Pourquoi as-tu choisi de vivre aux États-Unis?
Laurence mon épouse, est Area Vice Président pour une entreprise leader dans l'intérim. C'est la société en France qui lui a proposé une mutation internationale à Pasadena, à côté de Los Angeles. Elle aura eu de ce fait un visa L1 manager puis quelques années plus tard la carte verte. Cette carte verte était étendue à tous les membres de notre petite famille et nous a permis de devenir citoyen américains une fois les délais passés.
Me concernant, j'avais un business lié à l'importation et à la vente d'articles de sport. Au départ avant d'avoir la carte verte, cette activité était gérée par une société « incorporated » que j'avais créée et qui m'avait sponsorisée pour un visa E2 investisseur.
Aujourd'hui, après avoir cédé mon entreprise, je m'occupe de vendre des « tours touristiques » en Can Am (moto à trois roues de fabrication canadienne) à des touristes locaux et étrangers.
Comment s'est passée ton installation?
Notre installation s'est assez bien déroulée. Nous avons été conseillés et aidés par mes contacts professionnels. Nous avons assez facilement trouvé un appart' à Glendale et l'inscription de notre fille a l'école a été très facile.
As-tu eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes)?
Quand je suis arrivé, mon niveau d'anglais était celui qu'un élève de terminale en France peut avoir et je ne l'avais pas entretenu en plus de dix ans. Donc pas terrible.
Cependant les Américains sont très faciles d'accès et la langue n'est jamais le problème tant qu'ils comprennent le gros de ce que l'on veut dire. C'est je pense le gros avantage des nations d'immigrants, il y a une grosse tolérance à ce niveau-là.
Comment ta fille a-t-elle vécu ce changement et comment a-t-elle vécu la transition au système éducatif américain?
Notre fille est entrée en First grade, en France elle devait rentrer en CP. Bien évidement elle ne parlait pas un mot d'anglais, elle ne savait même pas encore lire...
A Glendale, elle était à Thomas Jefferson Elementary School, l'école publique du quartier où l'on habitait. Il faut aussi savoir qu'à Glendale, il y a une forte communauté arménienne et que dans son école, la langue la plus parlée était l'arménien.
C'est là où la machine à intégrer américaine fait preuve de sa redoutable efficacité. Les enseignants sont rodés à avoir toutes sortes de nationalités dans une même classe et dans la classe de ma fille, il y avait des Arméniens bien sûr, mais aussi des Coréens, des Latinos, des Américains, des Chinois, des Indiens d'Inde et même une petite Française...
Et tout ce petit monde ne parlant pas vraiment anglais, a réussi à grandir ensemble et à se développer sous le regard de l'Oncle Sam qui est devenu à ce moment-là, le seul et unique point commun que tous ces enfants avaient en commun. A l'école publique, ce n'est ni la race, ni la religion, ni le pays d'origine que l'on partage mais le même drapeau.
Tu es venu avec un visa investisseur : comment s'est passée la création de ton entreprise? Comment as-tu ensuite procédé pour lancer ton activité?
Effectivement je suis venu avec un visa investisseur mais ce visa, ce n'est pas ce qui m'a fait venir. Ce visa était pour moi la possibilité d'établir des affaires légalement et d'avoir des papiers.
Ma relation d'affaires avec les Américains préexistait à l'obtention du visa et le fait d'obtenir le visa me permettait de m'implanter physiquement auprès de mes clients.
Ce n'était pas vraiment la création d'une nouvelle activité mais plus le développement dans la continuité d'une activité déjà existante.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à El Dorado Hills?
Au départ, ce n'est pas à El Dorado Hills que nous voulions aller. Nous habitions la région de Los Angeles, nous avions envie d'acheter quelque chose, j'avais une grosse partie de ma clientèle au Nord de San Francisco, alors nous nous sommes dit « allons dans ce coin-là ». Le problème c'est que l'immobilier y est très très cher.
Quelqu'un m'a parlé de la région de Sacramento et c'est comme ça que nous avons atterri à El Dorado Hills qui est à une trentaine de miles à l'Est de Sacramento. L'immobilier y était bien moins cher que sur San Francisco et sa région et tout était neuf.
Les habitants qui nous ont précédé, hormis la faune locale, les ours et autres coyotes devaient se réduire aux Indiens des tribus locales qui étaient de passage en allant chasser avant d'être remplacés par les chercheurs d'or de la fin du 19ème siècle.
El Dorado Hills est une petite ville au pied de la Sierra Nevada. Le ski n'est pas loin, le Lac Tahoe est à deux heures à l'Est, San Francisco à deux heures à l'Ouest et Sacramento qui est la capitale de l?État n'est qu'à une demi-heure. Géographiquement, c'était le parfait compromis.
Les Californiens sont-ils accueillants? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances?
Oui les Californiens sont très accueillants. De manière générale, les Américains sont très gentils, comme je l'ai dit précédemment, je pense que c'est le propre des nations où l'esprit immigrant est toujours vivace et l'immigration toujours d'actualité. Les Américains peuvent être curieux et vous poser des questions sur votre pays d'origine et les raisons qui vous ont fait immigrer.
Pour s'intégrer, le pays dans son ensemble fait tout pour, ce qui n'empêche pas de suivre le fameux conseil « A Rome, fait comme les Romains ».
Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il faille se laisser dominer complètement par le système, cela voudrait plutôt dire de ne pas essayer de le révolutionner tous les matins et tout simplement d'essayer de sortir son épingle du jeu par ses qualités individuelles propres qui seront toujours bien accueillies.
Parles-nous de ton quotidien d'expatrié à El Dorado Hills:
Vaste sujet! La Californie est un État merveilleux, on y trouve tous les paysages possibles et imaginables, sauf la banquise. Pour quiconque aime la nature et les grands espaces, la Californie, et l'Ouest Américain de manière générale, est l'endroit rêvé.
Quand je ne travaille pas sur un projet pour des clients, c'est avec mon épouse que nous visitons ou revisitons nos campagnes, nos déserts, nos montagnes, nos villes, notre front de mer, etc.
Peux-tu partager avec nous un trait caractéristique d'El Dorado Hills qui te plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif?
Ce qui me séduit le plus à El Dorado Hills, c'est sa proximité avec la nature. Son aspect encore sauvage tout en étant presque à côté de villes comme San Francisco et Sacramento.
Ce qui me plaît moins, c'est la chaleur qu'il y fait l'été. Autant on a un hiver relativement doux (il ne gèle pas ou très peu et il ne pleut pas souvent), autant de fin Juin à mi-Septembre il fait entre 35°C et 45°C. Comme on est au pied des montagnes, les nuits restent agréables.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine?
Les premières années, il arrive que tes amis te manquent. Quand tu rentres en France, tu es content de les retrouver et tu passes un bon moment avec eux. Aussi, plus le temps passe et moins de choses sont à partager et tu finis par ne parler que du passé. Ça fait un peu réunion d'anciens combattants... Je préfère largement quand ils viennent me voir car il se crée une nouvelle dynamique qui ressuscite des relations qui avaient eu tendance à disparaître.
Nous avons aussi la chance d'avoir régulièrement la visite de nos familles respectives et c'est bien plus sympa de les recevoir sous le soleil de Californie que sous la pluie picarde.
Sinon ici en Californie, on trouve de tout. Il y a du bon vin, il y a des fromages français, etc. Ce n'est pas le fin fond de l'Oklahoma!
Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent s'installer en famille à El Dorado Hills?
A El Dorado Hills en particulier je ne sais pas, mais aux USA en général, ça serait d'avoir un bon projet, c'est à dire pas celui d'être serveuse, babysitteur ou barman... Si vous avez un projet sérieux, vous aurez des papiers sans lesquels l'American dream est un cauchemar comme n'importe quelle situation d'immigré clandestin dans n'importe quel pays du monde.
Surtout ne pas oublier que de passer de la situation d'illégal à la situation de légal est très difficile, peut-être même impossible sauf situations exceptionnelles.
Après 15 ans aux États-Unis, te sens-tu toujours expatrié?
Comme nous dit l'agent de l'immigration US de l'aéroport à San Francisco lorsque nous rentrons de voyage en France, « welcome home ».