Menu
Expat.com

Salaire minimum et mini-emplois en Allemagne : ce qui change pour les expats

mini jobs
Shutterstock.com
Écrit parAmeerah Arjaneele 25 Octobre 2022

En octobre, l'Allemagne a revu à la hausse le salaire minimum pour la troisième fois en une seule année. Elle a également relevé le plafond de revenu des mini-jobs, une forme d'emploi à court terme. Le gouvernement s'efforce d'aider sa population active à s'adapter aux tendances inflationnistes et à la crise du coût de la vie.

 

Le salaire horaire minimum allemand passe de 10,45 euros à 12 euros

Trois augmentations du salaire minimum pour les travailleurs en Allemagne ont été enregistrées en 2022. En janvier, il est passé de 9,50 euros à 9,82 euros, puis en juin, il est remonté à 10,45 euros. Le 1er octobre, il est passé à 12 euros. Il s'agit d'un salaire minimum légal au niveau national, ce qui signifie qu'il s'applique à toutes les régions et à tous les secteurs. Le salaire minimum concerne également les étudiants internationaux qui peuvent travailler à temps partiel pour un maximum de 20 heures par semaine. Les travailleurs étrangers, c'est-à-dire les expatriés, y ont naturellement aussi droit.

Il convient toutefois de noter que dans certains secteurs, notamment l'administration publique et l'industrie manufacturière, le salaire minimum conventionnel est plus élevé que le salaire minimum légal. Cela est dû à des accords de travail sectoriels conclus entre les entreprises et les syndicats. Il existe également quelques exceptions où un travailleur peut être payé moins que le salaire minimum légal. Les travailleurs de moins de 18 ans, les étudiants universitaires qui effectuent un stage dans le cadre de leurs études et les travailleurs handicapés dans des ateliers protégés peuvent tous être légalement payés moins.

Selon la Fondation Hans Böckler, en septembre, l'Allemagne comptait 6,6 millions de travailleurs gagnant moins de 12 euros de l'heure. Ce sont eux qui bénéficieront le plus du nouveau salaire minimum. En revanche, une minorité d'entre eux, soit 2,25 sur les 6,6 millions, travaillent à temps plein. Les autres exercent différents types de travail à temps partiel, notamment les « mini-jobs ». En effet, 80 % des travailleurs en mini-emplois gagnaient moins de 12 euros/heure avant cette nouvelle augmentation du salaire minimum. Les mini-emplois sont une forme d'emploi de courte durée où le travailleur ne peut travailler que pendant un nombre maximum de jours par an.

Comme la plupart des pays, l'Allemagne est actuellement confrontée à une crise du coût de la vie, déclenchée par la pandémie et aggravée la guerre en Ukraine. L'inflation dépasse les 10 % ! Une enquête de la compagnie d'assurance R+V Versicherung révèle que 67 % des Allemands craignent de ne pas pouvoir faire face à l'augmentation du coût du logement, de l'énergie et de la nourriture. La hausse du salaire minimum est l'un des moyens par lesquels le gouvernement tente d'aider les travailleurs en ces temps difficiles. L'État fournit également des subventions pour l'énergie et a augmenté le montant maximum que les gens peuvent gagner avec un mini-emploi.

Le plafond de revenu mensuel des mini-emplois passe de 450 euros à 520 euros

Les mini-emplois sont une particularité du droit du travail allemand qui n'a pas forcément d'équivalent dans les autres pays européens. Selon le quotidien économique espagnol El Economista, les mini-emplois existent depuis les années 1960, mais ils ont été formellement reconnus comme une forme d'emploi marginal par les réformes du travail Hartz de 2003.

En 2003, la catégorie des mini-emplois a été créée afin de légaliser le secteur informel et de stimuler l'emploi, en particulier chez les étudiants (y compris les étudiants internationaux !), les mères qui se consacrent principalement aux tâches ménagères et à la garde d'enfants non rémunérée, les immigrants nouvellement arrivés et les retraités. Ces catégories de personnes travaillent souvent à temps partiel ou seulement pour de courtes périodes. Comme l'indique le guide juridique Handbook Germany, de nombreux mini-emplois sont exercés dans le commerce de détail, le commerce, la restauration et les services à domicile (nettoyage, garde de bébés ou d'animaux, entre autres). On peut par exemple travailler l'après-midi comme réceptionniste tout en suivant des cours à l'université le matin.

Une personne peut exercer un mini-emploi pendant un maximum de 70 jours ouvrables par an. Cela correspond à trois mois de travail à temps plein ou, si vous travaillez toute l'année, à 8-12 heures par semaine. Avant octobre 2022, une personne pouvait gagner un maximum de 450 euros par mois ou 5 400 euros par an grâce à un mini-emploi. Elle pouvait également occuper plusieurs mini-emplois, à condition que le revenu total de l'ensemble de ces derniers ne dépasse pas la limite. Il est également tout à fait légal d'avoir un emploi à temps plein parallèlement à un mini-emploi, qui fonctionne alors comme une « activité complémentaire ». Vous devez simplement obtenir l'autorisation préalable de votre employeur principal.

Les étudiants internationaux originaires de pays n'appartenant pas à l'Espace économique européen (EEE) sont autorisés à travailler pendant 120 jours maximum au cours de leurs études. Ils peuvent donc tout à fait exercer un mini-job, dont la limite de 70 jours est de toute façon inférieure à 120. Si vous êtes expatrié, vous pouvez également exercer un mini-emploi à condition d'avoir un permis de travail dans le pays.

Toutefois, depuis octobre, la limite de revenu susmentionnée a été portée à 520 euros par mois soit 6 240 euros par an. Cette modification s'inscrit en fonction de la hausse du salaire minimum. S'il était resté inchangé, de nombreuses personnes dépendant des mini-emplois auraient dû réduire leur temps de travail pour rester dans la limite des revenus tout en gagnant 12 euros par heure, précise « Ius Laboris », une alliance de cabinets d'avocats spécialisés dans les ressources humaines.

Grâce à cet ajustement, le nombre d'heures qu'un mini-employé peut travailler par mois est resté à peu près le même qu'en 2021 : un peu plus de 43 heures par mois, soit environ 10 heures par semaine. Le service de conseil en matière de travail « Fair Integration » montre toutefois qu'en raison du salaire minimum nettement plus bas en 2020 (un peu plus de 9 euros), une personne ayant un mini-emploi pouvait travailler beaucoup plus d'heures à l'époque : soit 48 heures par mois.

Pourquoi les gens choisissent-ils des mini-emplois ?

Le principal avantage des mini-emplois est d'ordre fiscal. Tous les revenus d'un mini-job, bien sûr dans la limite établie en euros, sont exonérés d'impôts. Ces revenus ne sont soumis ni à l'impôt sur le revenu ni aux cotisations de sécurité sociale. En tant que « mini-jobber », vous ne devez verser qu'une cotisation minimale à votre régime d'assurance pension. Votre employeur, en revanche, sera chargé de payer les assurances sociales en votre nom.

Vous avez toujours droit à des congés maladie et à des congés payés, tout comme un travailleur plus « traditionnel ». Vous serez également éligible pour des allocations de chômage (bien que réduites) si votre seule source de revenus est un mini-job que vous occupez moins de 15 heures par semaine.

Même si les mini-emplois présentent de nombreux avantages, ils ont été critiqués par certains économistes et juristes qui les considèrent comme des « pièges » offrant peu de sécurité d'emploi. Des économistes de la Fondation Bertelsmann ont démontré qu'au plus fort de la pandémie, le taux de licenciement des « mini-jobbers » a été 12 fois plus élevé que celui de travailleurs « traditionnels ». Le fait de ne pas avoir à cotiser à la sécurité sociale est également une arme à double tranchant : bien souvent, en cas de licenciement, les « mini-jobbers » se sont pas éligibles aux allocations de chômage. Leur très faible contribution à la retraite les empêche également de se constituer un fonds de pension adéquat au fil du temps.

Par conséquent, si le mini-emploi est un bon choix pour les étudiants à la recherche d'un peu d'argent de poche pendant leurs années universitaires, il peut être un piège pour les adultes plus âgés qui ont besoin d'une plus grande sécurité d'emploi.

 
Travailler
travail
A propos de

Ameerah est chargée de cours et tutrice privée enseignant l'espagnol et le mandarin à l'île Maurice. Elle a aussi été traductrice indépendante, éditrice et rédactrice de contenu pendant une décennie. Elle a vécu à Madrid et à Pékin.

Commentaires

Plus d'articles

Voir tous les articles

Articles pour préparer votre expatriation

Tous les articles du guide