À l'approche de la présentation de son budget annuel, intitulé « voorjaarsnota », le gouvernement des Pays-Bas est en train d'élaborer de nouvelles mesures qui devraient porter secours à l'économie néerlandaise suite aux perturbations découlant de la guerre en Ukraine. Une situation non sans conséquence sur le coût de la vie.
Le mois dernier, le gouvernement néerlandais s'était engagé dans un long processus de préparation d'une déclaration budgétaire de printemps, intitulée « voorjaarsnota », qui traite des finances et du plan budgétaire du nouveau cabinet. Les rapports suggéraient que divers avantages fiscaux, y compris la règle de 30% pour les expatriés aux Pays-Bas, pourraient être supprimés dans le cadre de ses modifications dans le cadre du plan du gouvernement visant à compenser les dépenses énergétiques et de défense supplémentaires.
Le gouvernement a toutefois décidé de plafonner plutôt que de supprimer la règle des 30% dont certains professionnels qui vont travailler aux Pays-Bas peuvent bénéficier. Cette réduction fait partie d'un ensemble de mesures introduites par le gouvernement dans la déclaration du printemps et aidera à payer des dépenses plus élevées pour la défense, la retraite de l'État et l'indemnisation des épargnants. Le plafond des 30 %, ce qui signifie que 30 % des salaires des expatriés sont non imposable, ne s'appliquera désormais qu'à un maximum de 216 000 € de revenus bruts, de sorte que les personnes qui touchent un salaire plus élevé paieront le taux plein de 49,5 % sur l'excès.
Les Pays-Bas sont connus des expatriés pour leur bonne qualité de vie. Chose qui lui a d'ailleurs valu sa place dans le top 10 des pays où il fait bon vivre en 2020, et en 2021 parmi les meilleures destinations pour les professionnels étrangers. Selon Blacktower Financial Group, les Pays-Bas surpasseraient même des pays comme l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Cependant, la guerre en Ukraine, sans oublier la hausse de l'inflation, risquent de changer la donne. Une situation qui a également entraîné une crise énergétique. Compte tenu de la croissance des coûts, le gouvernement néerlandais se trouve dans l'obligation de trouver 10 à 15 milliards d'euros supplémentaires pour récupérer ses pertes. Cela signifie-t-il que les expatriés seront sacrifiés ? Ne tirons pas la sonnette d'alarme aussi rapidement.
Le pays possède l'un des taux de chômage les plus faibles en Europe. Selon Statista, le taux de chômage aux Pays-Bas se situait à 4 % en 2022, comparativement à l'Espagne dont le taux de chômage a atteint les 15 %, selon Focus Economics. Natalia Ramos, journaliste et expatriée d'origine brésilienne à Utrecht, aux Pays-Bas, nous a livré ses impressions. Selon elle, il est clair que le marché du travail néerlandais se porte bien puisqu'il existe des opportunités dans pratiquement tous les domaines. Cependant, la révision de la règle des 30 % aura sans aucun doute un impact sur les expatriés, sauf si les entreprises se prêtent au jeu. Elle explique : « Si certaines conditions sont remplies, une entreprise peut faire une demande pour que les impôts des salariés étrangers soient plafonnés à 30 % pour une période de 4 ans. L'impôt sur le revenu est très élevé ici ».
Comment cette mesure affectera-t-elle les expats ?
Le gouvernement néerlandais pourrait supprimer divers avantages fiscaux pour les entreprises et les entrepreneurs néerlandais ainsi que les expatriés. Qui plus est, de nouveaux impôts sur la fortune pourraient être introduits. En plus de ces stratégies, l'exonération fiscale de 30% pour les expatriés risque d'être un véritable coup dur pour ceux qui sont déjà sur place ainsi que ceux qui envisagent de s'y installer. Cependant, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, refuse de fournir plus d'informations sur le sujet pour l'instant afin de permettre aux différentes parties concernées d'en discuter. Les discussions devraient reprendre rapidement avant que la stratégie finale ne soit présentée à la Chambre des représentants (Tweede Kamer) en juin. Mark Rutte a toutefois souligné la possibilité de trouver un accord qui soit dans l'intérêt de tous, sans en dire plus.
Quels sont les avantages et inconvénients de vivre aux Pays-Bas ?
Selon le cabinet de conseil PWC, les Pays-Bas offrent une myriade d'avantages aux expatriés. Parmi, on compte notamment son climat favorable aux affaires, son emplacement stratégique, sa stabilité politique et sociale, sa main-d'œuvre multilingue hautement qualifiée, sans oublier ses infrastructures qui répondent aux normes internationales.
Cependant, la hausse constante du coût de la vie est un véritable problème pour les expatriés, particulièrement ceux qui proviennent des pays hors d'Europe. À Utrecht, par exemple, selon les estimations de Numbeo, les coûts mensuels pour une famille de quatre personnes sont estimés à 3 316,52 € sans loyer. Pour une personne seule, les coûts mensuels sont estimés à 938,14 € sans loyer. Il est bon de savoir qu'Utrecht est 28,35 % plus cher que Barcelone, sans loyer. En ce qui concerne le prix du loyer à Utrecht, il est en moyenne 25,23 % supérieur à celui de Barcelone.
Natalia Ramos nous parle de la cherté de la vie pour les expatriés aux Pays-Bas. « Tout est cher, allant des loyers aux services publics, y compris les courses alimentaires et les activités de loisirs. Quant aux transports publics, ils sont les plus chers de toute l'Europe. Il y a aussi des coûts qui souvent ne sont pas payés par les propriétaires. À savoir que c'est le locataire qui est tenu de payer les taxes imposées sur l'eau et les ordures ménagères. Or, la taxe sur les ordures ménagères coûte à elle seule plus de 600 euros par an! ».
Pénurie de main-d'œuvre
Les Pays-Bas continuent de faire face à une pénurie croissante de main-d'œuvre. Les derniers chiffres publiés par Statistics Netherlands (CBS) révèlent d'ailleurs l'ampleur de la crise nationale du travail. Au premier trimestre de cette année, le taux de chômage aux Pays-Bas avait atteint son plus bas niveau en près de 20 ans. Parallèlement, le nombre de postes vacants a continué d'augmenter, ouvrant d'innombrables opportunités aux expatriés.
Les secteurs dans lesquels la pénurie de main-d'œuvre se fait le plus ressentir sont le commerce, les services aux entreprises et la santé. Quelque 224 000 postes seraient vacants dans ces seules industries à la fin du premier trimestre de 2022. Pendant ce temps, les postes vacants dans le secteur hôtelier ont connu la plus forte augmentation, avec un nombre d'emplois disponibles passant de 30 000 en décembre à 44 000 en mars.