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Sortir du « tout pétrole » : le grand défis des pays du Moyen-Orient

energie verte Oman
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Écrit parAsaël Häzaqle 29 Janvier 2024

La multiplication des catastrophes climatiques rappelle au monde que le temps ne joue pas en sa faveur. Les énergies fossiles s'essoufflent et sont de plus en plus décriées. La croissance verte gagne du terrain, même chez les grands pays producteurs de pétrole. Zoom sur ces États qui cherchent à diversifier leur économie. Quel impact sur l'expatriation ?

Oman, futur géant de l'hydrogène vert

Présenté en 2021, le plan de développement économique et social Oman Vision 2040 prévoit des mesures pour accroître la part des énergies vertes. Parmi elles, la réduction de la part du pétrole dans le PIB à 16 % en 2030 et à 8,4 % en 2040.

Connu pour sa production de pétrole et de gaz, Oman ambitionne d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Fin 2022, il confirmait déjà son « virage vert » avec une réduction de la consommation des énergies fossiles, au profit des énergies renouvelables. Le 10 janvier 2024, le ministre des Finances présente une feuille de route destinée à réduire la dépendance de l'État aux énergies fossiles pour attirer les investisseurs « verts ». L'État se montre volontaire et dit « apprécier le potentiel des « énergies renouvelables ». En 2023, le sultanat annonçait 140 milliards de dollars d'investissement dans l'hydrogène vert. Selon les observateurs, Oman pourrait devenir le 6e exportateur mondial d'hydrogène, et le 1er du Moyen-Orient, dès 2030.

Présenté comme « le carburant du futur », l'hydrogène dit « vert » s'obtient à partir de l'eau et d'énergies renouvelables (hydro-électricité, vent, soleil…). Contrairement à l'hydrogène « classique », l'hydrogène vert n'est pas produit à partir d'énergies fossiles. D'où son intérêt pour les pays producteurs de pétrole. En juin 2023, Oman a lancé un mégaprojet d'hydrogène vert, projet confié à la compagnie française Engie et l'aciériste sud-coréen Posco. En décembre, le sultanat lance « Manah 1 », mégaprojet solaire photovoltaïque avec, là encore, la coopération de la France et de la Corée du Sud.

Arabie saoudite

L'Arabie saoudite aussi fait le pari du renouvelable. Si Oman a sa Vision 2040, l'Arabie saoudite a sa Vision 2030 et autant de défis pour diversifier son économie. En 2021, il aspire à la neutralité carbone en 2060. En 2022, il choisit le Public Investment Fund (PIF), fonds souverain saoudien, pour amorcer la transformation de l'économie saoudienne. Le PIF entend réserver plus de 10 milliards de dollars au développement de « projets verts » d'ici 2026. Le fonds financera la majorité du « programme vert » de l'Arabie saoudite.

Souvent accusé de souffler le chaud et le froid, le premier pays exportateur de pétrole brut veut montrer sa volonté de sortir du « tout pétrole ». Avec NEOM Green Hydrogen Company (NGHC), il se lance dans l'exportation d'hydrogène vert. « Neom » est le nom de la ville futuriste qui entend révolutionner l'urbanisation, accélérer la transition énergétique (éoliennes, panneaux solaires...) et redonner toute sa place à la nature. Le projet symbolise également cette diversité économique recherchée par le royaume saoudien.

L'Arabie saoudite veut montrer qu'elle agit sur tous les fronts. Avec son Programme « Initiative verte saoudienne », elle met en avant la nécessaire innovation scientifique et technologique pour faire face aux défis de demain. Le Programme repose d'ailleurs sur 3 piliers : le développement, la durabilité et l'innovation. L'Initiative verte compte planter 450 millions d'arbres et réhabiliter 8 millions d'hectares de terres dégradés à l'horizon 2030. Un milliard de dollars ont déjà été investis dans la recherche climatologique et scientifique, et la lutte contre les effets du changement climatique.

Émirats arabes unis (EAU)

Les Émirats sont-ils déjà dans l'après-pétrole ? L'accord climatique obtenu lors de la COP28 (en décembre 2023) le laisse penser. Même si les EAU n'appellent pas à un arrêt sec des énergies fossiles, mais plutôt à un « éloignement progressif » des énergies fossiles, la presse internationale note un changement de vision « historique ».

En juillet 2023, les Émirats annonçaient déjà une série de mesures pour diversifier leur économie. Manière aussi de répondre aux sceptiques qui remettaient en cause la tenue prochaine de la COP28 à Dubai. Parmi les mesures annoncées : accélérer le développement des voitures électriques et la production d'hydrogène « vert ». Hydrogène vert dont la production devrait doubler à l'horizon 2030. Les EAU comptent également tripler leur production d'énergies vertes d'ici 2030.

Pour diversifier leur économie, les EAU investissent également à l'étranger. À l'occasion du premier Sommet africain sur le climat (septembre 2023), les EAU annoncent investir 4,5 milliards de dollars dans les énergies vertes en Afrique. S'alignant sur le discours du président kenyan William Ruto (pays organisateur du Sommet), les EAU soulignent le potentiel du continent africain. « Si l'Afrique perd, nous perdons tous », résume Sultan Al Jaber, ministre de l'Industrie et des Technologies des Émirats.

Expatriation et écologie : des emplois à la clé 

Le vaste secteur de l'écologie (énergies renouvelables, développement durable, transition énergétique, économie verte) offre un immense choix des possibles pour les professionnels locaux comme étrangers. Pour les expatriés, le développement de partenariats entre les États (notamment via leurs entreprises) est une porte supplémentaire vers l'emploi à l'étranger.

Tous les secteurs (primaire, secondaire et tertiaire) sont impactés par la transition énergétique. Dans l'agriculture, on recherche des solutions d'irrigation économes et d'autres méthodes de culture. Dans l'industrie, on pense les infrastructures de demain, plus respectueuses de l'environnement. Dans le tertiaire, on s'attaque aux défis financiers et technologiques de la « révolution verte ».

Mais la recherche de diversification économique englobe bien d'autres paramètres, et autant de métiers possibles : métiers de l'énergie (géologue, chef de projet éolien, ingénieur, hydraulicien…), métiers du développement durable et de l'environnement (biologiste en environnement, animateur nature, météorologiste…). De nombreux autres métiers « verts » existent : traitement des déchets, assainissement, production et distribution d'eau, décarbonation, responsable qualité, lobbyiste climat... D'autres secteurs peuvent « se verdir » plus ou moins directement : banque et finance (financement de projets « verts »), marketing et communication, commerce… Tous ces métiers ont un point commun : le haut niveau d'expertise. Parmi les « emplois verts » figurent beaucoup de « métiers de demain » recherchés par les États.

Diversifier les économies, mais en gardant les énergies fossiles

Si les pays du Golfe affichent leur volonté de sortir du « tout pétrole », ils ne disent pas qu'ils sortiront complètement du pétrole. Oui à « l'éloignement progressif » des énergies fossiles, mais non à un arrêt définitif. La COP28 a d'ailleurs vu dans ses rangs plus de 2000 lobbyistes des énergies fossiles… La transition écologique prendra du temps.

Oman compte encore beaucoup sur le pétrole et le gaz. D'après le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié le 12 juin 2023 : « Le pétrole et le gaz représentent aujourd'hui environ 60 % des recettes d'exportation d'Oman, et le gaz naturel domestique assure plus de 95 % de la production d'électricité du pays ». Les EAU ont annoncé augmenter leur production de brut d'environ 3 à 5 millions de barils par jour d'ici 2027. En se lançant dans l'hydrogène vert, l'Arabie saoudite ne compte pas réduire sa production, mais produire « plus propre ». Mais là encore, les avis sont partagés quant à cet « hydrogène miracle ». D'après les scientifiques, il ne deviendrait « propre » que s'il suit un protocole bien spécifique.

Les autres grands pays producteurs de pétrole (États-Unis, Canada, Russie, Qatar, Irak, Koweït…) continuent aussi de miser sur les énergies fossiles, tout en œuvrant pour la transition écologique. Dans l'UE, les entreprises françaises, britanniques ou italiennes continuent de financer des mégaprojets d'énergies fossiles en Afrique. L'Afrique, qui n'émet que 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais subit bien plus ses effets que les pays les plus pollueurs.

Si le message est parfois brouillé, les États affirment que la diversification économique ne peut se faire en tirant un trait sur les énergies fossiles. En 2023, les États-Unis restent le plus gros producteur et consommateur de pétrole.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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