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Nationalisation des emplois : quel impact sur les expatriés ?

employes arabes au bureau
Shutterstock.com
Écrit parAmeerah Arjaneele 13 Février 2023

Le phénomène dit « nationalisation de l'emploi » se produit lorsque des expatriés sont systématiquement remplacés par des locaux dans divers emplois. Ces dernières années, les pays du Conseil de coopération du Golfe se sont retrouvés sous les feux des projecteurs pour avoir mis en œuvre des mesures de nationalisation des emplois à l'échelle nationale.

Quelle est la raison d'être de la nationalisation de l'emploi ?

Les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à savoir l'Arabie saoudite,le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, ont renforcé leurs stratégies de nationalisation de la main-d'œuvre depuis 2020. Il est bon de savoir que les secteurs privés de ces pays dépendent largement des expatriés depuis les années 1970. Cependant, suite au ralentissement économique mondial entraîné par la Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ils ont décidé de réduire le taux du chômage au niveau national.

La seule façon d'y parvenir consiste à offrir les emplois détenus par les expatriés aux citoyens locaux. C'est aussi un moyen d'encourager l'emploi des femmes. En effet, la population féminine des pays du Golfe, même si elles ont pour la plupart une formation universitaire, est encore minoritaire au sein du marché du travail de la région.

Au Koweït, la politique de « koweïtisation » vise à atteindre un ratio de 50:50 entre les expatriés et les travailleurs locaux d'ici 2025 et un ratio de 30:70 d'ici 2030. Le « Siasat Daily » rapporte qu'en 2022, le nombre d'expatriés dans le secteur public koweïtien a chuté de 70 %. Les expatriés travaillant dans le secteur de l'éducation ont également été récemment été ciblés : plus de 200 chefs de département ont été rétrogradés en janvier et environ 1 800 enseignants seront remerciés au cours des prochains mois. Ils seront remplacés par des Koweïtiens en attente d'une promotion depuis de nombreuses années.

En Arabie saoudite, le processus similaire de « saoudisation » (appelé « Nitaqat » en arabe) s'inscrit dans le cadre stratégique plus large du concept baptisé Saudi Vision 2030. « The Saudi Gazette » indique que la première phase a débuté en décembre 2021. Sa deuxième phase a été enclenchée en janvier 2023. « Arab News » souligne qu'à la fin de la première phase, c'est-à-dire au troisième trimestre de 2022, les institutions du marché des capitaux ont réussi à faire en sorte que les Saoudiens représentent 77 % de l'ensemble de leurs effectifs. Dans cette deuxième phase, divers secteurs, notamment des entreprises de réparation d'ordinateurs à l'ingénierie maritime en passant par le marketing, doivent atteindre un ratio de « saoudisation » de 70 % à 100 % à différentes échéances en 2023 et début 2024, fait ressortir le cabinet d'immigration « Fragomen ».

À Oman, le mouvement dit « omanisation » a exclu les expatriés de 207 emplois : agents des ressources humaines, épiciers, ambulanciers, auxiliaires de justice, psychologues, inspecteurs de la sécurité au travail dans le secteur de l'énergie, entre autres. Le « Gulf News » a signalé fin 2022 que les emplois dans cinq secteurs clés de l'économie (pétrole, banque, télécommunications, hôtellerie, assurance) se sont considérablement nationalisés en l'espace de deux ans. Par exemple, près de 95 % des emplois dans les banques commerciales sont désormais occupés par des citoyens omanais.

Que pensent les expatriés de la nationalisation de la main-d'œuvre ?

Derrière ces objectifs quantitatifs, l'on trouve des expatriés individuels ayant un attachement à leur pays d'adoption, des espoirs et des sentiments de désillusion. Certains ont partagé leurs opinions et leurs sentiments sur le forum d'Expat.com et lorsqu'ils ont été sollicités sur les réseaux sociaux.

Nous avons sollicité la réaction d'un expatrié grec sur le groupe Facebook « Expats in Oman ». Daniel dit espérer « qu'Oman puisse trouver un équilibre entre le soutien à accorder à ses citoyens et la possibilité pour les expatriés de continuer à contribuer au développement du pays ». Il vivait à Oman, mais a récemment décidé de s'installer aux Émirats arabes unis pour des opportunités de travail plus favorables aux expatriés dans le secteur de l'hôtellerie.

Avec un e-visa en poche, Daniel a eu du mal à trouver un emploi dans ce secteur à Oman. Mais aux Émirats arabes unis, il est parvenu à obtenir un bon poste dans une multinationale en pleine expansion dans le secteur de de la restauration. Si une politique de nationalisation appelée « émiratisation » existe également aux Émirats arabes unis, elle est moins intense que l' « omanisation ». Le « Khaleej Times » explique que les entreprises privées ne sont tenues d'augmenter leur nombre de travailleurs émiratis qu'à hauteur de 1% tous les 6 mois.

Daniel estime que dans les pays du Golfe, les expatriés et le tourisme devraient être considérés comme aussi précieux que les ressources naturelles comme le pétrole. Face aux nouveaux complexes d'appartements en construction à Mascate, il se demande qui va les acquérir si la population d'acheteurs expatriés continue de diminuer. « Oman est un pays formidable doté d'une grande culture et d'une grande hospitalité, mais il devrait investir davantage dans l'immigration afin d'assurer un avenir durable et prometteur au sein du Moyen-Orient », dit-il.

Nous avons également interrogé un autre expatrié à Oman sur cette même plateforme. Hyder, originaire du Pakistan, partage l'avis de Daniel. Selon lui, Oman devrait suivre le même modèle économique et d'immigration que les Émirats arabes unis. « Les expatriés apportent des investissements qui jouent un rôle majeur dans l'économie de n'importe quel pays. Conserver les expatriés plutôt que les remplacer peut apporter à Oman autant de prospérité qu'aux Émirats arabes unis ».

D'autres pays n'ont peut-être pas de politique officielle de nationalisation, mais la préférence est tout de même donnée aux locaux par rapport aux expatriés de manière indirecte. Sur le forum d'Expat.com, Mithié, un expatrié français au Maroc, estime qu'il est tout à fait normal que dans ce pays d'Afrique du Nord, les candidats locaux soient préférés aux expatriés tant qu'ils ont les compétences requises. À ses yeux, c'est important afin de réduire le taux de chômage parmi les jeunes diplômés locaux. Dans plusieurs pays européens, le « test du marché du travail » est aussi une forme indirecte de priorité accordée aux locaux. Ce test sert à déterminer si aucun candidat n'est disponible localement pour occuper un poste spécifique avant qu'une entreprise ne soit autorisée à recruter un expatrié.

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A propos de

Ameerah est chargée de cours et tutrice privée enseignant l'espagnol et le mandarin à l'île Maurice. Elle a aussi été traductrice indépendante, éditrice et rédactrice de contenu pendant une décennie. Elle a vécu à Madrid et à Pékin.

Commentaires

  • comtehenri
    comtehenril'année dernière

    Et pendant ce temps en France c est la porte ouverte aux étrangers, de qui se moque t on? Au Maroc énormément de professions sont fermées aux étrangers. Médecin, architecte, professions libérales… il est temps que l on fasse la même chose et que l o ferme les portes à ces pays qui nous traitent de racistes dès que l on accepte pas leurs ressortissants mais qui eux ne se gênent pas. Même pour séjourner au Maroc c est compliqué alors que la France brade son passeport et fournit la double nationalité à tous les escrocs d Afrique….

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