Aude est originaire de Bretagne. Suivant son compagnon béninois, elle s'est installée à Cotonou en avril 2009 après avoir vécu 3 années en Belgique. Aujourd'hui mère de deux enfants, elle gère un restaurant dans la capitale économique du pays. Elle partage avec Expat.com son quotidien d'expatriée au Bénin.
Bonjour Aude, peux-tu te présenter brievement ?
Bonjour, je m'appelle Aude et je suis bretonne. Après des études de comptabilité et gestion agricole, je suis partie en Belgique où j'ai travaillé pour une banque. Après 3 ans, j'ai suivi mon copain béninois jusqu'à Cotonou. Depuis, nous avons eu 2 garçons. Actuellement, je suis gérante d'un restaurant.
Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier au Bénin?
Le choix du Bénin est venu d'une rencontre avec un jeune homme qui poursuivait ses études en Belgique et dont je suis tombée amoureuse.
Comment s'est passée ton installation ?
Je suis arrivée au Bénin définitivement le 1er avril 2009 après deux voyages de reconnaissance en 2006 et 2008. Il s'agit donc d'une installation mûrement réfléchie. Nous avons loué un logement pendant un mois, le temps que la rénovation de notre maison soit achevée. Je n'avais pas beaucoup de choses à emmener depuis la Belgique. J'ai choisi d'acheminer mes affaires par conteneur.
Qu'est-ce qui t'as attirée vers Cotonou ?
Sans ce jeune Béninois, je n'aurais même pas appris l'existence de Cotonou ! Je ne connaissais le Bénin que grâce à ma collection de timbres-poste.
Quelles étaient les procédures à suivre pour que tu puisse d'expatrier au Bénin ?
L'obtention d'un visa pour le Bénin depuis la Belgique était plutôt simple : il ne fallait qu'un formulaire bien rempli, un passeport et des fonds. Je suis arrivée au Bénin à l'époque où il ne fallait obtenir qu'une carte de sejour et un visa long séjour chaque année.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Tout s'est fait très facilement.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
L'adaptation à été très facile, sauf en ce qui concerne faire ses courses au marché. J'ai été arnaquée terriblement et cela m'arrive encore des fois.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée au Bénin ?
Les premiers moments, j'ai été très choquée par les femmes : des vendeuses qui portaient leur bébé au dos et un panier sur la tête. J'ai trouvé tout cela tellement difficile à gérer. J'ai aussi été très inquiète de voir la pauvreté qui se reflétait sur les maisons. Après une très longue période d'observation, j'ai fini par comprendre que ce n'était pas la pauvreté dans le sens que nous l'entendons, mais plutôt une organisation financière qui est très différente de la nôtre.
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ?
Les logements ne manquent pas au Bénin. On trouve des locations meublées un peu partout à travers la ville. J'ai moi-même deux appartements qui fonctionnent bien.
Quelles sont les particularités du marché de l'emploi béninois ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Les méthodes de recrutement sont très différentes de celles pratiquées en France. Le CV ici n'a pas la même valeur qu'ailleurs. Il vaut mieux avoir des contacts sur place. Mais attention ! Il faut avoir des connaissances fiables. De plus, les expatriés ne sont pas de « simples » employés ou ouvriers. La plupart du temps, ils sont « gérants » ou « directeurs ».
Que penses-tu du mode de vie des Béninois ?
J'aime leur façon de vivre au jour le jour, sans le moindre stress. Je ne peux pas faire pareil car j'ai toujours besoin de voir plus loin. Si l'on est proche d'eux, on peut toujours compter sur leur aide. Mais en les ignorant, sans leur dire « bonjour » ou leur faire un petit signe de gentillesse, chacun passe son chemin.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
J'ai parlé de la pauvreté un peu plus haut. Même si la pauvreté existe dans bien des pays, ici au Bénin, il ne faut pas croire tout ce qu'on voit. Souvent, ils sont bien plus riches que ce qu'on croit, mais je pense qu'ils ne voient pas l'intérêt d'investir dans une belle maison ou voiture. Ils aiment bien s'habiller, manger et faire la fête.
A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée à Cotonou ?
Mon quotidien ressemble à ce qu'il aurait pu être en France. J'emmène mes enfants à l'école, je vais au travail, je vais chercher mes enfants le soir, je prépare à manger et aide mes enfants à faire leurs devoirs. J'attends que mon mari (oui, le petit Béninois est devenu mon mari) rentre. Des fois, mes enfants vont au centre aéré, des fois chez leur grand-mère, le mercredi après-midi et le samedi. Je n'ai absolument rien changé à ma vie, sauf que je me fâche beaucoup moins et que je ne suis plus stressée.
Que fais-tu pendant ton temps libre ?
Je passe mon temps libre en famille. Je ne cotoie que très peu d'expatriés. Il y a deux types d'expatriés au Bénin : ceux qui sont mutés depuis l'Europe avec un gros salaire mais qui se plaignent trop, et ceux qui, comme moi, sont venu par amour. J'ai des amis expats qui vivent au Bénin depuis plusieurs années et sont mariés à des locaux. Nous sommes généralement sur la même longueur d'ondes. Quoi qu'il en soit, je suis toujours prête à guider et aider tous les nouveaux arrivants. J'ai reçu beaucoup d'aide au départ et j'en suis très contente. A mon tour maintenant !
Tes spécialités culinaires locales préférées ?
L'igname pillé à la sauce arachides ! J'en raffole ! Je mange de tout, même si je n'aime pas trop la pâte blanche et l'akassa.
Qu'est-ce qui te plait le plus au Bénin ?
La vie simple. Il me semble qu'il y a une solution à tout problème, sans trop se casser la tête.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France?
Le fromage et la charcuterie ! C'est plutôt cher ici.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Cotonou et au Bénin en général ?
La vie est très chère quand on a un salaire béninois. Mais je pense que les expatriés vivent plutôt bien avec leurs salaires d'étrangers.
Un évènement particulier que tu as vécu au Bénin et que tu voudrais partager ?
Lors de mes premières vacances en 2006, nous sommes allés à la fête de l'igname pillé à savalou. Cela n'avait rien d'exceptionnel, sauf que notre chauffeur était originaire de la ville et il nous a fait découvrir l'igname à travers la préparation des habitants dans une petite maison. J'en garde un très bon souvenir.
Qu'est-ce qui t'as motivée à écrire ton blog « Une blanche à Cotonou » ?
J'étais proche de la population locale et j'avais une autre vision des choses quand j'étais enceinte. Je m'ennuyais et j'ai pu voir beaucoup de choses que je ne voyais pas quand je travaillais, des choses qui m'ont choquées et à propos desquelles j'ai écrit pour voir les réactions des autres.
Des conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier au Bénin ?
Essayez de vivre autant que possible à la béninoise. Cela vous évitera bien des prises de tête inutiles.
Quels sont tes projets d'avenir ?
Avoir une maison. J'ai aussi plein d'autres projets, mais je ne suis pas pressée.