Avec quatre vaccins contre la COVID-19 déjà disponibles, et de nombreux pays ayant lancé des campagnes de vaccination le débat se poursuit sur l'introduction d'un passeport sanitaire. Pour l'heure, il ne s'agit que d'une théorie basée sur des spéculations. Mais la question se pose : que représente ce passeport sanitaire pour les expatriés et autres personnes souhaitant voyager ?
Qu'est-ce que le passeport santé ?
Le passeport de santé est un document qui devrait certifier que son détenteur est peu susceptible d'attraper ou de propager la COVID-19. Il devrait, à l'avenir, faire partie des formalités et des conditions d'entrée dans un pays. De manière générale, le passeport sanitaire devrait enregistrer la date et le lieu d'administration du vaccin, ainsi que le type de vaccin administré contre la maladie. Par exemple, les personnes ayant voyagé dans certains pays d'Afrique ou d'Amérique du Sud ne sont pas autorisées à entrer dans certains pays sans présenter leur certificat international de vaccination qui confirme qu'elles ont été vaccinées contre la fièvre jaune. Avec l'accord de 196 pays, l'Organisation mondiale de la santé a introduit le Certificat international de vaccination ou de prophylaxie en 2005 comme mesure face à la hausse exponentielle du nombre de voyages et du commerce internationaux.
Dans un contexte de crise, le passeport sanitaire peut attester que son titulaire a été vacciné, qu'il a été testé négatif à la COVID-19 grâce à un test PCR ou qu'il s'est rétabli de la maladie. Comme nous sommes en 2021, il est peu probable que le passeport de santé ressemble au livret sur la fièvre jaune que vous pouvez plier et ranger entre les pages de votre passeport. On pourrait donc s'attendre à une version numérique qu'il serait difficile de falsifier ou de perdre. En revanche, il y a de fortes chances que cette formule soulève des interrogations relatives à la confidentialité et à l'exploitation des données.
Quel serait l'avantage du passeport sanitaire ?
Après plusieurs mois passés en confinement, le passeport sanitaire pourrait non seulement relancer l'industrie du voyage mais aussi nous aider à retrouver une vie normale. Pensez aux concerts et aux matchs auxquels vous aviez l'habitude d'assister, à votre bureau bondé qui vous détournait l'attention à longueur de journée, ou encore aux dîners entre amis dans votre restaurant préféré avant de vous rendre dans un bar ou d'aller au cinéma. Selon les partisans du passeport sanitaire, ça pourrait être possible une fois que le passeport sanitaire aura été délivré aux personnes qui ont été vaccinées. En outre, un passeport sanitaire pourrait entraîner une gestion plus efficace des voyages internationaux pendant la crise de COVID-19.
Les inconvénients du passeport sanitaire
Le passeport sanitaire soulève des questions de confidentialité, d'exploitation des données ainsi que d'autres problèmes d'ordre éthique et juridique. Les personnes qui sont très actives sur les réseaux sociaux et les applications de téléphonie mobile sont sans doute familières avec les questions de confidentialité et d'exploitation des données. Tout comme la technologie, les vaccins font également remonter les défis des inégalités sociales et économiques. D'ailleurs, selon le British Medical Journal, les pays riches, qui abritent moins de 15% de la population mondiale, ont obtenu 51% des doses de vaccins contre la COVID-19. En faisant un calcul simple, il est facile de comprendre que 85% de la population mondiale se verront contraints de partager les vaccins restants. Donc, avant de parler d'un passeport sanitaire qui s'adressera principalement aux plus chanceux, il faudrait plutôt envisager une distribution équitable des vaccins COVID-19 dans le monde.
L'exemple du Royaume-Uni
À l'heure actuelle, le National Health Service (NHS) du Royaume-Uni délivre des cartes de vaccination aux résidents qui ont déjà obtenu leur première dose. Semblable au certificat international de vaccination ou de prophylaxie, cette carte indique le type de vaccin administré, le numéro de lot, la date d'administration ainsi que la date de la dose de suivi. Ces informations sont également enregistrées dans la base de données numériques du NHS. Parallèlement, le Royaume-Uni est en train de développer une application mobile gratuite. Cette application sera utile aux personnes qui ont déjà été vaccinées afin de leur faciliter l'accès aux pubs, aux restaurants, aux stades de football, entre autres. Dépendant de la réussite de ce projet pilote financé par le gouvernement britannique, l'introduction du passeport santé pourrait devenir une réalité.
Passeports d'immunité douteux
En septembre 2020, la Hongrie fut le premier pays à introduire le passeport d'immunité hautement controversé. Il s'agit de certificats de santé délivrés aux personnes qui se sont rétablies de la COVID-19 après avoir été soumises à deux tests PCR au cours des six derniers mois. Le Chili et l'Islande sont également en faveur du passeport d'immunité, malgré la mise en garde de l'OMS. A ce jour, rien ne peut scientifiquement prouver que les personnes qui se sont rétablies de la COVID-19 et qui possèdent des anticorps ne peuvent pas être infectées à nouveau. Par conséquent, un passeport d'immunité basé sur l'hypothèse qu'une personne testée positive est immune peut contribuer à aggraver la situation qui est déjà alarmante.
Le voyage aérien
L'Association internationale du transport aérien (IATA) a récemment annoncé que l'application Travel Pass sans contact sera disponible pour les 290 plus grandes compagnies aériennes du monde et leurs clients à partir de mars. Lorsqu'ils achètent leurs billets d'avion, les voyageurs pourront sauvegarder les résultats de leur test PCR et les données relatives à leur vaccination, répondant ainsi aux exigences sanitaires du gouvernement et accéder à un registre des centres de test et de vaccination. En parallèle, The Commons Project, avec la collaboration du Forum économique mondial et des partenaires publics et privés mettront bientôt l'application CommonPass à disposition des voyageurs. Ces derniers pourront y enregistrer leur statut COVID-19, y compris les tests PCR et les vaccinations, afin de satisfaire aux conditions d'entrée dans leurs pays de destination. Lufthansa, United Airlines, Virgin Atlantic, Swiss International Airlines et JetBlue seront les premières compagnies aériennes à exiger des données sur la santé des passagers via CommonPass.
Dans l'ensemble, ces mesures numériques visent non seulement à faciliter les voyages mais aussi à accélérer les processus d'entrée.