Avec la propagation de la COVID-19 comme une trainée de poudre aux quatre coins du monde, c’est l’économie mondiale qui prend un sacré coup de massue. La crise sanitaire sans précédent s’accompagne, en ce moment-même, d’une crise économique avec des répercussions importantes sur pratiquement tous les secteurs. Hervé Gindre, expatrié et entrepreneur français au Maroc, nous livre ses impressions.
D'où venez-vous et qu'est-ce qui vous a amené au Maroc ? Depuis combien de temps y vivez-vous ?
Je viens de France et je suis venu au Maroc pour des motifs personnels, en 2006.
Parlez-nous de votre activité.
J'exerce l'activité de conseil juridique indépendant au Maroc depuis début 2007.
Comment vivez-vous cette situation de crise sanitaire au Maroc ?
C'est un peu compliqué. Le Maroc est en état d'urgence sanitaire avec couvre-feu et confinement depuis le 20 mars. Mais les exceptions (notamment pour motif professionnel) sont tellement nombreuses qu'en fait on trouve plusieurs situations. Les filiales de multinationales sont déjà passées en télétravail et fermeture de sites (industriels ou services) alors que d'autres semblent ne pas percevoir de risque pour leur personnel et, parfois même, s'interroge sur l'intérêt du télétravail.
Quel est l'impact de la pandémie de coronavirus sur votre activité ?
L'impact est indirect. En tant que prestataire de service, mon activité dépend aussi de l'activité de mes clients et donc du reste de l'économie. Au Maroc, l'économie tournait déjà au ralenti avant la pandémie. C'est dire si, avec la pandémie, certains secteurs souffrent vraiment. A titre d'exemple, le tourisme est, pour ainsi dire à l'arrêt. L'immobilier, autre pilier de l'économie marocaine, est également les deux pieds sur le frein. Le commerce dans les grandes villes est bien pénalisé en ce moment (fermeture des commerces non essentiels, des centres commerciaux...). C'est moins vrai dans les petites villes où l'état d'urgence sanitaire semble appliqué moins rigoureusement.
Avez-vous des projets à court terme et à long terme en ce qui concerne votre entreprise ?
Pour l'heure, les projets consistent à s'assurer d'un niveau d'activité qui permette de ne pas être en danger financièrement et personnellement. Il faut donc concilier prudence sanitaire et nécessité de travailler. Il n'y a pas de filets sociaux au Maroc. N'oublions pas que ramadan arrive (à mi-avril) et que c'est traditionnellement une période d'activité creuse. Cette année, ça risque d'être un peu plus délicat à passer pour beaucoup (les petits salaires et les travailleurs du secteur informel qui sont nombreux encore au Maroc). Pour le plus long terme, je m'attends à une reprise violente quand la pandémie sera passée, les entreprises se trouvant face à la nécessité de relancer la machine rapidement pour rattraper le retard... On aura aussi certainement des interventions étatiques pour aider la relance, par secteurs. Mais ce sont des sentiments qui ne reposent sur rien d'autre qu'un ressenti, pas sur des éléments objectifs.
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs étrangers compte tenu de l'impact de la pandémie sur l'économie mondiale ?
Si vous n'êtes pas encore installé à l'étranger, attendez. Cela me semble la mesure de prudence du moment, partout dans le monde, pour ne pas perdre son investissement dans un contexte d'arrêt ou de ralentissement violent de l'activité. Pour la suite, je préfère ne pas trop me mouiller... L'avenir relève quand même encore pas mal de la boule de cristal, particulièrement dans les échéances.
Pensez-vous rester au Maroc ou y a-t-il une possibilité que vous rentriez en France compte tenu de la fragilité de la situation économique ?
Ma vie est au Maroc aujourd'hui. Si je devais retourner en France, ce ne serait pas plus simple. Alors bon... Revenir en France pour y être confiné sans emploi (ni revenu), est-ce vraiment mieux ?