Depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété le coronavirus comme pandémie, de nombreux pays autour du monde ont rapidement imposé le confinement à leurs citoyens, certains songeant même à prolonger davantage cette période comme mesure de précaution. Une situation qui, bien entendu, a un impact considérable sur l’emploi. Si de nombreuses personnes sont aussitôt passées en mode télétravail, dépendant de leur secteur d’activité, afin d’assurer la continuité des services, d’autres sont actuellement dans le flou. Expat.com a recueilli quelques témoignages de professionnels exerçant dans différents pays.
Même s'il s'agit d'une option évidente pour de nombreux secteurs, le télétravail a aussi son lot de contraintes. Expatrié britannique en Indonésie, Paul concède que le télétravail est malheureusement inefficace pour de nombreuses raisons. « Je donne des cours de conversation et je dois avouer que c'est vraiment compliqué de travailler à domicile en raison du manque de facilités. Qui plus est, nous faisons actuellement face à un manque de coopération entre les différentes écoles qui, elles-mêmes, n'arrivent pas à se situer en cette situation de crise ».
En revanche, pour Philippe, expatrié belge au Ghana, impossible de passer au télétravail. Responsable d'un site de travaux de génie civil, il n'a pas d'autre choix que se rendre sur son lieu de travail au quotidien, même en cette période de crise sanitaire. « Le risque est bien et bien réel, mais il suffit d'appliquer les mesures de précaution nécessaires et de respecter les consignes, d'autant que la température moyenne ici, au Ghana, tourne autour des 30°C, donc on a très peu de risques de tomber malades », dira-t-il. Philippe se préoccupe, pour sa part, plus de sa famille en Belgique que de lui-même. En revanche, tous les jours, sa maison, ainsi que son bureau, sont stérilisés afin de réduire les risques de contamination. A savoir que le Ghana est passé en confinement total cette semaine pour une période de deux semaines. Des permis de déplacement ont toutefois été octroyés aux employés qui doivent impérativement se rendre sur leur lieu de travail.
S'il semble compliqué de travailler dans de telles conditions, la crise sanitaire mondiale met à risque les postes de certains expatriés, à l'instar de Paul qui ne sait pas quand il pourra reprendre le travail normalement. « Il y a de fortes chances que la période de confinement soit prolongée en Indonésie, de nombreux contrats risquent d'être rompus. Cela signifie que je risque de perdre mon emploi », soutient-il. Selon Paul, les écoles ne devraient pas rouvrir leurs portes avant la nouvelle année scolaire, certaines ayant déjà repoussé la rentrée de deux semaines, ce qui augmente la possibilité d'annulation des contrats. « De nombreux expatriés qui dépendent de leur KITAS se retrouveront donc dans l'impasse ».
Même son de cloche du côté de la Thaïlande. Bryan, expatrié sud-africain, est enseignant d'anglais. Il semblerait que sa nouvelle aventure professionnelle, qui vient à peine de commencer, tire déjà à sa fin. « Je me suis retrouvé dans une situation financière compliquée puisque je n'ai été payé que pour trois semaines de travail », avance-t-il. Même s'il est actuellement à la recherche d'un nouvel emploi, passant des heures et des heures sur son ordinateur, il reconnait qu'il n'est sans doute pas le seul. « Ça va être compliqué de recommencer à zéro en cette période, surtout pour les expatriés ayant très peu d'expérience ».
De manière générale, sauf pour quelques secteurs en particulier, les professionnels du monde entier, y compris les expatriés, sont dans le flou par rapport à leur emploi. Frank, qui vit en Allemagne, vient de rejoindre une nouvelle entreprise et est actuellement en période d'essai. Il exerce dans le domaine de l'industrie, plus précisément, les installations et facilités industrielles. Un secteur qui, selon lui, risque de prendre un coup dur sur le plan financier. « Dès l'annonce du confinement, mon employeur nous a prié de rentrer chez nous. Nous sommes aussitôt passés en mode télétravail, mais ils se sont rapidement rendu compte qu'une présence minimale au sein de l'entreprise est requise. Même si on n'était censé organiser aucune visite, on a finalement reçu des instructions pour n'organiser que des visites essentielles, suivies d'une série d'autres instructions, comme l'analyse des retards dans les projets, entre autres ». Et d'ajouter que son employeur va prochainement imposer une réduction des heures de travail, ce qui aura forcément un impact sur les salaires. « Même si j'ai les moyens de subvenir à mes besoins pendant quelques mois, je ne pourrai pas le faire éternellement, alors oui, cette situation me préoccupe. Si je suis licencié, même si mon épouse gagne bien sa vie, je sais déjà que ça va être complique pour moi de trouver un nouvel emploi. Dans un tel cas de figure, je vais faire du bénévolat ou tout simplement m'occuper de la rénovation de la maison ». Il reconnait cependant que la situation à laquelle de nombreuses autres personnes font face est bien pire.