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Corée du Sud : ces secteurs qui souffrent de pénurie de main-d'œuvre

industries en Coree du Sud
trabantos / Shutterstock.com
Écrit parAsaël Häzaqle 31 Janvier 2023

2023 sera-t-elle l'année de la nouvelle impulsion économique, voire démographique ? C'est ce que pense le gouvernement coréen, qui présente son plan pour relancer l'économie. Conscient que d'importants secteurs souffrent d'une pénurie chronique de main-d'œuvre, il fait un nouveau pas vers l'accueil des étrangers. Quels sont les secteurs les plus touchés par les pénuries ? Quels sont ceux qui recrutent les expatriés ?

Manque de main-d'œuvre critique dans l'agriculture et l'industrie

La Corée du Sud manque de bras. Le gouvernement se lance dans une campagne internationale de recrutement. Il espère attirer quelque 110 000 travailleurs étrangers cette année pour soutenir l'agriculture et l'industrie, particulièrement frappées par la pénurie de main-d'œuvre.

« Bien, mais peut mieux faire », répondent les entreprises. Selon la puissante Korea Entreprise Federation, 40 % des petites et moyennes entreprises estiment que le gouvernement n'a pas saisi l'ampleur de la crise. Pour eux, il faudra recruter davantage. De nombreuses exploitations agricoles fonctionnent déjà avec une majorité de salariés étrangers (80 % pour certaines). Elles affirment qu'elles ne parviendront pas à maintenir leurs activités sans davantage d'ouvriers étrangers. Même craintes pour le secteur industriel. Un secteur qui pèse, en 2020, 25 % du PIB sud-coréen.

Malgré la crise sanitaire, le PIB du pays s'est établi à 4 % en 2021. Mais la crise inflationniste et internationale menace l'économie coréenne. Le président Yoon Seok-Youl s'est d'ailleurs dit davantage préoccupé par la poussée inflationniste que par le ralentissement de la croissance. En 2022, l'inflation était en moyenne de 5 %, contre 2,5 % en 2021. La Korea Entreprise Federation appelle le gouvernement à accueillir davantage de travailleurs étrangers.

Expatriés en Corée du Sud : les autres opportunités 

Outre l'agriculture et l'industrie, d'autres secteurs recrutent des travailleurs étrangers : les métiers d'assistant en langue étrangère (principalement anglais), l'enseignement (professeur d'anglais), la restauration (service, cuisine), les télécommunications, la chimie ou l'automobile. Des opportunités sont également à saisir dans le marketing, l'informatique, les métiers du web et le commerce. Si certains secteurs recrutent des personnels peu qualifiés, d'autres requièrent de solides qualifications.

Ainsi, les conditions pour être professeur d'anglais sont très strictes. Le candidat doit au moins être diplômé du bachelor's degree, présenter un diplôme d'aptitude (par exemple, le Teaching English as a foreign langage). Il doit également posséder la nationalité sud-africaine, canadienne, néo-zélandaise, américaine, australienne, irlandaise ou britannique. Dans le même sens, travailler comme ouvrier qualifié, technicien ou ingénieur demande des qualifications spécifiques.

Le marché du travail coréen est réputé difficile à percer. Les entreprises coréennes recrutent en premier lieu des Coréens. Les étrangers auront plus de chance dans les services, la Tech, les métiers de l'innovation (data scientist, data analyst, ingénieur…). Dans tous les cas, il est fortement recommandé de parler coréen, même si l'on vise une entreprise internationale. Les échanges se font essentiellement en coréen ; la maîtrise de la langue est l'un des premiers critères que vérifie l'employeur.

La Corée du Sud cherche des cols bleus

En juin 2022, la Corée du Sud comptait 230 000 postes vacants, notamment dans le secteur industriel. La construction navale et les industries manufacturières, qui fonctionnent avec beaucoup de main-d'œuvre, étaient particulièrement touchées. Même constat pour les autres secteurs employant une main-d'œuvre importante, comme la restauration et le commerce de détail.

Le manque de main-d'œuvre dans les secteurs agricoles et industriels n'est pas nouveau. C'est une crise née avant la pandémie, qui ne cesse de s'aggraver. Les jeunes Sud-Coréens fuient ces secteurs professionnels, qu'ils estiment peu gratifiants, dangereux, et sales.

Le cas de la construction navale illustre bien le problème. Faibles salaires, pénibilité, dangerosité et accidents du travail, dérives de la sous-traitance… Le secteur est en pénurie chronique depuis plusieurs années. Selon le Korea Labour Institute, entre 2016 et 2021, 88 travailleurs sont morts dans des accidents du travail. Le secteur espérait un retour des travailleurs avec le redémarrage économique post-confinement, mais les salariés ne sont pas revenus. Au milieu de la Covid, les embauches de livreurs (+22%, soit 80 000 embauches) ont explosé pour répondre à une nouvelle demande. Dans le même temps, 30 000 postes de chauffeurs de bus et 20 000 postes de chauffeurs de taxi ont été supprimés. Malgré de nombreux postes à pouvoir, les demandeurs d'emploi ne se sont pas réorientés vers l'industrie. Les mauvaises conditions de travail refroidissent les potentiels candidats.

Quelle protection pour les expatriés ?

Le chantier est grand pour la Corée du Sud. Pour attirer les travailleurs, le pays devra revoir, et ses conditions de travail, et son droit, notamment concernant la protection des travailleurs étrangers. Les associations de protection des étrangers basées en Corée du Sud ont profité de l'annonce du gouvernement pour rappeler les manquements de l'État. Déjà, dans les années 2000, le pays était accusé de surexploiter la main-d'œuvre étrangère. En 2006, une enquête d'Amnesty International révèle les abus d'employeurs : discrimination, violences physiques et verbales, intimidations, heures supplémentaires non payées, hébergements de fortune, accidents du travail, salaires trop faibles ou non payés, interdiction de changer d'emploi (avec parfois, selon l'organisation, le soutien de l'administration publique).

Durant l'hiver 2020, la mort d'un travailleur cambodgien de 31 ans rappelle les conditions dans lesquelles travaillent les expatriés employés dans les secteurs peu qualifiés. Le travailleur cambodgien a été retrouvé mort dans une habitation de fortune de Pocheon (ville située à environ 2 heures de Séoul). Le gouvernement a réagi : désormais, les employeurs ont l'obligation de construire de nouveaux logements pour leurs travailleurs expatriés. Le gouvernement s'est engagé à ne plus délivrer de permis de travail aux employeurs qui continueraient de loger leurs travailleurs dans des conditions indignes.

Mais pour les associations, le gouvernement ne va pas assez loin. Ils pointent le ministère de l'Emploi et du Travail qui, selon eux, ne se donnerait pas les moyens de vérifier que sa nouvelle politique est bien appliquée. De fait, les conditions de travail dans les secteurs peu qualifiés restent difficiles. Elles le sont encore plus pour les étrangers.

Comment attirer les expatriés en Corée du Sud ?

Pour lutter contre les pénuries de main-d'œuvre et redynamiser l'économie et la démographie, le président Yoon Seok-youl propose d'augmenter le temps de travail jusqu'à 69 heures par semaine (la durée légale est fixée à 40 heures). Le président prône la flexibilité : chaque entreprise pourrait moduler son temps de travail en fonction de la demande. Les heures en plus donneraient davantage de congés (des heures supplémentaires seraient converties en vacances). La réforme doit être présentée en février. Les opposants dénoncent déjà un projet contre-productif. Les associations de défense des travailleurs étrangers s'inquiètent d'une mesure qui pourrait aggraver les conditions de travail des plus précaires. Reste à voir si le gouvernement entendra leurs voix.

Liens utiles :

Teaching English as a foreign langage (TEFL)

Global Seoul Center (organisme de formation)

Korea Bangladesh Chamber of Commerce and Industry (KBCCI)

Chambre de Commerce et d'Industrie Franco-Coréenne (FKCCI)

Korea Chamber of Commerce and Industry (KCCI)

Korea professionnal

Travailler
Travail
Corée du Sud
A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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