Courtes mutations à l'étranger : comment concilier vie professionnelle et vie de famille

Vie pratique
  • famille se disant aurevoir
    Shutterstock.com
Écris par Asaël Häzaq le 05 mars, 2024
Votre employeur vient de vous proposer une courte mission à l'étranger ou vous promet plusieurs missions courtes dans l'année. Problème : ces projets professionnels vont-ils pouvoir concorder avec votre vie de famille ? Comment articuler les deux ? Devez-vous partir seul ou pouvez-vous emmener votre famille ? Tour d'horizon des questions à se poser et éléments de réponse.

La « mission » à l'étranger suppose-t-elle une durée précise ?

Pour rappel, on distingue deux grands types de missions à l'étranger : le détachement et l'expatriation. Le détachement correspond à une mission courte (plusieurs semaines ou mois) tandis que l'expatriation suppose une mission longue (plusieurs années). C'est l'avenant au contrat qui définira les caractéristiques de votre mutation.

Dois-je forcément accepter une mission à l'étranger ?

Que dit votre contrat ? S'il inclut des déplacements à l'étranger réguliers ou non, vous serez tenu d'accepter les missions proposées par votre employeur. Prudence donc concernant les mentions de votre lieu de travail, la définition de votre métier, et les tâches que vous devez effectuer. Les contrats de travail de professions incluant par nature de nombreux déplacements n'en feront pas toujours une mention explicite. Vous êtes supposé le savoir. Cependant, de nombreuses entreprises incluent des clauses de mobilité à leur contrat (selon le poste concerné). La clause de mobilité est une mesure permettant à votre employeur de changer votre lieu de travail sans votre accord.

Vous devez partir en voyage d'affaires ? Ce type de voyage n'est pas considéré comme une modification de votre contrat. Votre employeur doit néanmoins vous prévenir suffisamment tôt pour que vous puissiez vous préparer, et connaître les modalités de prise en charge de votre voyage (paiement à l'avance des frais de transport ou remboursement postérieur, etc.). On parle ici de « délai de prévenance ». Votre employeur doit vous informer au moins 48h à l'avance ou plus ; il vous informera plus tôt si votre destination est lointaine.

Si vous refusez une mutation à l'étranger, vous devez être en mesure d'apporter une justification « acceptable » (raisons familiales, médicales...). Tout refus injustifié peut être assimilé à insubordination professionnelle.

Ma famille peut-elle m'accompagner à l'étranger ?

Vous enchaînez les courtes missions et souhaitez que votre famille vous accompagne ? On l'a vu, votre mission est régie par un contrat. C'est dans ce contrat que vous pouvez négocier des avantages et/ou prises en charge. Les entreprises se montrent compréhensives, surtout lorsqu'il s'agit de longs déplacements à l'étranger. Les membres de votre famille sont pris en charge, obtiennent leur visa de dépendant ; vos enfants peuvent être aidés pour l'école, de même que votre conjoint, pour une recherche d'emploi, une formation… Ce cadre idéal correspond à celui du contrat d'expatriation. Mais la pratique est souvent éloignée de la théorie. Nombre de familles expatriées ne bénéficient pas de ces clauses d'expatriation avantageuses.

C'est encore plus vrai avec les missions courtes à l'étranger. Il vous sera très difficile d'emmener votre famille.

Si votre entreprise couvre vos frais de déplacement et de résidence sur place, pas sûr qu'elle le fera pour votre famille. Le coût serait bien trop élevé (d'autant plus que vous effectuez plusieurs missions à l'étranger…). La solution pourrait être tout aussi désavantageuse pour votre famille. Comment fera votre conjoint avec son travail ? Comment feront vos enfants avec l'école ? Vos déplacements fréquents font partie de votre activité professionnelle. Mais ils n'entrent pas dans le quotidien des membres de votre famille. Votre employeur préférera généralement financer votre retour dans votre pays d'accueil plutôt que l'inverse.

Qu'est-ce que « l'instruction dans la famille » (IEF) ?

Vous envisagez d'opter pour l'itinérance au long cours ? C'est en effet un moyen pour allier fréquents voyages à l'étranger et vie de famille. Les parents voyageant régulièrement tout en passant la majorité de leur temps au sein de leur pays peuvent décider d'instruire leurs enfants eux-mêmes. C'est « l'instruction dans la famille », mesure encadrée par la loi. En France, par exemple, elle est notamment prévue pour les familles en itinérance en France. Les familles concernées doivent déposer une demande d'IEF. Elle sera régulièrement contrôlée par les autorités locales et l'éducation nationale.

Les familles nomades à l'année n'entrent pas dans le cadre de l'IEF. Elles ne sont plus résidentes fiscales de leur pays d'origine ; attention tout de même à la résidence fiscale et à la nécessité ou non d'un visa. Les séjours supérieurs à 3 mois exigent souvent d'obtenir un visa (selon sa nationalité) et rendent les voyageurs résidents fiscaux du pays d'accueil. Ils dépendent donc de ses lois, y compris concernant l'éducation des enfants. Gardez également à l'esprit que l'IEF n'est pas autorisée dans tous les pays.

Courtes mutations à l'étranger et vie de famille : les conseils en plus

Difficile d'emmener sa famille dans ses bagages. Vous garderez davantage le lien en communiquant beaucoup en amont. Exerciez-vous votre métier avant de fonder votre foyer ? Les mutations sont-elles arrivées avant ou après les enfants ?

On oppose souvent celui qui part et celui qui reste. Le premier serait exclusivement dans l'action, contrairement au second, qui subirait la situation. Pour éviter d'en arriver là, répartissez équitablement les tâches avec votre conjoint. Il est évident que vous ne pourrez pas suivre la scolarité de vos enfants comme si vous étiez toujours là. De même, vous manquerez certainement des évènements familiaux, des anniversaires, des sorties. La frustration de la famille « laissée à quai » est souvent évoquée. Votre frustration est néanmoins tout aussi légitime, même si vous avez choisi cette vie.

Discutez avec votre conjoint des stratégies à mettre en place pour garder le lien. Faites intervenir vos enfants dès qu'ils sont en âge de comprendre. Sollicitez l'aide des proches. Créez des journaux de bord (en ligne ou papier, selon votre sensibilité artistique et/ou écologique…). Partagez vos aventures. Évitez les silences radio durant de longs mois, pour des retours en fanfare, les bras chargés de cadeaux. Des temps calmes pourront néanmoins intervenir ; tout dépend aussi de vos relations de famille. Respectez les caractères de chacun et voyez ensemble comment entretenir les liens de famille en prenant en compte vos fréquentes missions à l'étranger.