Expatriation : où partir pour payer moins d'impôts ?

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Écrit par Asaël Häzaq le 03 avril, 2023
Où faut-il s'expatrier pour payer moins d'impôts ? Si l'évasion fiscale est un délit, l'optimisation fiscale (qui consiste à utiliser des moyens légaux pour réduire son imposition) est permise. Des États en profitent pour offrir une fiscalité particulièrement avantageuse pour leurs expatriés. Ces avantages sont-ils néanmoins toujours synonymes d'économies ? Existe-t-il d'autres formes de taxes ?

Expatriation et non-imposition : les meilleures destinations

Sans surprise, les meilleures destinations pour échapper aux impôts se trouvent dans les pays du Golfe et les Caraïbes. Aux Émirats arabes unis (EAU), les expatriés sont exonérés de l'impôt sur le revenu. Ils ne paient pas non plus d'impôt sur les plus-values et sur les successions. Le Bahreïn, le Koweït, le Qatar et Oman adoptent des politiques similaires. En Arabie saoudite, les expatriés ne paient pas l'impôt sur le revenu.

Comme dans les pays du Golfe, les expatriés vivant aux Bahamas sont exonérés d'impôt sur le revenu, d'impôt sur les plus-values et sur les successions. Les expats des Bermudes ne paient pas d'impôt personnel à condition d'avoir un permis qui les autorise à travailler sur place. Les Iles Caïmans exonèrent également les expatriés de tout impôt personnel.

Un État d'Europe se démarque : Monaco. Situé non loin de Nice, ville du sud de la France, le rocher monégasque exonère ses expatriés de l'impôt personnel. D'autres destinations qui avantagent les expatriés existent, comme Antigua & Barbuda, le Brunei, le Luxembourg ou les Pays-Bas. Aux États-Unis, les États de Floride, du Texas, de Washington ou d'Alaska ne prélèvent pas l'impôt sur le revenu.

Non-imposition : la controverse des paradis fiscaux

Par définition, un paradis fiscal est un État qui offre des avantages fiscaux aux non-résidents qui placent des capitaux sur son territoire. En 2023, les Iles Vierges Britanniques, les Iles Caïmans, le Luxembourg ou certains États américains sont considérés comme des paradis fiscaux. La liste varie cependant en fonction des États. Par exemple, la Suisse, les Émirats arabes unis ou même Monaco sont dans une zone grise. Certains les considèrent toujours comme des paradis fiscaux, d'autres, non.

Ainsi, en 2019, la Suisse est sortie de la liste des paradis fiscaux de l'Union européenne (UE). Mais en novembre 2022, une délégation du Parlement européen en visite en Suisse considère que malgré ses efforts, la Confédération helvétique demeure « un havre du secret fiscal ». Pour l'OCDE et l'UE, Monaco n'est plus un paradis fiscal au sens strict du terme, mais un pays « sans fiscalité directe ». Reste qu'il offre des avantages notables pour ses riches expatriés. Beaucoup le considèrent encore comme un paradis fiscal. Même vision pour les Émirats arabes unis, même si le pays veut se donner une nouvelle image. À partir de juin 2023, il prélèvera pour la première fois un impôt sur les entreprises. La taxe sera cependant faible (9%) pour continuer d'attirer les investisseurs étrangers. En concurrence directe avec l'Arabie saoudite, les EAU veulent s'ériger en pôle d'attractivité pour les riches expatriés.

Taxer les salaires des expatriés ?

En Égypte, la polémique a enflé avec une rapidité telle que le gouvernement s'est empressé de publier un démenti. La polémique est née début mars, lorsque les médias locaux rapportent une proposition qui émanerait du vice-président du Sénat Abu Shoka. Le politique aurait laissé entendre que l'État pourrait ponctionner un pourcentage du salaire des expatriés égyptiens. Devant l'ampleur de la polémique, Shoka rétropédale le jour même. Trop tard pour stopper la vague d'inquiétude qui s'empare des expatriés égyptiens. Beaucoup se demandent pourquoi ils devraient payer une taxe pour avoir travaillé à l'étranger. Pour eux, la mesure est d'autant plus injuste qu'ils contribuent à l'économie égyptienne en y reversant une partie de leur salaire (notamment sous forme de fonds envoyés à leur famille).

La ministre de l'Émigration et des Affaires des expatriés Soha -El Gendy réagit dès le lendemain de l'affaire. Non, le gouvernement n'a aucune intention de taxer les salaires et les fonds qu'envoient les expatriés égyptiens. Abu Shoka confirme que le pays ne fragilisera pas les revenus de ses expatriés. Au contraire, l'Égypte continuera d'assurer leur protection, car ils représentent une « richesse nationale ».

En effet, les 12 à 14 millions d'Égyptiens travaillant à l'étranger rapportent beaucoup. Selon la Banque centrale égyptienne, ils ont réinjecté dans le pays 31,9 milliards de dollars en 2021-2022. Si la Banque centrale note une légère baisse des transferts de fonds pour l'exercice 2022-2023, elle confirme l'importance capitale de cette manne financière. Les réserves du pays sont en hausse ; elles ont atteint 34,3 milliards de dollars en février dernier.

Les économies sont-elles toujours au rendez-vous ?

La crise inflationniste de 2022 a fait flamber les prix des biens de consommation et des services. Même dans les pays qui n'appliquent pas de TVA, la vie a un coût. Certains pays à la fiscalité avantageuse sont aussi ceux où le coût de la vie atteint des sommets. Pour vivre aux Iles Caïmans, à Monaco ou aux Bahamas, mieux vaut avoir de solides revenus.

D'autres États imposent des conditions strictes : pour résider au Bahreïn, les expatriés doivent posséder un bien immobilier d'une valeur d'au moins 530 000 dollars. Les retraités expatriés doivent recevoir un revenu mensuel d'au moins 10 500 dollars. D'autres États peuvent imposer des frais ; ils ne sont pas considérés comme des taxes, mais constituent tout de même un coût supplémentaire. Le Qatar, par exemple, ne prélève pas d'impôt foncier. Mais le gouvernement peut faire payer des frais d'enregistrement du bien immobilier acheté.

Au jeu de l'optimisation fiscale, il faut au préalable s'assurer d'avoir les bonnes cartes en main. Les expatriés gagnants sont avant tout ceux qui bénéficient d'un certain niveau de revenus. Lorsqu'ils investissent à l'étranger, ils ne mettent pas en jeu des revenus essentiels à leur survie, mais des revenus qu'ils sont prêts à perdre. C'est l'une des règles de base pour investir tout en protégeant son capital. Il n'est donc pas forcément nécessaire de s'expatrier dans des pays à la fiscalité avantageuse pour économiser. Même au Danemark, en France ou en Belgique, pays champions de l'imposition, il est possible de faire des économies, en profitant notamment des dispositifs de défiscalisation mis en place. Car même les champions de l'imposition bataillent pour attirer les riches expatriés.

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.