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De nombreux expatriés proposent leurs services en tant qu'enseignant de leur langue maternelle dans leur pays de résidence. S'il est indispensable d'avoir des diplômes pour enseigner dans des établissements scolaires ou des institutions quelconques, il est également possible de faire du tutorat qui, même si cela reste vivement conseillé, n'oblige pas à avoir une certification particulière. Nombreux sont les apprenants qui souhaitent simplement parler avec un natif de tous les sujets, apprenant ainsi la langue et la culture, sans pour autant passer par des cours théoriques ni travailler les notions de façon scolaire.
Mais est-il viable en expatriation, d'enseigner sa langue maternelle ? Plusieurs témoignages inspirants nous illustrent leur vie de professeur à l'étranger…
Des expatriés qui aiment ce qu'ils font et ne s'en lassent pas
Laura est Irlandaise. Elle a vécu 4 ans en France, où elle a enseigné l'anglais à des professionnels, dans des associations et en cours privés. Durant ces 4 années, elle arrivait à bien s'en sortir financièrement car elle avait la possibilité de travailler en face-à-face, une option bien mieux rémunérée que les cours par téléphone qu'elle donnait également. Si elle est arrivée à Paris avec très peu de connaissances de la langue française, elle a su s'adapter et a acquis un niveau intermédiaire. Depuis 2013, Laura vit en Écosse et bien qu'elle se soit expatriée dans un pays anglophone cette fois-ci, elle poursuit sa mission d'enseignante grâce à des cours 100% à distance, qu'elle déploie à l'étranger.
Ninotchka a, quant à elle, un parcours atypique. Elle a vécu toute une vie d'expatriée pourrait-on dire. Née en Espagne, elle a grandi aux États-Unis puis a passé la majeure partie de sa vie en Angleterre où elle a acquis la nationalité. Depuis 2018, elle s'est établie en France avec son époux qui est expat aussi. Elle se souvient de leur arrivée en France, sans grandes connaissances de la langue. Ils ont suivi 6 semaines de cours pour se perfectionner, mais les confinements et la pandémie les ont privés de nombreuses interactions qui leur auraient probablement été bénéfiques. Grâce à son mari, Ninotchka s'est vite adaptée à sa vie dans le sud de la France et n'a pas eu le mal du pays, ce qu'elle redoutait en s'y installant. Concernant l'enseignement, elle salue tout particulièrement l'aide de son ami anglais James (voir plus bas) qui l'a recommandée auprès de son propre employeur et grâce à qui elle n'aurait pas eu le réflexe de se tourner vers l'enseignement de l'anglais et de l'espagnol. Elle enseigne aujourd'hui ces deux langues aux adultes mais aussi à des enfants, en cours privés et auprès d'une société spécialisée. Elle donne même des cours à très longue distance. Selon elle, on peut bien vivre en tant que professeur expat en France. Elle avoue que le distanciel a joué un rôle essentiel dans le développement de sa propre activité et met en garde : les cours en présentiel à eux seuls peuvent ne pas être suffisants selon la région où l'on s'établit.
À Maurice, Francine est professeure de français, sa langue maternelle. Elle a commencé en tant qu'auto-entrepreneuse il y a 8 ans avant de travailler pour une société de formation locale. Elle délivre aujourd'hui des formations en entreprise principalement, en face-à-face et en ligne, Covid oblige. L'avantage de Maurice est que les apprenants ont, pour la plupart, acquis des bases de français au cours de leur scolarité. La langue administrative étant l'anglais, le français reste néanmoins la langue parlée du pays, en plus du Kreol mauricien, mais il y a de gros besoins tout de même et elle a beaucoup à faire. Grâce à cet emploi mais surtout grâce à des cours privés qui complètent ses revenus, elle arrive à bien vivre sur son île d'adoption et profite de chaque instant car son métier la passionne. Sa fierté personnelle, est d'avoir des apprenants anglophones sans aucunes connaissances qui au bout de 30 heures, arrivent à tenir une conversation.
L'enseignement aux enfants n'est pas en reste
Marion est native d'Angleterre et expatriée à Maurice depuis 2014. Elle a enseigné à des adultes en arrivant dans le pays, par le biais d'un institut spécialisé. Depuis quelques années, elle travaille exclusivement avec les enfants dans une école française où elle enseigne l'anglais mais aussi l'histoire géographie en anglais pour des classes internationales. Elle a eu la chance de pouvoir s'établir facilement dans le pays car son mari est Mauricien, ce qui l'a grandement aidé pour s'installer. Concernant la vie d'expatrié à Maurice, elle explique que les voitures sont très chères tout comme la scolarité des enfants en école privées. Les locations immobilières peuvent l'être aussi selon ce que l'on cherche, mais il est possible néanmoins de vivre correctement. Cela reste un challenge si l'on n'a pas d'aide. Il faut bien se préparer en amont.
James vient du Royaume-Uni. Il vit et enseigne l'anglais en France depuis 2013 à des adultes mais aussi à des jeunes préparant leur bac. En arrivant en France, il avoue qu'il pensait parler français, mais a vite dû se résoudre à prendre des cours, ce qui lui a donné l'envie d'en donner lui-même. Il a alors réduit ses activités avec l'Angleterre, effectué une formation en vue d'obtenir son TEFL, et a immédiatement commencé à travailler. « C'était facile », nous dit-il. Actuellement, son activité est florissante sur le territoire national mais il rejoint d'autres témoignages : grâce au distanciel, il arrive à couvrir toutes les régions de France en utilisant des logiciels bien connus, et en plus, c'est son employeur, une société de formation linguistique, qui lui trouve les clients ! Que demander de plus ?
Et bien, puisqu'il est satisfait de sa situation et de son métier, il a partagé son expérience en recommandant son amie Ninotchka pour faire pareil… Et elle en est ravie, comme on l'a vu.
Enseigner est plus complexe dans certaines régions que d'autres
Ronald a aussi un profil atypique. Né au Brésil, il a grandi au Brésil et en Allemagne. Retourné à São Paulo en 2010, il est professeur d'allemand et d'anglais. Entre 2013 et 2016, il a enseigné en entreprise, à des adultes ainsi qu'à des clients privés de São Paulo. Depuis 2016 il a étendu ses activités par le biais de sociétés de formation en ligne. Ses apprenants ne sont plus seulement au Brésil. Ce choix est stratégique et lié au fait que les seuls cours en local permettent de vivre, c'est vrai, si l'on travaille avec des instituts ou écoles privés. Mais le fait de travailler avec des sociétés étrangères permet d'avoir de meilleurs revenus car ils paient mieux et en EUR ou USD, ce qui est sécurisant, selon Ronald.
Rose vient du Royaume-Uni. Elle vit en Bulgarie depuis 12 ans. Elle enseigne uniquement à des sociétés privées en distanciel. Il y a 8 ans, elle avait pourtant enseigné dans une Université en Économie mais elle nous rappelle une réalité locale sur sa discipline. En Bulgarie, les langues étrangères ne sont pas considérées comme des matières socles, à l'instar des maths, histoire géographie et autre. Aussi, les professeurs de langues ne sont payés que 400 euros par mois alors que les autres professeurs gagnent beaucoup plus. Cela n'est pas viable, selon elle. Aujourd'hui, elle enseigne en distanciel à des adultes, par le biais de sociétés internationales. Cela lui permet de vivre décemment avec un salaire d'Europe occidentale, tout en vivant dans le pays le plus pauvre de l'UE.
Des expatriés qui ont cela dans le sang et s'investissent même après leur retour
Hélène a vécu 10 ans au Canada où elle a enseigné sa langue maternelle, le français, dans une association à but non lucratif canadienne qui a pour objectif la promotion de la langue française à l'étranger. Elle y a enseigné surtout aux enfants. Son intégration y a été assez simple car elle est venue pour un stage initialement en tant que responsable du service culturel et gestion des ressources… Puis elle a été embauchée et son poste a évolué. En arrivant, elle estimait avoir un niveau intermédiaire en anglais, mais au bout de 10 ans, elle est devenue parfaitement bilingue et a même obtenu la nationalité Canadienne. De sa propre expérience, elle nous explique qu'il est aisé de trouver un emploi en tant que professeur de langue. Les professeurs natifs y sont très recherchés car c'est un pays bilingue dont la seule province réellement francophone est le Québec. Mais les autres provinces ont aussi de réels besoins. Dans le public, il faut généralement un diplôme (du moins en Colombie britannique). Dans le privé et les associations, on peut travailler même sans diplômes et il y a beaucoup d'écoles francophones dans tout le pays. Le coût de la vie est une question compliquée. Il peut être très élevé, dépendant de la province où l'on se trouve. À Vancouver par exemple, tout est très onéreux, mais Hélène nous rassure : on peut néanmoins bien vivre en tant que « prof expat ».
Aujourd'hui, Hélène n'est plus au Canada. Bien qu'elle soit sur le sol français, elle continue à enseigner le français et a ajouté l'enseignement de l'anglais depuis quelques années. Un beau développement de carrière avec toujours autant de plaisir à partager ses connaissances aux autres.
Berna, une Américaine, a vécu 20 ans en France. Elle n'enseignait pas sa langue maternelle à ce moment-là mais a vu le potentiel et les besoins en professeurs natifs quand elle y était, jusqu'en 2005. Elle-même ne parlait pas le français en arrivant et l'a appris par la suite. Elle côtoyait des professeurs expatriés qui semblaient pouvoir en vivre sans problème. Ayant trouvé un grand intérêt à la formule distancielle, elle se consacre depuis son retour aux États-Unis à enseigner sa langue maternelle à des adultes pour le compte d'une société spécialisée proposant des cours à distance aux cadres français. Peut-être est-ce une façon pour elle de prolonger un peu son expatriation, même si elle ne la vit plus au quotidien ?
Que la vie soit difficile ou non dans les pays que nous ont fait découvrir nos expats, ils ont trouvé le moyen de pouvoir vivre une vie agréable en joignant parfois l'enseignement international aux cours locaux pour la rendre encore meilleure. Professeurs jeunes et moins jeunes, voire retraités, une même réalité semble tous les habiter : quand on aime partager ses connaissances, c'est un feu qui brûle en nous et dont la flamme ne s'éteint pas aussi facilement. Il suffit parfois d'une étincelle pour se lancer dans l'aventure du tutorat. Mais gare à celui qui répondra à l'appel, au risque d'aimer cela au point de ne plus pouvoir s'arrêter…