-2 et H4 de travailler sans être détenteurs d'un permis de travail.
Changements dans la politique
Le verdict est tombé en novembre de cette année, recommandant certains changements de politique à mettre en œuvre. Le changement le plus important est que les conjoints d'expatriés titulaires d'un visa E et d'un visa L peuvent continuer à travailler sans avoir à demander une autorisation de travail. Ces derniers sont donc autorisés à travailler simplement en étant dépendants des personnes détentrices de ce visa. Bien sûr, les conjoints d'expatriés qui souhaitent obtenir une autorisation sur papier pour qu'ils puissent la montrer à un employeur peuvent demander le formulaire 765. Il n'empêche que, selon cette nouvelle politique, ils sont déjà autorisés à travailler légalement aux États-Unis. Voici un aperçu des principaux changements :
Premièrement, certains conjoints de détenteurs de visas H4, E-visas et L-visas vont bénéficier d'une prolongation automatique de leur permis de travail, à condition qu'ils en fassent la demande avant son expiration. En outre, ils doivent avoir un I94 valide montrant qu'ils ont le statut de dépendant de l'un de ces visas.
Deuxièmement, cette prolongation automatique de l'EAD se poursuivra jusqu'aux dates suivantes : soit la date d'expiration indiquée sur la carte I94, attestant de sa validité, soit jusqu'à l'approbation ou le refus de sa demande d'EAD, soit 118 jours à compter de l'expiration de son précédent EAD.
Le troisième point à prendre en compte est la possibilité de justifier l'exigence de prolongation de l'autorisation de travail avec différents documents tels qu'une carte I94 valide attestant de leur statut de dépendant d'un détenteur de visa H4, E ou L ; un récépissé du formulaire I765 pour la prolongation de l'EAD ; carte EAD expirée qui a été remplie dans la même catégorie que le justificatif de prolongation.
L'essentiel est que cette nouvelle politique représente un nouveau pas significatif pour tous les conjoints qui n'ont pas été en mesure de travailler ces derniers mois en raison des longs délais de traitement des demandes d'EAD. Il s'agit d'une grande victoire qui devrait aider non seulement à booster l'économie américaine mais aussi à donner plus d'opportunités aux conjoints d'expatriés au sein du marché du travail américain.
Importance sociale
Selon le Migration Policy Institute, les femmes et les filles représentaient un peu plus de la moitié des 44,7 millions d'immigrants résidant aux États-Unis en 2018. En outre, la plupart des conjoints d'expatriés qui ne peuvent pas travailler faute d'obtenir une autorisation officielle, sont aussi des femmes. Par conséquent, ce changement de politique favorise l'intégration des femmes immigrées tout en essayant de combler l'inégalité des sexes qui est profondément ancrée dans le pays.
Précédemment, cette loi limitait le rôle des conjointes d'expatriés à la sphère domestique, ce qui signifie qu'elles étaient tout simplement considérées pour les tâches ménagères et les soins. De telles activités confinent historiquement les femmes à un travail non rémunéré qui n'est ni socialement reconnu ni respecté. C'est ce qu'on appelle la division sexuelle du travail, une tendance que les gouvernements ignorent généralement, comme si les femmes avaient un « instinct naturel ou un don » pour les tâches domestiques.
La prise en compte par Biden du plaidoyer des femmes expatriées est une étape importante dans la mise en œuvre des politiques d'immigration américaines. La plupart des femmes conjointes d'expatriés qui ont réussi à trouver un moyen de poursuivre leur carrière dans le pays peuvent être habilitées à maximiser leurs opportunités ou à retourner sur le marché du travail.
Comme les conjoints d'expatriés les plus touchés sont des femmes, il existe des groupes tels que l'International Spouses Meetup à St Louis, Missouri, qui contribuent à l'autonomisation des femmes. Il s'agit d'un réseau dédié à la mise en relation des conjointes d'expatriés à travers les États-Unis. E. Moreira, qui a rejoint le groupe en février 2021, nous en parle. « Je suis vraiment ravie de faire partie de ce groupe ! Je me suis senti tellement bien accueillie et comprise en rencontrant d'autres personnes qui sont dans la même situation que moi. J'ai énormément appris sur la recherche d'emploi, la cuisine monde entier, entre autres. Tout cela m'a permis de faire la connaissance de femmes extraordinaires. De même, je recommande fortement ce programme à tous les conjoints d'expatriés ».
Qu'est-ce que cela signifie pour les expatriés ?
Même si cette nouvelle politique semble un résultat parfait pour les expatriés et les conjoints suiveurs, certains détails doivent particulièrement être pris en compte. Il est bon de savoir que seuls certains visas (H1B, E-visa et L-visa) seront considérés par la nouvelle politique. Le premier est destiné aux spécialistes très spécifiques qu'on ne trouve pas aux États-Unis ; le second vise les négociants et les investisseurs qui sont venus aux États-Unis en vertu d'un traité de commerce et de navigation ; et le troisième s'applique aux postes de direction. On peut en déduire que seuls les conjoints d'expatriés ayant un niveau académique et professionnel élevé pourront profiter de cette nouvelle politique.
Or, selon le portrait statistique des immigrants aux États-Unis en 2018, 49,2 % d'entre eux n'ont fréquenté que le lycée ou moins, et 14,6 % vivent dans la pauvreté. Par conséquent, si les changements sont importants, ils ne sont pas intégraux, car la majorité des immigrants sont tenus à l'écart.