Expatrié en Turquie : le compte est bon

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Écrit par Maria Iotova le 12 juin, 2017
Nous parlons souvent des défis de l'apprentissage de la langue lorsque l'on part vivre à l'étranger, mais qu'en est-il de celui des chiffres ? Qui n'a jamais vécu ce moment où, fraîchement arrivé dans un pays étranger, vous attendez désespéremment que le total s'affiche sur la caisse parce que vous n'avez pas compris le montant annoncé ? Expatrié américain en Turquie, Jason parle à Expat.com de son application Foreign Numbers et de son quotidien d'entrepreneur à Izmir.

Bonjour Jason, peux-tu te présenter brièvement et nous parler de ton parcours ?

Je viens de l'Iowa, aux États-Unis. Je suis consultant logiciel, spécialisé en sites et applications avancés. J'exerce en indépendant, ce qui présente, pour moi, de nombreux avantages. Étant entrepreneur, cela me permet de travailler n'importe où dans le monde aussi longtemps que je dispose d'une bonne connexion Internet.

Qu'est-ce qui t'amène en Turquie ? Depuis combien de temps y vis-tu ?

Mon épouse, qui est américaine mais que j'ai rencontrée il y a quelques années en Turquie. Après avoir obtenu mon diplôme, je suis parti faire du volontariat quelques mois en Turquie. En bref, nous nous sommes mariés quelques années plus tard. Puis, nous nous sommes dits que cela nous plairait bien de vivre quelque temps à l'étranger. Comme nous connaissions déjà la Turquie et que nous l'adorions, le choix n'a pas été difficile. Cela fait maintenant 9 mois que nous nous y sommes installés.

D'où te vient l'idée de ton site Foreign Numbers ?

J'ai commencé à m'intéresser aux chiffres lorsque je me suis mis à apprendre le turc. A mesure que j'apprenais la langue, j'arrivais à comprendre le vocabulaire des chiffres et des nombres. En revanche, j'avais plus de mal à les saisir lorsque les autres en parlaient. C'est alors que j'ai compris qu'apprendre les chiffres et les nombres est une chose et les comprendre réellement en est une autre, et c'est ainsi que m'est venue l'idée de lancer Foreign Numbers. J'ai conçu un outil plutôt simple, pouvant me permettre de mieux comprendre les chiffres et les nombres, qui s'est éventuellement développé en une application pour aider les autres qui, comme moi, auraient les mêmes difficultés.

Qu'est-ce qui différencie Foreign Numbers des autres outils d'apprentissage en ligne ?

Internet est une véritable mine de ressources pour ceux qui souhaitent apprendre une autre langue. En fait, j'en utilise quelques unes au quotidien, et la plupart d'entre elles possèdent une section axée sur l'apprentissage des chiffres. Cependant, vous n'apprendrez que les bases du vocabulaire, ce qui vous aidera uniquement à compter, mais ce n'est pas très pratique dans la vie de tous les jours. Connaître le mot turc pour le chiffre « 50 » et noter le numéro de téléphone de quelqu'un, ou encore, demander le prix des légumes au marchand du coin, sont des choses vraiment différentes. Foreign Numbers peut donc vous aider à maîtriser tout cela.

Izmir seafront
© Jason Funk

A qui ton site est-il destiné ?

Foreign Numbers s'adresse à tous ceux apprenant une langue étrangère qu'ils doivent aussi utiliser dans leur vie quotidienne, et particulièrement aux expatriés qui sont en train de s'y initier graduellement (ou pas du tout). Je pense que cela peut être d'une grande aide parce que la compréhension des chiffres est indispensable dans la vie de tous les jours, qu'il s'agisse de l'heure, des dates, des prix ou des numéros de téléphone, surtout lorsque l'on découvre une nouvelle culture. Qui sait, vous n'aurez peut-être plus à attendre que la caissière vous remette la facture pour comprendre le prix annoncé !

Qu'apprécies-tu le plus en Turquie, et le moins ?

Il y a pas mal de choses que j'aime en Turquie, de l'hospitalité des Turcs à la proximité avec la mer. Mais si je ne devais en choisir qu'une seule, je dirais la cuisine turque qui est vraiment excellente ! De nombreuses spécialités turques ne sont pas disponibles aux États-Unis. Ici, nous les découvrons au fur et à mesure au restaurant et nous essayons également d'en préparer à la maison. Mon épouse et moi apprécions particulièrement l'aubergine qui est vraiment différente de celle que l'on trouve aux États-Unis.

Ce que j'apprécie le moins, par contre, c'est l'absence de ma famille. J'aurais tellement aimé qu'elle soit là, surtout mes 7 neveux et nièces. Bien sûr, nos parents, frères et sœurs, ainsi que nos amis, nous manquent également. Lors de notre départ, nous étions à la fois tristes de partir et excités à l'idée de vivre cette nouvelle aventure, et je dois dire que c'est toujours le cas.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris en Turquie ?

Je pense que les gens, les Américains en particulier, ont tendance à sous-estimer les Turcs. Les Turcs sont un peuple vraiment chaleureux et amical. A notre arrivée ici, pratiquement toutes les personnes que l'on croisait dans la rue étaient disposées à nous aider : elles n'arrêtaient pas de nous demander si on avait besoin de quoi que ce soit. Les Turcs sont animés d'une hospitalité exemplaire et ils sont heureux de nous compter parmi eux.

Quel est ton avis sur le mode de vie en Turquie ?

J'apprécie beaucoup ce pays, où les gens sont gentils et attentionnés, où la nourriture est délicieuse et surtout où le coût de la vie est largement inférieur par rapport aux États-Unis. Nous vivons à Izmir, une ville merveilleuse, unique en son genre. Une grande partie de sa population est d'origine grecque, ce qui fait que les gens ont une attitude plus détendue par rapport à Istanbul, par exemple.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

On s'y fait graduellement, mais je dois dire que nous avons été bien acceptés par notre voisinage. Nous n'avons pas tardé à nous lier d'amitié avec les voisins, et même avec les commerçants du coin. Tout récemment, nous avons eu l'occasion d'être invités et de participer au mariage de l'un de nos nouveaux amis. C'était un véritable honneur pour nous !

Couple in Turkey
© Jason Funk

Quel est ton niveau de langue ? As-tu une bonne maîtrise des nombres turcs ? Quel impact cela a-t-il sur ta vie quotidienne en Turquie ?

Je m'améliore graduellement. A présent, j'ai une plutôt bonne maîtrise du turc lorsque l'on va au restaurant. J'arrive aussi à mieux m'exprimer en turc au quotidien, et puis je comprends mieux  les chiffres maintenant que quand j'ai démarré ce projet. Je comprends mieux que je ne peux m'exprimer, mais je pense que c'est tout à fait normal. Il m'arrive toujours de butter sur certains nombres, mais ce n'est pas si grave.

Que fais-tu de ton temps libre ?

Mon épouse et moi, nous essayons autant que possible de mener une vie normale. Nous allons souvent au restaurant, au ciné, prendre un verre avec des amis, nous balader sur la plage. Desfois, nous préférons tout simplement rester à la maison et regarder un film à la télé. J'aime bien cuisiner, ce qui m'occupe bien souvent. Nous avons aussi trouvé une petite église, ce qui est assez surprenant vu que la Turquie est un pays à majorité musulman. Depuis, nous sommes plutôt impliqués.

Quelles nouvelles habitudes as-tu développées en Turquie ? Quelles vieilles habitudes as-tu laissé tomber ?

Depuis peu, nous avons développé ce que mon épouse qualifie d'« addiction » à l'eau pétillante. Je le qualifierais plutôt d'habitude. Je n'avais pas vraiment l'habitude de boire de l'eau pétillante aux États-Unis, mais je trouve cela extrêmement rafraîchissant.

Y a-t-il une chose que tu souhaiterais faire en Turquie mais dont tu n'as pas encore eu l'occasion ?

Il y a plein d'endroits que je n'ai pas encore visités, comme le Pamukkale et Trabzon. Pamukkale est le nom turc pour le « Château de Coton », même si, à ma connaissance, il n'y a pas vraiment de château. C'est une région du Sud-Ouest de la Turquie où il y a une grande colline composée de gisement de sel blanc et de sources thermales. Trabzon, située à proximité de la Mer Noire, est connue pour sa beauté naturelle et, plus particulièrement, pour ses champs de thé.

Quel est ton meilleur souvenir en Turquie ?

Comme je l'ai mentionné plus tôt, c'est le jour où j'ai été invité au mariage d'un ami turc. En fait, nous avons même participé à la cérémonie où l'on va chercher la mariée. Je vous explique : le futur époux, en compagnie des membres de sa famille, va chez la future mariée pour la ramener à la maison et faire partie de sa nouvelle famille. C'était une cérémonie remplie d'émotions, de joie et de larmes, de chants, de danses et de musique. C'était vraiment un honneur pour nous d'avoir été invité à participer à l'événement le plus important de leur vie.

Expat couple in Turkey
© Jason Funk

Si tu pouvais repartir à zéro en Turquie, que ferais-tu différemment ?

Nous avions l'intention, à notre arrivée, de louer un appartement meublé pendant une année. Comme nous sommes venus avec quelques valises seulement, nous recherchions un endroit où nous pourrions vivre quelque temps sans avoir à tout acheter. L'idée était de nous installer et de pouvoir changer de quartier ou de ville facilement en évitant tout le stress du déménagement. Toutefois, nous sommes tombés sur une maison non-meublée qui nous a vite séduits. Je dois dire qu'il est plutôt rare de trouver des logements meublés en Turquie. Nous avons investi beaucoup de temps, d'argent et d'énergie pour l'aménager : nous avons acheté des meubles et des appareils électroménagers et fait la décoration intérieure pour la transformer en un petit nid douillet. Aujourd'hui, elle est si agréable que nous aurons sûrement du mal à nous en séparer. Si je devais donc repartir à zéro, je me serais cantonné au plan initial, celui de louer un appartement meublé !

Es-tu déjà arrivé à un point de vouloir quitter la Turquie ? Comment as-tu surmonté cette étape ?

Peu après notre arrivée, nous avons été confrontés à plusieurs incidents qui nous ont poussés à remettre en question la raison pour laquelle nous avions décidé de venir vivre ici. Mais après mûre réflexion, nous nous sommes rendus compte que nous ne serions en parfaite sécurité nulle part ailleurs. Les accidents, catastrophes, voire les attaques, peuvent surgir n'importe où et à tout moment. Si nous décidions de nous en aller d'ici, quelle garantie avons nous d'être en sécurité ailleurs dans le monde ? Ma sœur m'a toujours conseillé de « rester sur nos gardes, mais de ne pas vivre dans la peur ». C'est justement ce que nous essayons de faire.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs expatriés en Turquie ?

Istanbul peut sembler la destination idéale pour la plupart des expatriés, mais je leur conseillerais de visiter Izmir dans un premier temps. Vous ne serez pas déçus ! Troisième plus grande ville du pays, Izmir comporte toutes les commodités d'une grande ville bien qu'elle n'abrite que 25% de la population turque. Grâce à son réseau moderne et développé de transports publics, son aéroport international, ainsi que ses magnifiques sites historiques que vous pouvez visiter en quelques heures de voiture, Izmir peut être l'endroit dont vous avez toujours rêvé.

Quels sont tes projets d'avenir ?

Nous allons rester ici encore deux ans au moins. Nous déciderons de la marche à suivre en temps et lieu. Avant de nous installer ici, nous nous étions fixés un délai minimum pour nous encourager à surmonter les différentes épreuves pouvant surgir, aussi difficiles qu'elles puissent être. Nous estimons que trois années représentent une durée suffisante pour vivre une nouvelle expérience, s'adapter à une nouvelle culture et apprendre une langue étrangère. Où irons-nous par la suite ? Seul l'avenir nous le dira.

Quel est ton chiffre préféré ?

Je les aime tous autant !

A propos de Maria Iotova

Maria est journaliste freelance. Après avoir fait le tour de sa mère patrie, la Grèce, et du Royaume-Uni, cette diplômée en journalisme a vécu au Ghana, en Corée du Sud, à l'Ile Maurice et est, en ce moment, au Rwanda.

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