Blogueuse et fondatrice de l'entreprise Digital Nomads Media, Ahlem s'est lancée avec succès dans le nomadisme digital. Née de parents algériens, elle a grandi au sein d'un environnement multiculturel à Lyon. Passionnée de langues étrangères, sans doute en raison de son exposition dès son plus jeune âge, elle décide de voguer vers de nouveaux horizons en terminant ses études. Ahlem a ainsi vécu à Mumbai, Londres, Madrid, Dublin et Lisbonne avant de poser ses valises à Barcelone.
Tu as comme objectif de vivre à fond ta passion. Qu'est-ce qui te passionne ?
J'en ai tellement que je ne sais pas trop par où commencer ! J'ai toujours été plutôt créative et je passais le plus clair de mon temps, quand j'étais plus jeune, à faire de la couture, des broderies, des crochets et le tricot. Je n'aime pas du tout m'ennuyer et, donc, j'ai toujours sur moi mes aiguilles et de la laine lorsque je voyage. Je ne manque jamais une seule occasion de donner libre cours à ma passion.
J'aime aussi écrire. Adolescente, j'écrivais souvent des paroles de rappeurs avec l'une de mes amies. Je vous rassure que c'était juste pour le plaisir ! C'est l'un des moyens que j'ai trouvés pour m'exprimer et avancer. J'ai aussi tenu un journal pendant plus d'une année, avant de décider de passer à autre chose. C'est ainsi que j'ai lancé un blog sur le nomadisme digital, ce qui me permettait également de m'épanouir sur le plan de l'écriture.
Je ne sais pas si on peut qualifier cela de passion, mais j'aime bien former et aider les gens, en particulier les aspirants entrepreneurs. D'ailleurs, j'essaye autant que possible de m'impliquer dans des événements tels que des meet-ups. Et puis, bien sûr, j'adore voyager !
Tu as récemment laissé tomber ton poste chez Google en Irlande, avec un salaire à 6 chiffres, pour te mettre à ton propre compte en tant que nomade digitale. Comment as-tu vécu cette transition ?
Je vais être honnête : c'était plus facile que je ne le croyais. Avant de franchir ce cap, je me posais plein de questions et le doute m'envahissait. Souvent, je n'arrivais pas à dormir la nuit, craignant un éventuel échec. Et si cela ne se passait pas comme prévu ? Mais au final, j'ai relevé le défi et je ne le regrette pas ! Je parle de cette expérience dans mon journal, histoire de m'en souvenir un jour quand je commencerais à nouveau à me poser des questions, et pour me rappeler que j'ai pris la meilleure décision qui soit. Je dois dire que cela m'a beaucoup aidé.
Les premiers mois étaient plutôt souples comme je me suis mise à voyager. J'ai pris le temps de me ressourcer et revoir plein de gens : ma famille, mes amis. Je me sentais libre, mais au bout d'un certain temps, les doutes ont à nouveau commencé à m'envahir. Mais qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ? Je n'avais pas de projet à long terme et j'avoue que j'étais stressée. Fort heureusement, cette période n'a duré que 4 semaines et pas un jour de plus ! J'avais pu évaluer ma situation et donner un nouveau sens à ma vie. Je me suis mise à saisir les opportunités qui se présentaient, sans trop me poser de questions. Évidemment, il y a eu des hauts et des bas, mais cela a été une expérience vraiment enrichissante.
Qu'est-ce qui différencie ta carrière de nomade digital du poste que tu occupais précédemment chez Google ?
Je suis à présent libre de faire ce que je veux quand je le veux. Je décide, quand je me réveille, de ce que je ferai de ma journée, et si je n'ai pas envie de travailler, je ne le fais pas. Si l'envie me prend de mettre à jour mon site web à 3h du matin, je me lève et je m'y mets ! Desfois, je préfère travailler en plein air, ou encore, dans un café ou dans un espace de « co-working ». Je pense que c'est plus lié au fait que je sois à mon propre compte que le fait d'être nomade digital. J'ai un emploi du temps flexible et je suis libre de choisir ce que je peux faire et à quel moment de la journée, et cela me fait vraiment le plus grand bien.
As-tu beaucoup changé depuis ?
Oh oui ! J'ai appris à mieux apprécier chaque instant de ma vie et j'ai fini par comprendre que tout n'est pas acquis, qu'il s'agisse de mes amis, ou encore, de mon chez moi. Ça fait peut-être cliché, mais l'on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Le fait de ne pas savoir si j'arriverais toujours à gagner ma vie dans les prochains mois m'a poussé à repenser ma vie, mais d'une manière plutôt positive. Comme je sais planifier mon budget, je n'ai pas vraiment de souci à me faire de ce côté-là, même quand je voyage et que je dois trouver un logement abordable. Je ne me suis pas acheté des vêtements depuis des années puisque je ne voyage qu'avec deux valises la plupart du temps.
Je pense aussi que cette transition m'a rendue meilleure : j'essaye, autant que possible, de maintenir mes liens d'amitié et de me faire de nouveaux amis. Je me suis aussi mise à cultiver de nouvelles valeurs. Je sais à présent que ce qui compte le plus dans la vie ce n'est pas seulement le succès mais aussi le bien-être et la qualité de vie. Bien sûr, ma carrière me tient à cœur, mais ce n'est pas tout ! Même si je gagne moins d'argent à présent, je me sens plus heureuse, surtout de ce changement de vie, et épanouie.
Qu'as-tu le plus apprécié chez Google ?
Pour être franche, plein de choses, mais si je devais n'en choisir qu'une seule, je dirais que Google est l'une des rares entreprises à évoluer en permanence pour être parmi les meilleures, indépendamment du domaines et défis auxquels ils sont confrontés. A titre d'exemple, chez Google, on n'attend pas qu'une application soit parfaite pour la lancer. On la lance et puis on l'améliore au fur et à mesure ! C'est en quelque sorte l'attitude que j'ai adoptée au sein de ma propre entreprise, Digital Nomads Media. Je n'ai pas attendu que le site soit parfait pour le lancer et je n'attends pas que les services que je propose soient parfaitement au point avant d'en parler autour de moi. C'est surtout cette capacité à avancer rapidement, même lorsqu'il s'agit d'importantes décisions, que j'aime bien.
Google incarne l'image de l'une des meilleures entreprises aux yeux du monde entier. Partages-tu cet avis ? Pourquoi as-tu décidé de mettre un terme à ta carrière chez Google pour te lancer dans le nomadisme digital ?
En effet, Google offre les meilleures conditions aux jeunes qui débutent tout juste leur carrière et leur permet d'acquérir très rapidement un sens du professionnalisme. D'ailleurs, ses salariés ont droit à des formations en interne et peuvent également profiter d'une très grande flexibilité pour qu'ils puissent se consacrer à d'autres projets en parallèle. Je me demande d'ailleurs pourquoi je suis partie ! Mais la réponse est simple. Il ne s'agissait pas uniquement de quitter l'entreprise mais plutôt d'entreprendre une nouvelle aventure qui m'apporterait plus de bien-être, tant sur le plan personnel que professionnel. L'une des étapes était de m'envoler toute seule pour l'étranger, vers l'inconnu. C'était un grand défi à relever sur le plan professionnel.
J'ai donc quitté mon poste chez Google il y a plus d'un an pour pour lancer mon entreprise. Je ne savais pas encore, à ce moment-là, si c'était vraiment ce que j'avais envie de faire, mais au bout de quelques mois, je me suis finalement rendue compte que cela pourrait être l'une des meilleures choses que j'ai faites de toute ma vie. Je voulais surtout me lancer dans une activité qui me permettrait de générer diverses sources de revenu et qui me permettrait, en même temps, de garder le contrôle sur mon emploi du temps et mes voyages. Je profite, à présent, d'une plus grande flexibilité pour travailler sur les différents projets qui me tiennent à cœur : développer mon blog, participer à des conférences, ou peut-être enseigner à l'avenir. Dans tous les cas, la liberté et la flexibilité sont les facteurs clés qui m'ont encouragés à me lancer dans cette aventure.
Qu'est-ce qui caractérise un nomade digital ?
Je suppose que la définition du concept de « nomadisme digital » doit avoir évolué au fil des années. Pour moi, il s'agit surtout d'un moyen de gagner sa vie avec son ordinateur portable et, bien sûr, une bonne connexion Internet, sans avoir à passer de longues heures au bureau. J'ai eu l'occasion de rencontrer, au fil des mes voyages, des « freelancers » en marketing digital (comme moi), des traducteurs, des rédacteurs, des développeurs web, parmi tant d'autres. Tous ont la possibilité de gagner leur vie tout en voyageant. Ce sont tous, probablement, des nomades digitaux.
Quelles leçons as-tu retenues de ta carrière chez Google et qu'as tu appris de nouveau en tant que nomade digitale durant l'année écoulée ?
Au cours de ces six années passées chez Google, je dois dire que j'ai beaucoup grandi et je me suis développée une forte personnalité. J'avais rejoint l'entreprise après mon diplôme, mais j'en suis sortie en tant que jeune femme indépendante. J'ai appris à écouter et comprendre pour développer, par la suite, mes aptitudes en termes de communication et d'intelligence émotionnelle et, d'ailleurs, j'en fais toujours usage.
En revanche, pendant l'année écoulée, j'ai compris que la meilleure façon de s'organiser est de ne pas avoir de véritables plans. Je pense que l'incertitude est acceptable parce que cela nous aide à nous redéfinir au fur et à mesure. J'ai aussi appris à m'ouvrir aux nouvelles opportunités, qu'il s'agisse de passer une soirée avec des amis ou de prendre la parole lors d'un événement. J'accepte parce que je sais que ce que je recherche se trouve forcément hors de ma zone de confort.
Y a-t-il des clichés sur le nomadisme digital que tu souhaiterais briser ?
Les gens ont souvent tendance à croire que les nomades digitaux sont de joyeux « backpackers » voyageant d'une ville à l'autre en essayant de s'imposer. C'est peut-être le cas pour certains, mais pas pour tous, y compris pour moi. Je ne connais personne qui travaille constamment sur la plage avant d'aller faire la fête toute la nuit. La plupart de mes amis travaillent dans des espaces de « co-working » ou dans des cafés, ou encore, dans leurs logements temporaires. S'il est vrai qu'ils se retrouvent souvent à la plage, ils ont souvent passé toute la nuit sur un projet. Je pense que le nomadisme digital est en train de se transformer et se répand, petit à petit, en un véritable mode de vie.
Quels sont les avantages et désavantages du nomadisme digital ?
La flexibilité est sans doute le plus gros avantage : on fait ce qu'on veut, quand on veut. C'est vraiment formidable !
Par contre, il nous arrive de nous sentir isolé dans une nouvelle ville. Cependant, grâce à des plateformes en ligne, sans oublier les réseaux sociaux, il est tout à fait facile de s'en remettre. A Barcelone, où je me trouve actuellement, des événements sont régulièrement organisés et cela me permet non seulement de faire des rencontres mais aussi de partager mes idées.
Quelles sont, selon toi, les destinations idéales pour se lancer en tant que nomade digital ?
Berlin, Paris, Lyon, Londres, Barcelone, San Francisco, Singapour, ainsi que Beijing, Lisbonne et Tallinn sont, selon moi, les meilleures destinations pour les start-ups. De nombreuses villes asiatiques telles que Chiang Mai et Bali offrent également une qualité de vie incomparable. Il y en a, bien sûr, plein d'autres. Je pense que toutes les villes touristiques et ayant adopté des politiques encourageant l'entrepreneuriat peuvent offrir de nombreux avantages à ceux qui souhaitent se lancer. Cela veut aussi dire que vous aurez plus de chances de rencontrer vos semblables et de trouver de nouvelles opportunités d'affaires tout en vous faisant de nouveaux amis.
Ton expérience chez Google t'est-elle utile dans ta nouvelle carrière de nomade digital et pour la gestion de ton entreprise ?
Se lancer en tant qu'entrepreneur requiert de nombreuses compétences et qualités, surtout si l'on est seul au départ. En tant que directrice commerciale, j'ai eu l'occasion de gérer une équipe composée de 6 personnes, ce qui m'a aussi permis d'avoir une meilleure relation avec nos clients. J'ai aussi appris à mieux comprendre les différences culturelles lorsque je rencontrais des gens au fil de mes nombreux voyages. En travaillant au sein d'un univers qui ne cessait d'évoluer, je suis parvenue à m'adapter à différentes situations. En ce qui me concerne, je suis partie de zéro, sans avoir aucune expérience préalable. Pour réussir, j'ai surtout dû m'adapter au changement.
Qu'est-ce qui t'a motivé à créer ta propre entreprise ? Peux-tu nous en dire plus à propos de Digital Nomads Media ?
Je recherchais surtout des moyens de gagner ma vie tout en ayant la possibilité de voyager. J'ai toutefois lutté pour trouver des informations sur les moyens de créer mon entreprise, ou encore, pour connaître les meilleures villes pour les start-ups. J'ai toujours été fascinée par l'univers des start-ups puisque certains de mes amis sont entrepreneurs et sont toujours en train d'innover, ce qui est plutôt fascinant et stimulant. Cependant, je n'ai pas trouvé un seul guide qui me fournirait toutes ces informations sur une ville en particulier. C'est ainsi que j'ai décidé de créer moi-même ces guides afin d'aider tous ceux qui, comme moi, souhaiteraient devenir nomade digital ou créer une start-up à l'étranger. Je voulais aussi proposer mes services en termes de marketing digital, et j'ai rapidement réalisé que le meilleur moyen de le faire serait de lancer mon propre site web.
A qui s'adresse Digial Nomads Media ?
DNM s'adresse aux créateurs, concepteurs, solopreneurs et freelances ayant besoin de visibilité tout ayant la possibilité de voyager. Avoir une bonne visibilité en ligne vous permet d'attirer davantage de clients et de créer une activité durable. Nous aidons les nomades digitaux à proposer leurs services en ligne, à atteindre une plus grande audience et à générer un revenu constant.
As-tu le temps de te consacrer à d'autres projets que ceux de ton entreprise ?
Pour l'instant, je n'ai pas d'autre projet que celui développer davantage mon entreprise. En temps et lieu, je reprendrais mes autres activités, notamment l'écriture et la création de contenus en ligne. C'est vraiment tentant de passer 24h/24, 7j/7 sur un projet qui vous tient à cœur. J'ai personnellement reçu les conseils de nombreux entrepreneurs : de consacrer seulement 8 h au travail pour ensuite m'adonner à mes passe-temps préférés. Et c'est ce que j'essaye de faire ! Je pense que l'équilibre travail-vie est indispensable, ce que j'ai d'ailleurs appris chez Google.
As-tu une vision à long terme pour ton entreprise ?
Je vais peut-être étendre ma vision en ligne au monde externe... C'est tout ce que je dirais pour l'instant.