Cette famille d'expats a relevé le défi de rentrer aux Pays-Bas au cœur de la crise

Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

Nous sommes une famille néerlandaise avec deux adolescents âgés de 17 et 14 ans. Nous vivons actuellement aux Pays-Bas. Bert, mon époux, travaille comme ingénieur de conception chez ASML. Pour ma part, je m'occupe principalement de notre site internet www.ourexpatlife.com sur lequel nous partageons nos aventures et aidons d'autres familles d'expatriés.

Nous nous sommes installés en famille en Belgique en 2008, pas pour le travail, mais principalement pour la qualité de vie. Nous avons vraiment apprécié notre séjour et les enfants fréquentaient une petite école primaire.

Que s'est-il passé par la suite ?

Fin 2016, Bert a reçu une proposition pour déménager à Taïwan pour un projet de 2 ans. Nous avons accepté de relever le défi. Nous sommes donc partis pour Taïwan en août 2017. C'était notre première expérience loin de chez nous. Au bout de deux ans, Bert a signé un contrat de deux ans supplémentaires à Taïwan. Donc au total, nous comptons une aventure de quatre ans en tant qu'expatriés.

Qu'est-ce qui vous a ramené dans votre pays d'origine ?

C'est en août 2021 que nous sommes retournés aux Pays-Bas après avoir vécu quatre années à Taïwan. Le contrat de Bert à Taïwan avait pris fin et l'entreprise voulait qu'il revienne à Veldhoven.

Quelle a été votre expérience de retour d'expatriation en cette période pandémique ? Y avait-il des procédures particulières à suivre ?

En ce qui concerne les procédures relatives à la Covid, je pense que nous sommes rentrés aux Pays-Bas au bon moment. Dans les mois qui ont précédé notre retour, nous avons beaucoup entendu parler des différents tests négatifs qu'il fallait soumettre pour entrer dans le pays. Mais quelques semaines avant notre date de départ, tout a changé, et nous n'avons plus eu besoin de tests. Nous n'avions qu'à remplir une déclaration de santé en ligne, et c'était tout.

Bien sûr, nous avons dû porter nos masques pendant tout le vol (13 heures). Mais l'avion n'était rempli qu'à 1/3, donc il y avait suffisamment d'espace entre tous les passagers. Nous ne nous sommes pas sentis mal à l'aise un seul instant.

À notre arrivée aux Pays-Bas, nous avons été pris en charge par un taxi avec un écran en plastique entre le chauffeur et nous. Hormis cela, nous avons peu remarqué les règles ici. Nous n'avons pas non plus dû nous auto-isoler puisque Taïwan (et la Chine en général) était considéré comme un pays sûr par le gouvernement néerlandais.

Quels sont les principaux défis du retour avec des enfants, notamment en termes de scolarisation, de socialisation, etc. ? Ont-ils du mal à s'adapter ?

Nous avons choisi d'inscrire nos enfants dans une école internationale. D'abord parce qu'ils peuvent poursuivre leur éducation en anglais. Deuxièmement, les enfants qui fréquentent cette école ont tous une formation internationale et comprennent les différentes situations de vie à l'étranger les uns des autres. Nous l'avons vu, surtout pendant les premières semaines. Il était relativement facile de tisser de nouveaux liens et d'être inclus dans les amitiés existantes. Le principal défi ici est de s'adapter à une autre forme d'éducation. C'est certainement le cas pour notre aîné, qui a commencé dans le processus d'examen de 2 ans. On sait tout qu'il faut beaucoup de temps et d'énergie pour s'adapter à une nouvelle situation, mais le fait est qu'on n'a tout simplement pas le temps. Étant maman de deux adolescents, j'ai compris que c'est là qu'est le plus grand défi.

Nous avons la chance d'avoir deux enfants qui s'ouvrent facilement dans un groupe et se font rapidement de nouveaux amis. Ils en ont fait preuve à Taïwan, et maintenant c'est redevenu naturel. Ils vont à l'école avec grand plaisir et apprécient de pouvoir y aller seuls à vélo.

Bien sûr, Taïwan leur manque toujours. L'aîné a toujours des conversations et des appels hebdomadaires avec ses amis à Taïwan. Espérons que ces amitiés dureront pour toujours et que, dans quelques années, ils nous seront reconnaissants pour les aventures que nous leur avons permis de vivre.

Avez-vous rencontré des difficultés lors de votre retour aux Pays-Bas ? Comment avez-vous abordé la situation ?

Oui, ils appellent cela le contre choc culturel, et c'est sans aucun doute un grand défi. La vie dans votre pays d'origine a changé et vous, en tant que personne, avez changé. Il y a aussi des attentes, et cela fait des retrouvailles un défi. En fait, c'est assez similaire à ce que nous avons vécu à Taïwan, sauf que nous parlons la langue ici et, bien sûr, nous savons mieux comment et où trouver tout ce dont on a besoin et comment s'organiser. À Taïwan, nous avons fait beaucoup de choses en famille, contrairement aux Pays-Bas où la vie sociale est plus active. Bien sûr, on s'attend à ce que tout le monde veuille nous revoir et on a envie de les retrouver, mais c'est une chose à laquelle on n'est plus habitué. Et puis nous avons à nouveau été confinés aux Pays-Bas, ce qui n'a pas non plus facilité les choses.

Début de 2022, nous avons décidé de nous accorder plus de temps et de sortir davantage en famille. Tous les quatre, nous aimons redécouvrir notre pays d'origine et prendre plus de temps l'un pour l'autre. Heureusement, les enfants apprécient toujours cela. Nous avons donc réservé une journée dans notre calendrier pour des sorties toutes les deux semaines. Nous savons aussi que ce n'est qu'une question de temps pour que nous soyons habitués à cette vie à nouveau.

Comment se passe votre vie sociale et professionnelle aujourd'hui dans votre pays d'origine ?

Bert travaille toujours dans la même entreprise mais aux Pays-Bas. Je suis en train de convertir le site internet que nous avons commencé à Taïwan pour partager notre aventure. Aujourd'hui, nous offrons plus d'informations et de conseils aux expatriés aux Pays-Bas. De mon expérience d'expatriée à Taïwan, je sais à présent sur quel plan j'aurais aimé avoir plus d'aide et j'aimerais pouvoir apporter cette aide aux personnes qui viennent s'installer aux Pays-Bas. Elles y trouveront tout ce dont elles ont besoin pour faciliter ce processus d'adaptation à un nouveau pays.

Sur le plan social, je vois beaucoup de nouvelles amitiés internationales, surtout à cause de l'école des enfants. Je pense aussi que nous nous sentons plus proches de ces familles à cause de nos expériences similaires. Cela ne veut pas dire que nous n'avons plus d'amis de nos années d'avant Taïwan, mais seules les vraies amitiés sont restées. Nous l'avions déjà remarqué depuis notre installation à Taïwan. La vie continue pour tout le monde de toute façon.

Qu'est-ce qui vous manque le plus de Taïwan ?

Au moment d'écrire ces lignes, je pense surtout au beau temps à Taïwan. Nous avons eu des températures un peu plus basses pendant 2 à 3 mois. Il arrive qu'il fasse froid, mais ce n'est pas proportionnel aux hivers longs et gris qu'on a aux Pays-Bas.

La nourriture asiatique nous manque aussi. Nous avions l'habitude de cuisiner à la maison la moitié de la semaine et les autres jours nous sortions dîner. C'était tellement pratique et pas cher de manger à Taïwan.

Y a-t-il des conseils que vous aimeriez donner aux expatriés qui souhaitent rentrer dans leur pays, particulièrement en cette période pandémique ?

Assurez-vous de connaître toutes les règles en vigueur dans le pays où vous souhaitez rentrer afin d'éviter les mauvaises surprises. Et si vous devez vous auto-isoler, prenez ce temps pour vous reposer et soyez là les uns pour les autres. Emportez des jeux et d'autres activités pour passer du temps ensemble et regardez des films sur votre ordinateur portable pour passer ces longues journées.

De manière générale, je vous conseillerais de prendre votre temps pour vous habituer à votre vie dans votre pays d'origine. Je le compare au temps dont nous avons également eu besoin à Taïwan pour nous habituer à notre nouvelle vie. Prenez du temps pour votre famille. Gardez à l'esprit que vous avez construit une relation très étroite les uns avec les autres à travers votre aventure d'expatrié, et que vous étiez principalement dépendants les uns des autres ces dernières années. Alors osez décliner les invitations de vos proches ou de vos amis s'il le faut et prévoyez un week-end pour votre famille dans la mesure du possible.

Habituellement, après une telle aventure, on arrive à avoir une image très claire de ce qu'on veut à présent dans sa vie. Essayez de vous en tenir à cela lorsque vous reviendrez et faites vos propres choix. Vous l'avez fait vous-même toutes ces années, donc cela fonctionnera sans aucun doute maintenant.

Si vous deviez tout recommencer à zéro, y a-t-il quelque chose que vous auriez fait différemment ?

Je ne pense pas. Nous essayons d'arranger au mieux les choses sur lesquelles nous avons le contrôle, et sinon, nous laissons tout venir à nous. Après de multiples aventures comme celle-ci, on arrive à être plus flexible sur ce plan.

Quels sont vos projets d'avenir ?

Nous mettons à présent plus d'accent sur la remise des diplômes aux enfants. Nous avions considéré l'option de faire l'école à la maison pendant un certain temps pour avoir plus de liberté de voyage dès qu'une opportunité se présenterait à nous. Cependant, l'école à la maison n'est pas officiellement autorisée aux Pays-Bas. C'est pourquoi nous avons décidé de rester dans le pays pendant encore quelques années, du moins jusqu'à ce que les enfants aient fait leur choix en matière d'études supérieures. Nous verrons par la suite où nous en sommes, mais notre plus grand souhait est de prendre notre retraite plus tôt et de ressentir à nouveau ce sentiment ultime de liberté en tant qu'expatriés. Il y a encore tant de belles choses à découvrir dans ce monde.