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Expatriation en 2024 : quels pays s'ouvrent et quels pays se ferment aux expatriés ?

couple partant a l'etranger
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Écrit parAsaël Häzaqle 11 Juin 2024

D'un côté, les pénuries de main-d'œuvre contrarient toujours la croissance économique des États. De l'autre, les politiques d'immigration tendent vers une plus grande sélection : plus que jamais, la priorité va au recrutement des étrangers qualifiés et très qualifiés. Quel impact sur les projets d'expatriation ? Assiste-t-on à une baisse de l'expatriation ? Quelles sont les nationalités concernées ?

La conjoncture n'a pas stoppé les expatriations

Au plus fort de la crise sanitaire, beaucoup pariaient sur la mort de l'expatriation. Car l'expatriation coûte cher. Le développement du travail à distance permet à des entreprises de recruter à l'international sans avoir à gérer la venue de travailleurs étrangers. Eux-mêmes y trouvent leur compte et peuvent travailler à l'international sans changer de pays. Mais l'expatriation n'a pas dit son dernier mot. On ne constate pas de baisse de l'expatriation au niveau mondial, mais plutôt des flux d'expatriation orientés vers certains pays. En 2024, l'Espagne, le Mexique, l'Allemagne, les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas, le Portugal, l'Australie, et Singapour font partie des meilleures destinations pour s'expatrier.

L'Espagne, le Portugal et le Mexique sont notamment plébiscités par les nomades numériques. Le Mexique est régulièrement cité pour son coût de la vie abordable. Entre 2019 et 2022, les demandes de visa faites par les Américains sont passées de quelque 18 000 à plus de 30 000. Le Portugal est lui aussi convoité par les nomades numériques, les investisseurs, et les retraités. L'Espagne continue également d'attirer les étrangers : d'après l'Institut national de la statistique (INE), le pays a gagné 10,5 % de ressortissants étrangers en 2023 (sur 48 millions d'habitants).

Des destinations différentes selon les profils des expatriés

Où partent les ressortissants étrangers ? Les travailleurs qualifiés privilégient toujours les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni ou l'Australie. Les Émirats arabes unis (EAU) attirent travailleurs et investisseurs étrangers. L'expatriation en Arabie saoudite se développe, notamment chez les ressortissants britanniques. Ils seraient actuellement plus de 30 000, attirés par les hauts revenus et la politique « expat friendly » affichée par le gouvernement.

Les étudiants se tournent vers la Corée du Sud, le Japon, l'Allemagne, l'Australie, le Canada ou les États-Unis. Depuis plusieurs années, la Chine attire moins. La baisse n'est pas due à la politique zéro Covid, mais résulte plutôt d'une réorientation de la stratégie des entreprises étrangères. Face à l'essoufflement de l'économie chinoise, elles réduisent leurs besoins en étudiants capables de s'intégrer sur le marché chinois. Loin de s'alarmer, Pékin offre des bourses spéciales aux étudiants taïwanais, et dit en recruter « plusieurs milliers » chaque année. Les universitaires taïwanais y voient une propagande.

Les retraités misent toujours sur les destinations ensoleillées : Portugal, Espagne, Grèce, Thaïlande, Costa Rica, Maroc… Ils privilégient les pays proches. Les Européens ont tendance à rester en Europe ou dans des pays dont ils maîtrisent la langue. Les Américains sont plus nombreux au Costa Rica, au Mexique, au Portugal ou en Espagne.

Des politiques d'immigration toujours plus strictes

L'expatriation est donc loin d'avoir dit son dernier mot. Pour les candidats au départ, les derniers changements sur le marché du travail international, notamment dans les secteurs de pointe, encouragent les départs. La vague de licenciements dans la Tech en 2023 (qui continue cette année) ne décourage pas les travailleurs qualifiés. Car dans le même temps, la Tech continue d'embaucher. Les recrutements vont aussi croissant dans l'industrie, la finance, la logistique ou la santé.

Mais, plus que jamais, priorité aux étrangers qualifiés et très qualifiés. Le Danemark et la Suède, par exemple, ont serré la vis. Début 2023, la Suède entend même devenir l'État « le moins attractif d'Europe ». Le pays durcit les règles pour décourager les expatriés peu qualifiés. Même frein au Danemark, qui préfère capitaliser sur les immigrés très qualifiés. Autrefois connus pour leur politique d'immigration ouverte, les 2 pays font front commun pour limiter l'immigration. Le durcissement de leur politique va de pair avec la progression de l'extrême droite.

L'Australie, le Canada, la Finlande, le Royaume-Uni et Singapour font également partie des pays ayant durci les règles de l'immigration. D'autres États, comme l'Allemagne ou le Japon choisissent d'assouplir les règles pour attirer plus facilement les talents étrangers.

Ces États qui misent sur un assouplissement des règles

En janvier, le Parlement allemand vote une loi facilitant la naturalisation des ressortissants étrangers non européens résidant sur le territoire. La naturalisation est désormais accessible dès 5 ans de résidence en Allemagne, contre 8 précédemment. Le principe de double nationalité est enfin reconnu, et les enfants nés de parents étrangers pourront obtenir la nationalité allemande à la naissance, si l'un des deux parents vit légalement depuis au moins 5 ans en Allemagne. Cette réforme du code de la nationalité vise à attirer et surtout retenir les travailleurs étrangers. 10 millions de personnes seraient concernées par cet assouplissement. L'Allemagne vise toujours les ressortissants étrangers avec sa nouvelle loi sur l'immigration des travailleurs qualifiés. Une loi qui se veut plus simple, pour, là encore, attirer plus d'étrangers.

L'assouplissement est plus discret au Japon. Le pays a augmenté les catégories de travailleurs éligibles au visa de travailleur qualifié (specified skilled worker program). Il a également créé 2 nouveaux visas : le J-Skip (droit de séjour pour les étrangers hautement qualifiés et leur famille) et le J-Find (réservé aux diplômés d'universités renommées). C'est dans ce cadre que le Japon compte accueillir 800 000 travailleurs étrangers qualifiés au cours des 5 prochaines années. Annonce faite le 5 avril par le gouvernement Kishida. Ce chiffre est 2 fois supérieur au nombre de travailleurs étrangers attendus en 2023 (environ 345 000). Le Japon est toujours sous le coup d'importantes pénuries de main-d'œuvre. La baisse démographique fait craindre une chute de 12 % de la population active d'ici 2040.

Expatriation 2024 : les destinations favorites selon les zones de résidence

D'après les données de l'étude Decoding Global Talent, 66 % des répondants se disent prêts à travailler pour un employeur étranger. C'est 9 points de plus qu'en 2020. Les projets d'expatriation sont même davantage plébiscités par les jeunes, plus mobiles et ayant intégré une vision internationale du marché du travail. Le rapport montre cependant des disparités entre les régions du monde. C'est en Amérique latine et aux Caraïbes que la mobilité internationale est la plus forte (82 %). L'Afrique subsaharienne arrive en 2e position (78 %) devant l'Asie de l'Est et le Pacifique (69 %). Les projets d'expatriation restent néanmoins très forts dans les autres régions du monde : 63 % en Asie du Sud, 58 % en Afrique du Nord /Moyen-Orient et en Europe, 55 % en Amérique du Nord.

Les répondants résidant en Amérique du Nord, en Asie de l'Est et du Pacifique et en Asie du Sud désignent l'Australie comme meilleur pays pour s'expatrier. Les habitants d'Amérique latine et des Caraïbes lui préfèrent les États-Unis. Même choix pour les ressortissants d'Afrique subsaharienne et d'Europe. Les répondants habitant en Afrique du Nord et au Moyen-Orient classent le Canada première destination pour l'expatriation.

Crise démographique, crise économique et mobilité internationale

La crise démographique presse les pays d'agir. L'Italie n'en finit plus de perdre ses diplômés. Ils lui préfèrent l'Allemagne, la France ou la Suisse. D'après l'AIRE (Association italienne résidant à l'étranger), 6 millions d'Italiens avaient émigré au 1er janvier 2023, dont 2 millions de jeunes diplômés. Situation aussi critique en Espagne, en Croatie ou en Allemagne. Le Canada garde la tête hors de l'eau grâce aux ressortissants étrangers. Même constat aux États-Unis, terre historique d'immigration.

L'exemple japonais montre néanmoins que les États ébranlés par la crise démographique n'assouplissent pas forcément leurs règles d'immigration. Le Japon dit vouloir agir « progressivement ». À Singapour, la politique de priorité à l'emploi des nationaux peut impacter les projets d'expatriation. Le gouvernement veut miser avant tout sur le recrutement des professionnels étrangers qualifiés et très qualifiés.

Une autre donnée est également à prendre en compte : la crise économique mondiale. Cas pratique avec les pénuries de médecins, qui donnent lieu à un recrutement international inédit. Les États n'hésitent plus à se déplacer (comme l'Allemagne ou le Canada) dans les pays « pourvoyeurs de main-d'œuvre » pour y recruter leurs médecins. Philippines, Kenya, Zimbabwe, Maroc… font partie des pays « fournisseurs de médecins ». Ils font également partie de pays rencontrant des pénuries de soignants. En mars, une grève des soignants inédite secoue le Kenya. Après 2 mois de grève, le syndicat des médecins, pharmaciens et dentistes (KMPDU) et le syndicat des personnels soignants hors infirmiers (KUCO) obtiennent du gouvernement une hausse des salaires. C'est la principale raison qui pousse ces professionnels à s'expatrier dans des pays en manque de soignants, malgré des conditions de travail qui posent question. Confèrent le durcissement de la politique britannique et la réforme française controversée sur l'autorisation de travail des médecins diplômés hors Union européenne (PADHUE).

Les raisons qui motivent l'expatriation en 2024

Les raisons qui poussent à s'expatrier restent les mêmes : gagner plus, faire carrière à l'étranger, s'offrir un meilleur cadre de vie. Les considérations économiques sont rejointes par les considérations d'ordre culturel (découvrir un nouveau pays, apprendre une langue étrangère, etc.). Les projets de longs séjours à l'étranger sont plus impactés par les mesures restrictives concernant le regroupement familial. Des mesures à même de faire avorter les projets d'expatriation, ou du moins, de les réorienter vers des pays facilitant le regroupement familial. Les regards sont désormais tournés vers le Canada et ses récentes mesures de plafonnement du nombre de travailleurs temporaires.

Liens utiles :

Travailler au Japon : Specified Skilled Worker Program

Travailler à Singapour : ministry of Manpower (MOM)

Travailler en Australie : work visas

Allemagne : nouvelle loi sur l'immigration des travailleurs qualifiés ; travailler en Allemagne

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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