La ruée vers les vaccins a déjà débuté dans de nombreux pays. Si des milliers de personnes continuent de s'y opposer, d'autres, en revanche, se demandent comment faire pour se faire vacciner, particulièrement les expatriés qui n'y sont pas éligibles dans leur pays d'accueil. Nous faisons le point sur la situation.
En Espagne, l'incertitude plane sur la vaccination des expatriés contre la COVID-19. Il y a quelques semaines, les autorités de certaines régions, comme l'Andalousie, avaient annoncé que les expatriés qui sont détenteurs d'une assurance privée ne seront pas considérés. En d'autres mots, seuls les expatriés ayant un statut de résident et ayant adhéré au système de santé public espagnol seront pris en compte. En ce qui concerne les retraités, ils doivent se rendre à l'institut national de la sécurité sociale muni de leur formulaire S1, de leur passeport et d'un justificatif de résidence pour y être éligible. Une mesure qui s'applique également aux détenteurs de la carte bleue (carte de santé européenne). A savoir qu'en Espagne, les compagnies d'assurance santé n'offrent aucune couverture pour la vaccination contre la COVID-19.
Faut-il rentrer dans son pays d'accueil ?
Des milliers d'expatriés britanniques vivant au sein de l'Union européenne sont également dans le flou, particulièrement en raison du Brexit. Peuvent-ils retourner dans leur pays d'origine pour se faire vacciner s'ils n'y sont pas éligibles dans leur pays d'expatriation ? Le comité conjoint sur la vaccination et l'immunisation du Royaume-Uni a été clair. « Les expatriés britanniques doivent se faire vacciner dans leur pays d'accueil et ne peuvent pas faire une demande de vaccin depuis l'étranger ». Seuls les Britanniques qui envisagent de rentrer au Royaume-Uni pour y rester à long terme sont éligibles pour une place sur la liste prioritaire. Pour cela, ils devront s'inscrire à nouveau auprès d'un médecin généraliste local. Face à la gravité de la situation, les autorités britanniques souhaitent ainsi limiter les déplacements non essentiels vers le pays. Ce qui devrait également alléger l'énorme pression que subit actuellement le système de santé britannique.
Aujourd'hui, la plupart des pays, y compris ceux de l'Union européenne, sont en train de poursuivre leurs campagnes de vaccination contre la COVID-19 en fonction d'une liste prioritaire. Dans les pays où la vaccination se fait gratuitement, ce sont les plus vulnérables qui se font vacciner en premier. D'autres critères pris en compte sont l'âge, les conditions de santé, ainsi que les professions. Aux États-Unis, par exemple, ainsi que dans plusieurs autres pays, les professionnels de la santé, y compris les expatriés, font partie des groupes prioritaires. En revanche, les Américains vivant à l'étranger ne sont pas considérés par leur gouvernement, et il leur est recommandé de se faire vacciner dans leur pays d'accueil.
La France a, quant à elle, trouvé la réponse pour ses ressortissants qui vivent dans des pays qui ne disposent pas de vaccins homologués UE. En fait, ce n'est qu'au début du mois de mars que la première cargaison de vaccins homologués UE a été acheminée vers les pays qui, jusqu'à présent, n'y ont pas accès. Ce qui devrait permettre aux ressortissants français vivant dans pas moins de 92 pays de se faire vacciner. Mais pour ceux qui résident dans des pays où ces vaccins ne seront pas disponibles, il existe tout de même une option : se faire vacciner pendant leur séjour en France ! Il n'empêche que cette mesure ne concerne qu'une petite proportion d'expatriés français. Nous en profitons pour vous rappeler que la France a suspendu l'obligation des motifs impérieux afin de faciliter le retour en France des expatriés français.
D'autre part, Israël, qui figure en tête de liste en matière de vaccination, a également permis à ses citoyens de rentrer pour se faire vacciner ces derniers mois.
Quid des pays qui font vacciner les expatriés ?
Même si de nombreuses personnes font preuve de résistance face à la campagne de vaccination, plusieurs pays ont choisi d'étendre leurs programmes de vaccination aux expatriés. Pour ces pays, il s'agit d'un signe de reconnaissance de l'importante contribution des expatriés à leurs économies et que ces derniers sont une partie intégrante de leurs sociétés. C'est d'ailleurs ce qu'indique la Malaisie qui attend la livraison d'une première cargaison de vaccins Pfizer-BioNTech cette semaine et qui a également commandé des vaccins Spoutnik V, Sinovac et AstraZeneca. Le gouvernement malaisien fait ressortir que la campagne de vaccination concerne non seulement les diplomates, les étudiants, les professionnels et leurs familles et les retraités étrangers mais aussi les détenteurs de la carte de réfugié.
Afin de redorer son image aux yeux des expatriés, ceci dans le cadre de sa nouvelle stratégie de relance, Shanghai a également prévu de vacciner gratuitement les expatriés. Ces derniers pourront se rendre à la municipalité la plus proche de leur lieu de résidence pour se faire vacciner à partir du 29 mars. Il faudra toutefois qu'ils répondent au critère d'âge. A savoir qu'ils recevront leurs deux doses du vaccin chinois sur rendez-vous uniquement, via une application mobile dédiée. Cependant, les expatriés qui ne sont pas couverts par l'assurance médicale chinoise devront s'acquitter d'une somme d'environ 15$ par dose.
A Bali, en Indonésie, les expatriés vivant dans des zones désignées « vertes », comme Ubud et Sanur, pourraient être éligibles pour la vaccination gratuite. Mais pour le gouvernement provincial, il s'agit d'une mesure qui nécessite une bonne coordination. Rappelons que Bali vient de mettre en place un nouveau plan d'action, qui comprend la vaccination gratuite des étrangers, afin de relancer son industrie touristique dont elle dépend fortement.
Le Koweït, pour sa part, a déjà vacciné quelque 500 000 résidents, y compris des expatriés, ces dernières semaines. D'ailleurs, plus d'un million de demandes ont déjà été formulées sur la plate-forme en ligne de vaccination contre la COVID-19. Le pays prévoit d'ailleurs d'étendre sa campagne de vaccination à plusieurs catégories de salariés. Des équipes médicales spécialisées seront mises en place et déployées vers les différentes industries du pays afin que personne ne soit exclu. Dubaï offre, quant à elle, la vaccination gratuite aux détenteurs de visas de résidence ainsi qu'aux détenteurs du visa de travail à distance. A savoir que les Émirats arabes unis, ainsi que le Bahreïn font partie des pays ayant déjà vacciné une importante proportion de leurs populations.
Qu'en disent les expatriés ?
Simon, un Britannique qui vit en Autriche, s'est déjà inscrit pour la vaccination dans son pays d'accueil en février. Alors pour lui, la question de rentrer dans son pays d'origine ne se pose même pas. « D'autant qu'il est déconseillé de voyager pour des raisons non essentielles pour l'instant ». Quant à John, un expatrié américain aux Philippines, tout n'est qu'une question de temps. « Je vis dans la province de Davao, et comme les autorités possèdent déjà toutes les informations nécessaires au sujet des résidents, je n'ai pas grand chose à faire à part attendre. D'ailleurs, la vaccination est gratuite ici pour les résidents permanents », nous dira-t-il. Maureen, une Britannique qui vit à Malte, a reçu sa première dose la semaine dernière et ne s'en plaint pas.