Selon les derniers chiffres publiés par Campus France, le nombre d'étudiants internationaux dans le pays a augmenté de 8 % sur la période 2021-2022. Le pays compte actuellement plus de 400 000 étudiants internationaux, le nombre le plus élevé en 15 ans. Cette croissance s'explique par une forte augmentation du nombre d'étudiants originaires des Amériques (+15 %) et d'Europe (+13 %). La raison évoquée : le caractère abordable et la qualité de l'enseignement en France.
Le nombre d'étudiants étrangers en France a augmenté, même avant la pandémie
Le fait que les inscriptions d'étudiants étrangers aient augmenté après la phase la plus grave de la pandémie de Covid-19 peut ne pas être considéré comme une grande nouvelle. Il est tout à fait normal que, par rapport à l'année universitaire 2020-2021, il y ait eu 8 % de plus d'étudiants étrangers inscrits à la fin de l'année 2021. Il était alors plus sûr de voyager.
Ce qui est surprenant en revanche, c'est que ce nombre est encore plus élevé qu'en 2019, c'est-à-dire avant la pandémie. Campus France indique que le nombre de candidatures reçues à l'automne dernier était supérieur de 18% qu'à celui de 2019. À la fin du mois d'août 2022, 140 000 étudiants internationaux avaient postulé auprès des universités françaises. Si l'on ajoute le nombre d'étudiants déjà présents dans le pays (pas ceux qui sont en première année), c'est un total de +400 000 étudiants internationaux dans le pays au même moment, ce qui est un record en 15 ans.
De quels pays proviennent les demandes d'admission ? Historiquement, en raison des liens postcoloniaux et linguistiques, la majorité des étudiants internationaux viennent d'Afrique et du Moyen-Orient. Les demandes en provenance d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont en effet augmenté de 10 % en un an. Cependant, les demandes en provenance d'Afrique subsaharienne, qui compte également de nombreux pays francophones, ont ralenti, passant d'une croissance moyenne de 8 % à 5 %. La plus forte croissance, celle qui a probablement entraîné la hausse du nombre total d'étudiants, émane en fait de l'Amérique du Nord et de l'Europe.
Les étudiants nord-américains et européens attirés par les prix inférieurs et la qualité des études en France
En 2021-2022, le nombre d'étudiants originaires du continent américain a augmenté de 15 % par rapport à l'année précédente. Il s'agit principalement d'Américains et de Canadiens, car la croissance provenant de l'Amérique du Nord a été de 43 %. À eux seuls, les États-Unis affichent une hausse impressionnante de 50 % en une seule année. En ce qui concerne l'Europe, de nombreux pays, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Union européenne, accusent une augmentation de près de 25 %, voire plus. L'Espagne et le Royaume-Uni ont vu 25 % d'étudiants de plus partir en France, tandis que l'Italie et l'Allemagne ont vu le départ de 16 à 17 % d'étudiants en plus.
Campus France ne fournit pas d'analyse plus approfondie sur les raisons de cette tendance, mais il est facile de deviner que l'accessibilité et la qualité de l'enseignement supérieur en France doivent y jouer un rôle. Avec l'Allemagne, la France est l'une des destinations d'études les plus abordables en Occident et parmi les pays les plus développés.
Avant 2019, les étudiants internationaux non-ressortissants de l'UE ou de l'EEE n'étaient pas soumis aux frais d'inscription dans les universités publiques ; ils ne devaient s'acquitter que de frais administratifs minimes et prévoir leur coût de la vie. Ils étaient de facto considérés comme égaux aux étudiants nationaux. En 2019, une réforme très contestée du gouvernement d'Emmanuel Macron a introduit des frais d'inscription allant de 2 770 € à 3 770 € par an pour les étudiants non-ressortissants de l'UE ou de l'EEE. La tranche inférieure est payée par les étudiants de premier cycle et la tranche supérieure par les étudiants en master. En raison de leur importante contribution à la recherche dans le pays, les doctorants non-ressortissants de l'UE ou de l'EEE ne paient que 380 euros par an.
Cette hausse des frais d'inscription pour les étudiants non-ressortissants de l'UE/EEE a pu limiter la capacité de certains étudiants d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie à étudier en France. Toutefois, pour les étudiants provenant des pays d'Amérique du Nord et d'autres pays européens, ces frais restent nettement inférieurs à ceux pratiqués dans leur propre pays. Les étudiants britanniques doivent payer environ 9 000 livres sterling, soit plus de 10 000 euros, par an dans leur pays. En payant 30 % de moins, poursuivre ses études en France peut donc s'avérer avantageux.
Comme le Royaume-Uni, les États-Unis ont la réputation d'avoir des frais de scolarité élevés, même pour les étudiants américains. La dette étudiante est devenue une véritable crise aux États-Unis, chaque génération accumulant plus de dettes que la précédente. Bloomberg rapporte que la génération Z est plus endettée que les milléniaux. Parallèlement, les Américains ont de plus en plus tendance à s'installer en Europe pour profiter d'un coût de la vie plus abordable. Ceux qui s'installent en France pour étudier font clairement partie de cette tendance.
Quant aux étudiants de l'Union européenne (c'est-à-dire ceux provenant d'Italie, d'Espagne, d'Allemagne et d'autres pays), ils peuvent toujours bénéficier de la gratuité de l'enseignement comme les citoyens français. À savoir que les études universitaires ne sont pas gratuites en Italie et en Espagne, même si les frais de scolarité nationaux sont assez faibles.
À contre-courant de la tendance générale, deux pays asiatiques, la Chine et le Viêt Nam, ont enregistré une diminution nette du nombre d'étudiants en partance pour la France, de -2 % et -4 % respectivement. Dans les deux cas, cela pourrait être davantage lié aux restrictions de voyage instaurées pendant la pandémie dans les pays eux-mêmes qu'à un quelconque changement dans leurs relations avec la France. Ces restrictions étaient encore en vigueur dans ces deux pays à la fin de 2021.
La France compte de nombreuses universités publiques d'excellente qualité, dont trois sont classées dans le Top 100 du QS World University Rankings : l'Université PSL (Paris Sciences & Lettres), l'École Polytechnique et la Sorbonne. Campus France remarque que les écoles de commerce, en particulier, attirent davantage d'étudiants étrangers. Pour s'inscrire dans une université publique, les étudiants étrangers doivent généralement avoir un niveau B2 (intermédiaire supérieur) en français, par exemple, en passant le DELF (Diplôme d'études en langue française). Certains de leurs programmes sont bilingues en anglais, mais la plupart des programmes en anglais sont proposés par des universités privées qui appliquent des frais de scolarité de 3 000 à 10 000 euros par an.
Étudiants étrangers : un bénéfice net de 1,35 milliard d'euros par an pour la France
Quelle est l'importance du secteur de l'enseignement supérieur pour l'économie française ? Une autre étude de Campus France démontre que les étudiants internationaux contribuent chaque année à hauteur de 5 milliards d'euros à l'économie française. Si l'on déduit les coûts supportés par l'État (aides au logement, bourses, sécurité sociale...), le bénéfice net s'élève à 1,35 milliard d'euros. Même si les étudiants étrangers ne paient pas ou peu de frais de scolarité, ils contribuent à l'économie en travaillant à temps partiel, en louant un logement et en achetant dans des commerces français.
En outre, les étudiants étrangers font la promotion informelle des produits et du tourisme français dans leur pays d'origine. 93 % des étudiants interrogés par Campus France déclarent qu'ils recommanderaient la France pour le tourisme et 80 % souhaitent continuer à consommer des produits français. Sur un échantillon de près de 1 000 étudiants étrangers, 88 % ont également déclaré qu'ils aimeraient travailler pour une entreprise française après l'obtention de leur diplôme. Une situation gagnant-gagnant, donc : les étudiants internationaux bénéficient d'une éducation de qualité à un coût réduit, tandis que la France profite de leur contribution économique.