Bonjour Patricia, peux-tu te présenter brièvement et nous dire ce qui t'amène au Costa Rica ?
Je viens de Provence, plus précisément de la région de Toulon dans le Var. En 2004, des amis nous ont invités à passer un mois de vacances pour découvrir le Costa Rica. Par la suite, notre intérêt pour ce pays a grandi au point de nous donner envie de nous y installer et de tenter l'aventure costaricaine.
Tu es chef cuisinière et à la tête d'un restaurant de renom. Comment es-tu parvenue à t'affirmer au Costa Rica et à te mettre à ton propre compte ?
Cela m'a coûté beaucoup d'efforts et de temps pour faire reconnaître la cuisine française au Costa Rica car elle avait une réputation de cuisine onéreuse et peu copieuse. J'ai donc commencé, avec ma première affaire, à proposer des formules le midi afin que les gens puissent manger Français à un prix très raisonnable. Par la suite, j'ai réussi à finaliser des contrats avec des tour opérateurs, puis j'ai été sollicitée pour des événements diplomatiques. Le Costa Rica a un grand avantage par rapport à la France : le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Grâce à cela, la réputation de mon affaire et de mon travail a attiré de plus en plus de clients réceptifs à mon style de cuisine. Je suis désormais directrice et chef exécutif de la première table d'hôte à San José.
Parles-nous de ce que tu aimes le plus au Costa Rica...et le moins.
J'aime surtout le contact, l'amabilité des Costariciens, leur curiosité et leur engouement pour la culture française. Ce que j'apprécie le moins, par contre, c'est la lenteur de ce pays :"Le temps n'existe pas."
Peux-tu décrire le Costa Rica en une phrase ?
C'est un pays très difficile, mais plein d'opportunités etant en voie de développement, et au quotidien, il fait bon y vivre.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée au Costa Rica ?
Ce fut pour moi, tout d'abord, un choc culturel. L'erreur à ne pas commettre est la comparaison avec son pays d'origine. Ceux qui ne le font pas arrivent à commencer une nouvelle vie sans jugement, ni critique, et là, l'adaptation se fait plus rapidement.
Est-il difficile de trouver un logement au Costa Rica ? Quels sont les types de logements disponibles pour les expatriés ?
Il y a beaucoup de logements à vendre et à louer au Costa Rica, sans aucune référence de prix. Les prix restent à la discrétion des propriétaires (deux maisons identiques, côte à côte, peuvent avoir des prix différents, sans aucune justification. C'est une question de l'offre et de la demande).
Quels sont les festivals les plus populaires et les principaux codes culturels au Costa Rica ?
La fête nationale, la Semaine Sainte, Noël, la fête des mères, sans oublier la Saint Valentin qui est une fête incontournable dans la culture latine.
Que penses-tu du mode de vie au Costa Rica ?
Vivre au Costa Rica est plutôt onéreux, surtout en ce qui concerne l'alimentation et les boissons de bonne qualité : un trajet en bus peut coûter environ 1 $. Une bière nationale coûte environ 3 $ tandis que le prix d'une bière artisanale tourne autour des 5 $. Il est également très dur de trouver du bon pain comme on l'aime en France. C'est pour cela que je fais moi-même mon pain et pour mes clients : une baguette à la française coûte alors environ 3 $. Néanmoins, c'est un pays calme et paisible, sans aucune forme d'agressivité (verbale ou physique). Je le recommande pour des vacances en famille. De plus, la nature est omniprésente.
Quels sont les moyens de transport disponibles sur place ? Comment fais-tu pour te déplacer ?
Si vous souhaitez vivre une expérience typique à San José, je vous invite à prendre les transports en commun, tels que le train urbain ou le bus. Si vous préférez voyager en taxi, il vaut mieux être vigilant car ils ont tendance à majorer les prix à la vue de touristes. Si vous avez choisi de louer un véhicule, soyez très attentif au volant car le code de la route est quasiment inexistant. Chacun conduit à sa façon et cela peut s'avérer assez dangereux des fois. Je possède un 4X4 , ce qui me parait d'ailleurs la meilleure option vu l'état des routes, même dans le centre ville, et surtout durant les intempéries.
As-tu eu des difficultés à t'adapter à ton nouvel environnement et à la société costaricienne ?
J'ai appris, au fil des années, à m'adapter petit à petit à ce pays qui m'était étranger afin de comprendre au mieux la manière de vivre de ses habitants. J'ai eu la chance de rencontrer des Costariciens formidables qui ont su partager avec moi leur culture pour que je puisse l'accepter et vivre avec eux en harmonie dans leur pays.
A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée à San José ?
Mon entreprise occupe la majeure partie de mon temps, mais j'ai tout de même droit à quelques escapades à travers le pays de temps en temps. C'est une manière pour moi de me ressourcer. Ce si petit pays possède plein d'endroits merveilleux où vous profiterez de l'osmose avec la nature.
Que fais-tu de ton temps libre ?
Je profite quelquefois du week-end pour essayer les petits restaurants populaires costariciens. En général, ils proposent des plats simples, mais qui sont, pour nous les Occidentaux, très exotiques. Certains week-ends, par contre, je suis d'humeur farniente.
Y a-t-il au Costa Rica des activités nocturnes pour les fêtards ?
Il y en a très peu bien que ce soit un pays d'Amérique latine. Les gens d'ici vivent au rythme du soleil. On se lève à 5h et généralement on se couche aux alentours de 21h. Cependant, la nouvelle génération a tendance à changer de rythme de vie. On peut voir, dans certains quartiers, de nouvelles affaires qui semblent favoriser un début de vie nocturne au Costa Rica. Ce ne sont que les prémices ! Je ne présenterais pas le Costa Rica comme une nation de fêtards, du moins, comme le Brésil ou le Mexique.
Quelles habitudes as-tu oublié en t'installant au Costa Rica ?
J'ai laissé tomber le respect de la ponctualité. Il est très rare qu'un Costaricien respecte un horaire... « Ahojita ! », qui signifie normalement « tout de suite », veut dire « jamais » pour eux. Il faut savoir être patient, surtout à la banque, auprès des organismes sociaux, ou même à un rendez-vous.
Y a-t-il quelque chose que tu voudrais faire au Costa Rica mais que tu n'as pas encore eu l'occasion de faire ?
Pour l'instant, j'ai très peu de temps pour m'investir dans d'autres projets. Ma principale motivation est de maintenir la qualité et le service de mon affaire sur le long terme et continuer à partager cela avec les Costariciens, les touristes, sans oublier les gens de passage à San José.
Quel est ton meilleur souvenir du Costa Rica ?
Mon premier jour de l'An dans le Pacifique avec une eau à 32 °C et une température ambiante de 40°C.
Que penses-tu de la cuisine locale ? Qu'as-tu de plus à lui apporter et quelles sont tes spécialités ?
La cuisine locale est simple, mais agréable à manger. Je n'ai pas de prétention à modifier les plats Costariciens car mon entreprise est principalement axée sur le concept de cuisine française. Je propose donc une cuisine créative et revisitée en utilisant principalement des ingrédients locaux et organiques. La qualité et la variété des ingrédients que l'on peut trouver en France est d'ailleurs ce qui me manque le plus ici !
Es-tu déjà arrivée à un point de vouloir quitter le Costa Rica ? Comment as-tu surmonté cette épreuve ? Qu'est-ce qui te retient au Costa Rica ?
L'expatriation est une étape difficile parce que l'on part généralement vivre loin de sa famille et de ses amis. La région méditerranéenne me manque aussi, mais la joie que me procure mon entreprise me donne l'impression d'apporter quelque chose à ce joli petit pays. L'enthousiasme des Costariciens et les compliments que je reçois me font chaud au cœur.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs expatriés au Costa Rica ?
Ne pas s'emballer, se donner du temps pour y vivre et apprendre les codes de pays avant d'entamer ses projets. Il est préférable de déterminer, d'abord, si cette destination vous convient réellement et si vous pourrez vous y adapter.
Quelles seraient, selon toi, les 5 choses à amener dans sa valise au Costa Rica ?
Mes épices, des ustensiles de cuisine, des produits cosmétiques, une bonne bouteille de champagne ou d'Armagnac.
Tes projets d'avenir ?
Favoriser davantage la gastronomie française entre le Costa Rica et la France, comme j'ai peu le faire lors de l'édition de mon livre « La francophonie s'invite en cuisine » par le biais duquel j'ai réuni des chefs français et costariciens, ainsi qu'à travers différents événements médiatisés par la presse en France comme au Costa Rica. Dans tous les cas, je vais continuer dans mon secteur d'activité afin de toujours mettre en avant la cuisine française à l'étranger.
Si vous souhaitez participer aux interviews, contactez-nous.
Participer