Menu
Expat.com

Malaisie : confusion sur la nouvelle politique relative à l'accueil des travailleurs étrangers

aeroport en Malaisie
Shutterstock.com
Écrit parAmeerah Arjaneele 26 Octobre 2022

En septembre, le Département de l'immigration de la Malaisie a émis une nouvelle directive exigeant des employeurs qu'ils viennent récupérer les travailleurs étrangers à l'aéroport au plus tard six heures après leur arrivée. Le manque de clarté et le délai très court ont semé la confusion chez les dirigeants d'entreprises malaisiennes. En réponse à leurs doléances, le département a accordé, début octobre, une marge de manœuvre de 4 heures supplémentaires. Il a aussi autorisé des agents à représenter les employeurs à l'aéroport. Les travailleurs étrangers seront déportés s'ils ne sont pas récupérés dans le délai imparti.

 
 

Fin septembre, le directeur général du Département de l'immigration de la Malaisie, Khairul Dzaimee Daud, a fait une annonce inattendue au sujet de la prise en charge des travailleurs étrangers à l'aéroport international de Kuala Lumpur (KLIA). Depuis 2014, les employés fraîchement débarqués devaient être récupérés dans les 24 heures. Avant 2014, ce délai était de 72 heures. Le dernier changement de réglementation a brusquement réduit ce délai de 75% - soit seulement 6 heures !

L'annonce de septembre semblait indiquer que si un représentant de l'entreprise arrivait, disons, 7 ou 8 heures après que les travailleurs - dans lesquels l'entreprise a investi beaucoup d'argent et d'énergie à travers le processus de recrutement - aient atterri à KLIA, ils seraient déjà placés sur un vol de retour vers leur pays d'origine. Khairul Dzaimee Daud a déclaré qu'après 6 heures, les travailleurs recevraient immédiatement un avis de non-atterrissage, un « Not To Land Notice », et seraient placés sur le vol de départ dans les plus brefs délais. Cette mesure est censée garantir que les travailleurs ont des employeurs légitimes et ne viennent pas travailler illégalement en Malaisie. Les employeurs malaisiens sont confus et en colère face à cette décision.

Déconfits, les employeurs malaisiens, représentés par la Fédération des employeurs de Malaisie, la Malaysian Employers Federation (MEF), ne dissimulent pas leur colère face à cette nouvelle réglementation somme toute brutale. Dans une interview accordée au journal « Geteran », le président de la MEF, Datuk Syed Hussain Syed Husman, a critiqué le Département de l'immigration pour ne pas avoir consulté les acteurs concernés au préalable. Leur approche verticale de la mise en œuvre des règlements déstabilise non seulement les entreprises, mais aussi le personnel aéroportuaire. « Imaginez qu'un simple problème logistique comme un embouteillage pour entrer dans Kuala Lumpur, ou un chauffeur en retard d'une ou deux heures, puisse entraîner l'expulsion de vos travailleurs ! Par exemple, il faut environ 3 heures pour conduire de la ville d'Ipoh, au nord-ouest du pays, jusqu'à la capitale. C'est déjà la moitié du temps imparti par le Département de l'immigration. »

Ajoutée à cela, la lenteur des procédures de douane et d'immigration pour les travailleurs étrangers à KLIA fait qu'ils quittent souvent l'aéroport 3 ou 4 heures après l'atterrissage ! Le président de la Muslim Restaurant Entrepreneurs Association of Malaysia, l'Association des entrepreneurs musulmans de la restauration de la Malaisie, Datuk Jahawar Ali Taib Khan, souligne l'hypocrisie de cette nouvelle réglementation. Selon lui, le gouvernement demande aux employeurs d'être ponctuels alors qu'il ne fait rien pour améliorer l'efficacité de ses propres services à l'aéroport, par exemple, en ouvrant davantage de comptoirs d'immigration. « Le gouvernement donne l'impression de rejeter la responsabilité de l'efficacité sur les entreprises. » Sur le plan financier, le président du MEF a déclaré que les accueils à l'aéroport dans les 6 heures augmenteraient automatiquement le coût de l'embauche de tout travailleur étranger. Il s'agit, selon lui, d'une mesure contre-productive à un moment où de nombreuses entreprises malaisiennes manquent de personnel et ont besoin de main-d'œuvre étrangère pour relancer l'économie après la pandémie.

Le manque de clarté initial quant à la possibilité pour les agents d'accueillir les travailleurs

Le deuxième point de confusion concerne le manque de clarté quant à savoir qui exactement peut représenter l'entreprise malaisienne à KLIA. L'entreprise doit-elle envoyer des responsables des ressources humaines, le futur superviseur ou responsable direct des travailleurs, ou n'importe qui ? Cela signifie-t-il que, si l'entreprise est en sous-effectif ou que les cadres supérieurs ne sont pas libres, même les stagiaires ou le personnel d'entretien pourraient aller récupérer les travailleurs étrangers ? Qu'en est-il des agences privées ?

Le 6 octobre, le Département de l'immigration a finalement apporté des réponses à ces questions. Le directeur général Khairul Dzaimee Daud a donné le feu vert aux agences contractuelles pour récupérer ces travailleurs étrangers. Comme les agences peuvent prendre en charge les employés de diverses entreprises, cela permettra également d'éviter l'encombrement de représentants d'entreprises individuelles à KLIA. Dans le journal « The Star », un membre du personnel d'une agence de femmes de ménage a indiqué que cette surpopulation serait un « cauchemar ». Les agents devront disposer d'une autorisation légale écrite, c'est-à-dire, d'une procuration, pour représenter les entreprises.

Le directeur général, qui n'avait auparavant que vaguement déclaré que des prolongations pourraient être accordées dans des circonstances exceptionnelles, a maintenant précisé que les employeurs disposeront d'une marge de manœuvre de 4 heures supplémentaires s'ils (ou leurs agents) ne sont pas en mesure d'être à KLIA dans les 6 heures. Le nouveau délai est donc de 10 heures maximum. Les employeurs ou les agences devront être joignables par téléphone pendant cette période.

L'Association des agences pour l'emploi a soumis une recommandation supplémentaire à l'intention des services d'immigration pour améliorer la situation somme toute confuse. Dans une déclaration à « The Star », le vice-président de l'association, Suresh Tan, conseille aux autorités de permettre aux agences de s'occuper des travailleurs étrangers des secteurs formel et informel. Actuellement, les travailleurs informels, comme les femmes de ménage, ne peuvent être récupérés que par leurs employés directs.

Cette nouvelle politique ne concerne pas les profils qualifiés

En général, les travailleurs étrangers qui ont besoin d'être récupérés à l'aéroport sont embauchés pour des postes dans le BTP, l'industrie, l'agriculture et l'aide domestique. Quant aux expatriés ayant des profils qualifiés et détenteurs d'autres types de visas de travail, ils bénéficient plutôt d'une relation de proximité avec leur employeur.

En Malaisie, le terme « expatrié » a une définition juridique limitée. Le cabinet comptable « 3E Accounting » précise que les « expatriés » dans le pays sont des travailleurs hautement qualifiés, titulaires de diplômes (ou de certificats techniques) et touchant au moins 10 000 ringgits (environ 1 300 USD) par mois. Les cols-bleus, en revanche, ne répondent pas à ces critères et sont simplement qualifiés de « travailleurs étrangers ». La procédure d'immigration pour les professionnels expatriés en 2022 est la suivante : obtenir une lettre d'approbation des autorités malaisiennes alors qu'ils sont encore à l'étranger, effectuer des paiements en ligne, prendre l'avion, obtenir eux-mêmes un « Immigration Pass Sticker » à l'Expatriate Service Division (ESC) de KLIA à leur arrivée. Il existe trois catégories de vignettes d'immigration, précise la plateforme de recrutement « A Job Thing ». La catégorie 1 (EP1) est destinée aux cadres supérieurs (par exemple, le PDG ou le directeur financier), la catégorie 2 (EP2) est destinée aux cadres moyens (par exemple, les directeurs) et la catégorie 3 (EP3) est destinée aux cadres inférieurs (c'est-à-dire aux cols blancs de base). Quant aux cols-bleus, tels que les femmes de ménage, les maçons sur les chantiers de construction et les agriculteurs, ils sont moins indépendants. L'entreprise malaisienne qui les a embauchés a ainsi plus de contrôle sur leur procédure d'immigration et leur logement.

 
Travailler
travail
A propos de

Ameerah est chargée de cours et tutrice privée enseignant l'espagnol et le mandarin à l'île Maurice. Elle a aussi été traductrice indépendante, éditrice et rédactrice de contenu pendant une décennie. Elle a vécu à Madrid et à Pékin.

Commentaires

Plus d'articles

Voir tous les articles

Articles pour préparer votre expatriation

Tous les articles du guide